Wandering Soul | TERMINÉE |

Chapitre 20

Ashton

Trois ans et demi en arrière.

Il fait sombre.

Le silence est à son comble et mes pensées sont sombres, embrouillées par le vide et le manque de ma famille. Je m'efforce de résister, mais la vie ici est difficile. Tout a changé et j'ai payé pour mon erreur. À travers la petite fenêtre grillagée, le jour est sur le point de se lever. La lumière tamisée de la pièce peine à éclairer la petite chambre, et mon collègue ronfle comme un camion. Je n'ai réussi à dormir que de deux ou trois heures, ce qui est un exploit en soi. Depuis que je suis arrivé, c'est un véritable chaos dans ma tête.

Je n'ai pas souhaité que ma famille soit présente, cependant, je suis conscient qu'ils viendront malgré tout. J'ai au moins obtenu leur promesse de ne rien révéler à Erinn. Je ne désire pas qu'elle soit au courant, je ne veux pas qu'elle soit impliquée dans mes erreurs. Je ne supporterai pas de la voir dévastée. Je refuse qu'elle se tourmente à cause de moi. Elle mène sa vie à Seattle, et le mieux que je puisse faire est de la laisser vivre comme elle l'entend, sans souci.

Sincèrement, je ne ressens aucun remords à l'idée d'avoir défoncé cet enculé de Tom Parkins ! Oh oui, ça produit un bien fou, mais à cause de ça, je n'ai pas pu récupérer Erinn. Dorénavant, elle fait partie de mon passé parce que je ne peux m'engager à la rejoindre après. Trois années d'emprisonnement, dont deux ans de détention immédiate et un an avec sursis et un bracelet électronique. Les années auront passé et elle aura peut-être trouvé quelqu'un d'autre. Quelqu'un de meilleur pour elle.

Le bruit des portes qui s'ouvrent annonce qu'il est temps de sortir un peu et manger. Dans cet endroit, il est difficile de discerner ses sentiments tant psychologiques que physiques. La prison est synonyme de fin de vie. L'innocent n'en ressortira jamais, et le violant en sera marqué à jamais. Les gardiens, de véritables ordures, te battent jusqu'au sang, pas de sang, pas de paix. Leurs sourires sadiques sont nauséabonds, et le choix de leur victime nocturne dépend de leur humeur psychopathique.

Je ne vais pas nier que la rue est folle, mais dans une cellule, tu es enfermé et personne n'a le pouvoir d'intervenir.

Lorsqu'un surveillant marche devant notre cellule avec un air malveillant et dégoûtant, il fixe à tour de rôle mon co-détenu et moi avec sa barre en fer noir, en frappant dans ses mains. Ma mâchoire se serre et je ferme mes poings avec rage.

Je réalise et j'en suis conscient, c'est soit moi, soit mon collègue qui devra passer par la case "nettoyage de l'âme" ce soir, comme ils aiment l'appeler. Je qualifierai plutôt cela de torture et de défouloir. L'enculé, qu'il dégage de ma vue avant que je ne lui refasse le portrait à ce chauve gras souillait de psychopathe mal baisé.

Ok, Ashton, détends-toi. Alors, mon cerveau me projette le ravissant sourire d'Erinn, comme si c'était sur un écran géant à l'intérieur de mes yeux et mon corps se détend tout seul. Elle m'aide à tenir le coup depuis un an dans cet endroit maudit. Bien que je ne veuille rien savoir de son avenir à Seattle, je m'accroche à nos souvenirs passés.

- Allez, bouge-toi mec, sinon il va t'allumer devant tout le monde, me souffle mon co-détenu en me tapotant l'épaule.

Toujours allongé, je repousse mes jambes vers la droite pour m'asseoir lentement, au point de faire soupirer les plus impatients. La réaction est immédiate : un bruit sourd me parvient, ce salaud chauve vient de donner un violent coup dans la porte métallique. Je grimace et m'active.

Ouais, je sais que ce soir, je passe à la torture. Fouet ? Barre en fer ? Clope ? Bâton ? L'eau bouillante ? Et j'en passe...

Je ne sais pas... Pourtant, j'ai eu le droit à tout. La douleur est horrible, mais je tiens le coup pour ma famille qui m'attend dehors. Il reste un peu moins d'un an avant la fin de ma peine. Les gardiens espèrent que je resterai en prison à vie pour cacher les tortures qui s'y déroulent et pour garder le contrôle de la situation. Je m'engage à ce que une fois que je serai sorti, ils subiront les conséquences de leurs actes en détention, car les autres prisonniers ne leur feront pas de cadeau et leur crainte sera leur punition.