CHAPITRE 1 LA GRANDE AURORE

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— A'ho ! Y a quelqu'un ? Hou hou !!!

                           Je relevais vivement la tête de mon ordinateur portable. Une voix jeune et féminine m'interpellait du côté jardin, tout en frappant doucement sur la vitre de la porte de la cuisine. Mince ! Depuis combien de temps était-elle là à poireauter ? J'avais cette fâcheuse tendance à me plonger dans mes recherches sans plus rien remarquer autour de moi. Je traversais rapidement l'immense salle qui me servait de salon, de bureau, de salle à manger et de chambre à coucher, n'ayant investi que le rez-de-chaussée de la maison, afin de découvrir qui me hélait ainsi.

               Je jetais un coup d'œil à travers la petite fenêtre. Une jeune femme attendait sagement devant la porte, un plat entre les mains. Elle avait de longs cheveux noirs et raides, qui auréolaient un visage poupon. Rassurée, je lui ouvris et elle s'engouffra aussitôt dans ma cuisine, m'obligeant à reculer afin de la laisser entrer. Deux grands yeux chocolat, surplombés d'une frange, me fixèrent, stupéfaits. La surprise passée, elle me sourit, avenante, puis lança, d'une voix fluette et rapide,

—  A'Ho ! Alors, c'est toi Eve Matheson, l'archéologue ?

—  Euh, bonjour. Hé bien, on dit ethnologue* dans mon cas...

        Elle fit une moue d'incompréhension tout en haussant les épaules, me faisant ainsi comprendre qu'elle s'en fichait. Elle portait une veste longue kaki, avec dessous un petit maillot avec une effigie de Disney, un jean trop large pour sa corpulence fluette crotté sur le bas et des chaussures de marche tout aussi couvertes de boue. Elle paraissait enfantine mais féminine.

—  Je suis Millie Whitelake ! Le chef Silly m'a demandé de t'amener à lui si tu étais disponible.

      Elle déposa le plat qu'elle tenait dans les mains sur la vieille table en bois de la cuisine sans autre forme de procès,

—  Et je t'ai préparé un plat de bienvenue, ajouta t'elle.

—  C'est vraiment très gentil de votre part, il ne fallait pas ! répondis-je, gênée. Je jetais un coup œil discret au plat et remarquais qu'il y avait de la viande. Je décidais de lui cacher que j'étais végétarienne afin de ne pas l'embarrasser.

— Oh, tu sais, j'adore cuisiner, alors.... Ça m'embête pas ! Puis elle reprit, le garage du vieux Dan n'était plus habité depuis longtemps, alors j'espère que tu n'es pas trop envahie par l'humidité !

   Elle jeta des coups d'œil furtifs et fouineurs vers le couloir tout en me parlant, montrant  par là qu'elle voulait voir comment je m'étais installée.

— Tu veux visiter ? lui proposais-je en souriant et utilisant moi aussi le tutoiement  puisqu'elle semblait à peu près du même âge que moi. Et je m'écartais pour la laisser passer en lui faisant un signe du bras pour l'accompagner. La surprise et la méfiance passées, sa curiosité toute enfantine m'amusait.

           Nous traversâmes donc le couloir sombre qui séparait la vieille cuisine du garage et dans lequel se trouvaient à présent deux grandes pièces. Elles avaient été séparées par un mur et une porte coulissante. Je lui fis signe d'entrer. L'annonce précisait que la maison était déjà meublée mais à mon arrivée j'avais  commandé  sur internet quelques pièces d'ameublement en plus et  tout avait été livrés à mon arrivée quelques jours plus tôt, en même temps  que les déménageurs. Cependant certaines choses n'étaient pas encore déballées, ni installées. Je n'étais pas vraiment une femme d'intérieur, il faut bien le dire. Elle trouva donc plusieurs tasses de thé, des verres de vin, des assiettes avec des restes aux différents endroits où je me posais pour travailler. Mais elle ne fit aucun commentaire sur le bazar ambiant.

La Loi De La Louve Tome 1 La Grande AuroreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant