CHAPITRE 11 LE LOUP NOIR

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                               Lorsque j'ouvris les yeux,  j'entendis le vent siffler derrière les volets clos. Encore vaseux, je cherchais mon portable que j'avais posé par terre avant de m'endormir et regardais l'heure. 8H00. J'avais vraiment dormi profondément. Je cherchais où pouvait se trouver Eve, scrutant la pénombre. Ne la voyant pas, je reniflais l'air et trouvais son odeur caractéristique dans le couloir. Un bruit d'eau qui coulait me fit supposer qu'elle prenait une douche. Je me levais et me dirigeais vers la cuisine. Je cherchais des ingrédients afin de préparer un petit-déjeuner digne de ce nom sans trouver grand-chose. Puis, ramassant les tasses, les verres de vin et les assiettes, j'attaquais la vaisselle et rangeais la cuisine, en attendant son retour.

           Son odeur se rapprocha enfin de la cuisine et je la vis apparaître, les cheveux mouillés enroulés dans une serviette. Elle portait un pantalon large de style yoga et une veste assortie. Elle avait les pieds nus. Elle éternua. Son nez rouge et ses yeux fiévreux ne laissaient aucun doute. Elle avait pris froid.

— Tu es malade !

           Je me dirigeais furtivement et soudainement dans le salon afin de rapporter un plaid épais et l'enroulais autour de ses épaules. Surprise de sentir quelque chose se déposer sur elle qui n'existait pas un instant plus tôt, elle sursauta puis elle regarda la cuisine rangée et propre.

— Qu'est ce qui s'est passé ici ? C'est toi qui as fait le ménage ? s'enquerra t'elle s'enveloppant à présent avec plaisir dans le plaid.

— Ben oui, c'était un sacré bazar ! lui expliquais-je, faussement dégouté.

— Écoute ! T'es pas obligé de faire tout ça. J'veux dire... De t'occuper de moi. Mitsie va passer demain.

—  Mitsie ? La mère du petit Tommy ?

—  Oui, Millie m'a dit qu'elle cherchait un travail d'aide-ménagère à la réserve et qu'elle élevait seule son petit garçon, alors je lui ai proposé de s'occuper de la maison. Comme tu as pu le constater, je ne suis pas douée pour les arts ménagers, confirma Eve. Je la payerai bien ! assura-t-elle.

— C'est vraiment sympa de ta part ! Elle s'est retrouvée seule avec son fils. C'est un « Ieska », dis-je, ravi qu'Eve soit une personne pleine de compassion, tout en lui préparant un thé.

—  Il faut que j'apprenne votre langue, déclara-t'-elle, en se dirigeant vers le salon.

—  Un sang mêlé. Son père est un blanc. Mais il semblerait que vivre à la réserve ne lui ai pas convenu... Beaucoup de femmes de la réserve ont eu le même problème et se retrouvent seules avec des enfants à élever, expliquais-je, en m'asseyant près d'elle par terre, et en lui tendant sa tasse de thé. Et trouver du travail ici, c'est pas évident. Ça va beaucoup l'aider, repris-je, la remerciant.

— C'est surtout elle qui m'apporte beaucoup... Je n'ai pas sa compétence, ajouta-t-elle en toussant un peu.

—  Tu fais de la fièvre ? lui demandais-je, inquiet.

— Je n'en sais rien ! Et ne t'inquiètes pas, c'est juste un rhume. Je dois me couvrir plus, c'est tout, affirma-t-elle, se voulant rassurante.

           Sans réfléchir Je posais mes lèvres sur son front afin d'évaluer sa température, comme le faisait ma mère. Elle recula instinctivement.

— Eve, est ce que tu as peur de moi ? lui demandais-je, effaré.

      Elle baissa les yeux, et sirota son thé, gênée.

— Je n'ai pas l'habitude d'être... proche de quelqu'un, avoua Eve. Je ne suis pas... douée pour ça, tu comprends ? Et tu serais... déçu, précisa-t-elle.

La Loi De La Louve Tome 1 La Grande AuroreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant