Chapitre 3

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Erinn

Je marche dans le couloir en direction de la cuisine, et tout en répondant aux messages de quelques amis à Seattle, je ne remarque pas la présence d'un mur.

Depuis quand les murs bougent ?

- Depuis quand y a-t-il un mur ici ? grognai-je en me massant le front.

Un mur à des pieds, maintenant ? Non bien sûr que non ! Je lève lentement les yeux : il est bien construit, ce mur, très bien construit, et apparemment musclé. Un vrai plaisir pour la vue. Je continue ma quête jusqu'à croiser un regard avec des yeux noirs.

Je frissonne.

Ah bah ouais ! Tu m'étonnes que ce mur soit si bien construit, Erinn !

Le mur, intitulé Ashton, a tué mon front.

Depuis quand est-ce qu'il est aussi musclé ?

- Je m'excuse, je ne faisais pas attention, dis-je en passant à côté sans le regarder.

Mon dos me brûle, et je sais que cette sensation provient de son regard fixé sur moi, il est persistant jusqu'à ce que je sorte de son champ de vision. Puis, je rejoins Manon et Aaron dans la cuisine. Étant donné que je m'ennuie profondément toute seule dans ma chambre et en plus, je préfère éviter au maximum cet idiot.

- Qu'est-ce que vous faites ? Mis à part, vous roulez des pelles à longueur de journée, je ricane, me foutant ouvertement de leurs gueules, face à leur sursaut.

- Putain ! Tu m'as fait peur, idiote ! gueule Aaron sous la surprise.

Je hausse les épaules. Un léger ricanement sort d'entre mes lèvres.

- Bah quoi ? Il fallait bien que je vienne un peu vous faire chier, je me fais terriblement chier toute seule.

- Tu n'es ici que depuis quatre heures, et tu me fous déjà les jetons avec tes apparitions si soudaines.

Il me fait un sourire si stupide que je commence à me demander s'il va bien.

- Si ce n'est que mes apparitions qui te font peur, alors ça me va, je continuerai juste pour toi, mon chou.

Je lui envoie un bisou volant avec un clin d'œil.

- Très bien, les enfants, allez-vous arrêter de vous chamailler un jour ? Elle nous taquine tout en riant.

Je pose ma main sur mon cœur et lui réponds avec un geste théâtral :

- C'est lui l'enfant ! Je désigne mon ami du doigt.

- Comment oses-tu ! s'exclame Aaron en affichant un air faussement choqué.

Nous partons dans une vague de rire.

Ils m'ont manqué.

Aaron et moi avons toujours entretenu cette relation : nous taquinons l'un l'autre dès que l'occasion se présente, rions constamment, et sommes toujours présents l'un pour l'autre. Je suis extrêmement fier de lui, car il a vaincu sa timidité et a déclaré ses sentiments à Manon. Aujourd'hui, ils sont fiancés et se marient prochainement. S'il existe une différence notable entre les jumeaux, c'est que l'un est timide et exprime diverses émotions, à l'exception de la tristesse, ce qui semble hérité du père, doux et attentionné. Tandis que l'autre reste indéchiffrable, insaisissable, neutre, froid, agaçant, exaspérant, d'un détachement royal et dénué d'affection.

Que dis-je ! L'affection ne vient que lorsque celui-ci en a décidé, c'est-à-dire rarement.

Alors qu'ils se querellent, mes pensées s'envolent vers lui, comme elles le font toujours et inarrêtables.

Wandering Soul | TERMINÉE |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant