CHAPITRE 3 LE LOUP GRIS

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          Discrètement je me penchais sur le patient afin de le flairer. Personne ne devait savoir que j'avais cette capacité olfactive très développée, mais elle m'aidait grandement dans mon métier. Comme de pouvoir juger rapidement s'il avait pris des drogues, ce qu'il avait ingéré et quand. Celui-ci, c'était surtout de l'alcool, un alcool fort. De la vodka. Et il n'y avait pas longtemps. Coma éthylique en cours. Il vomissait à présent dans les draps. Je le mis en position latérale de sécurité et lui glissais un bassin puis je me mis en quête du matériel dans les différents tiroirs de la salle d'examen des urgences où je travaillais quasiment toutes les nuits et le perfusais.

           Je vérifiais les appareils que j'avais rapidement branchés sur lui et  quand le médecin arriva, il put constater que tout était sous contrôle.

—  Rocwood ! Efficace comme d'habitude ! Dommage que vous ne soyez pas... Bref, c'est dommage,  lança-t'-il en quittant la salle.

         Tiphanie, ma collègue infirmière, et ma maîtresse du moment, plissa les yeux, dégoutée, en entendant cette phrase quand elle croisait le médecin qui sortait et elle qui entrait.

— Et tu réponds pas ? me demanda-t-elle, en colère contre lui.

— Pourquoi faire ? lui répondis-je, toujours occupé à vérifier que le patient ne s'étouffe pas et surtout, je ne souhaitais pas être emmené sur ce terrain.

— Mais c'est de la discrimination... et du racisme ! fustigea-t-elle.

— Ouais, mais si je veux garder mon job, et j'y tiens, alors autant ne pas l'énerver.

        Et puis je m'étais habitué à vivre ce type de traitement.

— Je vais te défendre, moi... me dit-elle alors tendrement en se collant à mon dos et en m'enlaçant. Mais elle n'alla pas plus loin, car un aide-soignant venait d'entrer. Il me fit un clin d'œil. Il connaissait mon penchant pour les aventures féminines. Il était un peu jaloux de mon succès, alors il me demandait sans arrêt comment je faisais. Elle sortit rapidement. Elle savait qu'il fallait rester discret.

      Tout en ramassant les différents emballages que j'avais jetés au sol, il me lança, taquin,

— Hé, Rocwood, t'en as combien en ce moment ?

— Pfff, t'es vraiment un pervers toi, hein ! lui répondis-je, dégouté.

— Quoi ? Deux ou trois, nan ? reprit-il, tentant de savoir si j'allais aussi loin dans mes aventures.

—  Ça te regarde pas, et non, une à la fois... lâchais-je quand même, connaissant trop bien les ragots qui se colportaient à la vitesse de l'éclair dans les différents services.

— Ah, t'es con ! Tu pourrais plus ici... Y a que ça, des nanas !

— Bon, j'y vais ! conclus-je, afin de mettre fin à cet échange qui m'apparaissait déplacé.

          Je rejoignis la salle des admissions, et m'installais à un coin de bureau afin de remplir les documents administratifs. Je pris le temps d'écrire le compte rendu de ma nuit afin de passer le relais, et j'en avais vu passer des patients une fois encore ! Ce travail laborieux terminé, je pourrais enfin plier bagage en espérant qu'une urgence ne réclame pas ma présence juste au moment de mon départ. J'avais hâte de retrouver mon vieux lit, mon matelas usé et le bruit tamisé des machines de l'atelier de Dean. Bizarrement il me berçait et ne m'empêchait pas de récupérer. J'allais être en repos jusqu'à demain soir. Ce soir, je serai avec Dean, Meham et Millie pour voir le match de base -ball chez Lala Silly. Ma vie était parfaite !

           Je retirais ma tenue d'infirmier dans le vestiaire quand elle entra, furieuse.

— T'as pas oublié un truc ? m'admonesta Clara, furibonde, les mains sur les hanches. Elle avait des cheveux noir coupés au carré avec une unique mèche violette. En boxer, je restais là, interdit. La pudeur n'était pas du tout un problème pour moi.

La Loi De La Louve Tome 1 La Grande AuroreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant