Wandering Soul | TERMINÉE |

Chapitre 18

Erinn

Quatre ans en arrière.

Assis sur un ponton, les pieds effleurant l'eau, je contemple l'horizon. Le soleil, prêt à se coucher, baigne le ciel d'une lueur orangée tandis que les nuages blancs défilent, indifférents à la splendeur qu'ils masquent parfois. Le petit lac et d'un calme réconfortant, accueille le chant des oiseaux qui semblent converser entre eux. Rares sont les passants, certains courent, d'autres s'éloignent de leur journée de détente et de pique-nique. Cet endroit, découvert il y a peu, est devenu mon havre de paix, mon sanctuaire de sérénité.

Non loin, un éclatant parterre de fleurs m'invite à la rêverie, où je me vois entouré de mes proches de New York, et même de Brent et de Chuck. Pourtant, je garde pour moi mes peines profondes, à l'image de ce lac discret. Je leur cache mes véritables douleurs et peines.

- Le destin est réellement fascinant, s'étonne une voix teintée de malice derrière mon dos.

Je sursaute, posant ma main sur mon cœur qui bat la chamade de peur. Je me retourne brusquement, ressentant une légère douleur dans le cou due à la rapidité de mon mouvement. L'homme en face de moi, je le reconnais : c'est celui aux cheveux mi-longs et à la silhouette élancée, mais musclée. L'inconnu du toit de mon immeuble se tient là, vêtu d'un jogging et d'un t-shirt noirs, full black. Il doit revenir d'une séance de sport, à en juger par la fine couche de sueur qui luit sur sa peau et les traces d'humidité au sommet de son torse et sous ses bras. Avec un sourire narquois, il hoche la tête vers l'endroit où son regard se pose juste à côté de moi. Je hoche la tête à mon tour pour confirmer qu'il peut s'asseoir ici.

- Je vais finir par penser que tu me suis, plaisante l'inconnu avec un petit rire.

Avec un rire discret, je secoue la tête par la négativité.

- C'est plutôt moi qui devrais avoir peur de te croiser dans des lieux peu fréquentés, répliquai-je à ses paroles, avec un petit sourire.

L'étranger en fait autant, retirant ses chaussures puis ses chaussettes pour les poser également dans l'eau. La fraîcheur de l'eau se fait sentir, mais la sérénité procurée par cette vue magnifique et le lac est incomparable. Je suis retourné plusieurs fois sur le toit de mon immeuble sans le revoir, alors cette nouvelle rencontre me trouble. Est-ce qu'encore le temps d'une soirée, pourrons-nous oublier nos vies chaotiques ?

- Je croyais ne jamais te revoir, belle inconnue au nom encore inconnu, s'amuse l'homme mystérieux avec les mots.

Il m'arrache encore un rire. C'est incroyable comme il sait mettre à l'aise avec quelques phrases simples, bien qu'ils soient toujours dans l'abus. Contemplant les arbres autour de moi, je finis par répondre.

- Je te l'ai déjà dit, je ne suis personne.

Il murmure quelque chose dans sa barbe, ne s'attendant probablement pas à cette réponse. Je prends plaisir à le faire tourner en rond.

- Même personne porte un nom, alors quel est le tien ? insiste l'étranger, le sérieux de sa voix ne laissant aucun doute sur ses intentions.

Je ris de son impatience, mais je ne le lui dirai pas aujourd'hui. Peut-être la prochaine fois, si nous nous revoyons. Je hausse les épaules et tourne la tête vers lui. Son visage est la première chose que je remarque, sérieux, avec des cernes qui marquent son beau visage comme auparavant. Il paraît fatigué, et je me demande continuellement ce qui peut l'avoir autant bousillé.

- Tu ne retournes plus sur le toit de l'immeuble ? Ai-je esquivé sa question.

Je voulais comprendre pourquoi je ne le voyais plus là-haut. Malgré les mois écoulés et les quelques soirs où je suis retourné, il n'y avait personne.