CHAPITRE 10 LE LOUP NOIR

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                                         Nous marchions l'un à côté de l'autre. Mon corps se mit naturellement très proche d'Eve et elle devait sentir ma chaleur. Elle gardait le silence et je compris qu'elle réfléchissait intensément. Elle ne me voyait pas vraiment, et, marchant machinalement, elle rata la bifurcation pour aller rejoindre sa maison. Je lui pris doucement le bras et lui fis signe de prendre l'autre chemin. Sans quitter son air distrait, elle se laissa faire. Devant sa porte elle sortit la clé de son sac à dos et l'ouvrit. Elle me fit signe d'entrer un peu gênée et me laissa passer le premier. Elle posa sa veste sur le dossier de la chaise. Elle ouvrit son sac à dos et en retira son appareil photo qu'elle posa délicatement sur la table. Puis elle jeta le sac dans un coin. Je retirais ma veste et restais debout, attendant la suite des évènements.

                  La tresse de ses cheveux s'effilochait carrément après la pluie qu'elle avait reçue et j'eus une soudaine envie de passer mes doigts dedans afin de la lui retirer complétement, et de voir ses longs cheveux dénoués. Elle se tourna vers moi,

—  Café, thé, ou... autre chose ? me proposa-t'-elle, toujours polie.

— Café si tu as, merci !

              Une assimilation normale nous aurait permis d'être très proches de suite. En effet, nous nous côtoyions tous et toutes depuis la naissance. Le fait que je ne parvienne pas à me connecter à elle rendait la tâche vraiment compliquée. Je devais passer par les étapes classiques afin de faire connaissance, et je n'étais pas franchement doué pour ça.

            Elle prit dans le placard du café soluble, remplit une tasse à moitié et mit de l'eau chaude de la bouilloire pour son thé, par-dessus. Horrifié, je me mis à rire. Elle me dévisagea et comprit aussitôt mon hilarité. Elle me sourit. Merveilleux !

— Désolée, je ne suis pas une femme d'intérieur, comme tu peux le constater m'expliqua t'-elle en me montrant du bras le bazar qui traînait partout dans la cuisine mais que j'avais aussi remarqué dans le salon.

            Elle me tendit la tasse qu'elle venait de jeter dans l'évier avec le pot de café soluble.

— C'est meilleur à la cafetière mais tu ne bois pas de café, n'est-ce pas ? lui demandais-je, léger.

—  Non, du thé ! dit-elle en souriant et en me montrant sa tasse avec le logo de son université.

        Je lui demandais une cuiller qu'elle me tendit après l'avoir trouvé dans un tiroir puis je la plongeais dans le pot de café soluble et remplis de nouveau ma tasse avec l'eau chaude de la bouilloire.

        J'adorais son sourire. Je voulais qu'elle le garde le plus longtemps possible sur les lèvres. Mais notre futur sujet de conversation ne prêtait pas tellement à sourire. J'essayais tout de même d'aborder le sujet de manière légère.

— Bien... Que penses-tu de « tout ça » ? amorçais-je, sirotant mon café chaud et m'asseyant autour de la table.

—  Pourquoi tu m'as assimilé, moi, une femme blanche ? me lança- t'-elle aussitôt.

— Je n'ai pas cette réponse ! Une autre question ? ironisais-je.

— Ok... Nous sommes « ensemble » ? continua-t'-elle, perplexe, en singeant les guillemets.

         Ouh ! Là, c'était vraiment gênant de répondre.

— Alors, oui... ! lui répondis-je, gêné. Elle me regardait en plissa les yeux, attendant la suite. C'est toi qui décides de ce que tu veux que je sois, en fait ! repris-je d'une voix ferme afin de l'apaiser. Mais évidemment, dans mon cœur j'espérai bien plus qu'une « amitié ».

La Loi De La Louve Tome 1 La Grande AuroreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant