How it End

Chapitre 8

SAWYER

Je rentre dans le café à une vitesse folle.

— Salut, dis-je à Liv alors que je m'assieds en face d'elle.

Je la regarde refermer son carnet, je me demande ce qu'elle peut bien écrire là dedans. Elle me lance un regard noir en sirotant son café. Il y en a une qui ne va pas être sympa avec moi aujourd'hui.

Hier, c'était la première fois où on se parlait normalement elle et moi, on ne s'est lancé aucune pique et je dois avouer que ça m'a fait bizarre. Quand on se croise, c'est la première chose que nous faisons d'habitude.

—  Sérieusement, c'est notre deuxième cours et tu arrives en retard ! dit-elle.

Je grimace.

— Désolé, je reviens tout juste de l'entraînement.

Elle sort de son sac un nouvel exercice qu'elle a dû trouver sur internet. Elle me réexplique une seconde fois ce que je n'ai pas compris et me met au travail.

Je dois travailler dur pour pouvoir jouer le match et prendre notre revanche contre les Tigers. D'après moi, je n'aurais aucun souci lors de mon rattrapage. Liv m'explique correctement les choses et elle n'hésite pas à m'expliquer une seconde fois ce que je n'ai pas compris. Pour la première fois, je n'ai pas peur de faire part de mes difficultés.

— Je suis impressionné, tu commences à comprendre le truc, me dit Liv alors que je lui tends ma feuille.

— C'est parce que j'ai une prof super, lui dis-je en lui faisant un clin d'œil.

Elle lève les yeux au ciel.

— Garde ta pommade pour d'autres tu veux ?

J'éclate de rire, parfois, ça répartit est un peu nul mais assez drôle à la fois.

— L'équipe fait un after après le match la semaine prochaine et tout le lycée est invité, tu comptes venir ?

— Je n'étais pas au courant et même si c'était le cas, je ne pense pas venir.

Je la regarde en plissant les yeux.

— Allez, tout le monde y sera ! en plus on aura gagné contre les Tigers, ça se fête !

— Du calme, il faut déjà que tu réussisses ton rattrapage.

Je déchire un bout de papier dans mon cahier.

— Ok, on va faire un deal, si je réussis le contrôle tu viens me voir jouer et vient à l'after, lui dis-je en écrivant mot pour mot ce que je prononce.

— Même pas en rêve.

— Quoi tu aurais peur de me défier ?

Elle lève le regard vers moi, je souris intérieurement. Charlie m'a prévenu qu'elle déteste perdre et qu'elle a une grande fierté alors, aucun risque qu'elle refuse.

— C'est bon, j'accepte.

Je lui tends le bout de papier pour qu'elle le signe.

— Plus de retour en arrière, c'est écrit noir sur blanc.

D'un coup, je vois Liv devenir aussi rigide qu'une planche, je me tourne pour voir ce qu'elle regarde. A une table de nous, se trouve Maxime et sa petite copine qui est une amie de Liv. Je ne comprends pas vraiment sa réaction, c'est son amie, alors pourquoi est-ce qu'il y a autant de panique dans ses grands yeux bleus ?

— Est-ce que ça va ? demandais-je.

— Ouais, elle regarde son téléphone et me sourit. Je suis désolé, mais il est temps pour moi d'y aller.

Elle dépose quelques billets sur la table et sort du café. Je regarde ses amis, Maxime et un joueur de baseball et Claire, pom-pom-girl. A la regarder elle n'a pas l'air si méchante de que ça... En revanche son petit copain lui, j'en ai beaucoup entendu parler.

D'après ce que j'ai entendu, c'est un type arrogant qui n'hésite pas à harceler les autres, il y a même une rumeur qui l'accuse d'avoir harceler une fille au collège, jusqu'à la pousser au suicide. Est-ce qu'il traite Liv de la même manière ? Peut-être que c'est pour cette raison qu'elle est partie ? Une chose est sur, si c'est le cas, je n'hésiterais pas une seconde à intervenir. Le harcèlement, je le connais, je sais ce que ça fait.

Je ramasse mes affaires quand une serveuse s'approche de notre table et ramasse quelque chose par terre.

— Votre amie a fait tomber ça en partant, me dit-elle.

— Merci.

C'est le fameux carnet noir qui ne la quitte jamais, la curiosité me ronge. J'ai envie de découvrir ce qu'elle cache là-dedans, mais je ne peux pas lui faire ça. Lire ce carnet serait la mettre à nue à son insu, je ne pourrais jamais lui infliger ça.

Je lis la première page de couverture, la phrase inscrite me dit vaguement quelque chose.

« You drew stars around my scars, but now i'm bleedin »

Je tape la phrase sur internet et découvre que ce n'est d'autre qu'une chanson de Taylor Swift, cardigan, ma sœur écoute ses chansons en boucle. Liv est donc fan de cette chanteuse ? Ou alors elle a écrit cette phrase car elle la trouve jolie ? En tout cas, ce sont des paroles assez fortes et je ne pense pas qu'elle soit mise au hasard.

« Tu as dessiné des étoiles autour de mes cicatrices, mais à présent je saigne »

***

Quand je rentre chez moi, je balance mes affaires sur mon lit lorsqu'on frappe à ma porte. Je dis à la personne d'entrée, mon père me regarde en mettant ses mains dans les poches de son pantalon parfaitement repassé.

— Tes révisions se passent bien ? me demande-t-il.

J'hoche la tête.

— Oui, ça avance.

— Ta mère m'a dit que c'était une fille qui t'aide à réviser.

Je fronce les sourcils.

— Oui, jusque-là je ne vois pas de problème.

— Je viens juste te dire de ne pas te laisser te distraire.

— Je ne suis pas un chien en chaleur, je sais me tenir.

Nous nous défions du regard, il ose venir dans ma chambre pour me dire de ne pas me laisser « distraire » sous prétexte que je révise avec une fille ? Je ne suis pas ce genre de mec, mon père doit le savoir. Il préfère venir me dire des choses improbables au lieu de m'encourager pour mes révisions. Lui et moi brassons l'air chaud et froid depuis que le coach l'a appelé pour lui dire que je devais avoir une meilleure note.

Tout ça, ce n'est que des conneries, je me suis toujours cassé en deux pour l'équipe, pour devenir un bon joueur, je ne fais jamais rien de travers. Voilà que je gagne une seule mauvaise note et je deviens tout à coup un mauvais fils, un mauvais capitaine. Quant est-il de mon jeu alors ? De mon avenir ? Raté un contrôle ne veux pas dire que je me laisse aller, ça signifie juste que même ceux qui font tout pour réussir peuvent parfois avoir du mal, et il n'y a rien de mal à ça.

— Surveille ton langage, dit-il froidement.

— Désolé papa, mais je ne suis pas d'accord avec toi sur ce coup là.

— Sois le meilleur et reviens me voir.

Je ricane froidement.

— Oh mais je suis déjà le meilleur, tu es juste trop perfectionniste pour le voir, dommage.

Il sort de ma chambre en prenant soin de claquer ma porte comme il le faut. Dieu merci, Stella et Luke ne sont pas là, ils auraient assisté à cette scène. Mon père à beau voir que je fais des efforts, pour lui, ce n'est jamais suffisant.

Le week-end prochain, je compte faire un match digne de ce nom avec l'équipe et ce n'est pas lui, qui va me faire douter de mes compétences.