Iris
Hôtel— Les règles sont simples, très simples même. Imaginons que je te pose une question, par exemple : quel est ton nom de famille ? Si tu réponds, je gagne un truc sur toi. Mais si tu refuses... tu bois un shot d'alcool. C'est bon pour toi ? Bien évidemment, ça marche dans les deux sens. Tu me poses une question, soit je réponds, soit je bois. Alors, ma poupée ?
On allait vraiment jouer à Une question pour un champion ? Super. Félicitations, tu viens de gagner une réponse ! Ton prix ? 1000 livres.
Mais bon... on n'a que ça à faire avant que je ne signe mon arrêt de mort dans le bureau de mon père. Arès n'a toujours pas appelé pour lui dire où on est.
— Je veux bien. Qui commence ?
— À moi l'honneur, ma belle !
— Ok, vas-y, pose ta question.
— Où est ta mère ? Je ne l'ai jamais vue dans la maison de ton père.
— Elle est morte peu de temps après ma naissance. C'est pour ça que tu ne l'as jamais vue.
Ma voix est faible, mais sans larmes ni sanglots. Tu es forte, Iris.
Ma tête s'abaisse automatiquement vers mes pieds. Je n'aime pas parler de ma mère. C'est ma faute si elle est morte. Papa me l'a toujours dit, et il ne ment jamais. Surtout quand il parle d'elle.
— D'accord. Désolé si ça t'a ramené des souvenirs... ce n'était pas mon intention.
— Ne t'inquiète pas. Avec le temps, ça passe mieux.
— Ok, à moi. Pourquoi autant de tatouages sur ton corps ?
Il baisse les yeux sur son torse, puis sur ses bras recouverts d'encre.
— Chaque tatouage a sa propre signification. Certains marquent mon passé, tout simplement.
Un simple hochement de tête me suffit pour lui faire comprendre que j'ai saisi.
— Pourquoi ton père ne voulait pas que tu sortes avant ? Je veux dire... la première fois qu'on s'est vus dans son bureau, il a dit que tu étais assez grande maintenant pour pouvoir sortir avec un garde.
— J'ignore la réponse. À chaque fois que je lui demandais, il m'ignorait ou évitait le sujet. On m'a toujours dit que c'était en rapport avec ma mère, mais jamais on ne m'a donné plus de détails.
— C'est injuste. Tu ne connais rien du monde extérieur. Tu n'es jamais sortie. Tu ne connais personne, à part les gardes, ton père, ses maîtresses et les servantes. Tu ne sais pas ce que c'est, l'amitié... ou l'amour.
Un silence.
— Es-tu déjà tombé amoureux ?
— Pourquoi cette question, Iris ?
— Tu viens de parler d'amour. Alors, je demande.
— Non. Je ne suis jamais tombé amoureux.
— D'accord.
— Tu n'as jamais rencontré des gens de ton âge, à part moi ?
— Non, personne.
— Quand tu parlais d'amour, tu voulais dire quoi exactement ?
— L'amour maternel, paternel, l'amitié... Ou encore ces petits crushs, ces relations adolescentes. L'amour de ta vie, peut-être.
— Ok...
— Comment est morte ta mère ?
C'est plus qu'une question. Il viole mon intimité.
Même si papa ne me l'a jamais dit, j'ai fouillé dans son bureau pour découvrir la vérité. Et je l'ai trouvée.
Mais jamais je ne lui dirai. Arès n'est rien pour moi. Juste un garde du corps.
Je me penche pour attraper la bouteille et prends une gorgée d'alcool.
— Tu ne sais pas comment elle est morte, pas vrai ? Ton père te le cache, c'est pour ça que tu as bu ?
— Si, je le sais. Et tu viens de poser deux questions, alors j'en pose deux aussi.
Un léger sourire se dessine sur ses lèvres.
— As-tu déjà connu l'amour maternel ? Paternel ? L'amitié ? Un crush ? Une petite amie ?
— Ça fait beaucoup pour deux questions, non ?
— Non. Ça fait exactement deux. Alors, réponds.
— Ok... Maternel, oui. L'amitié aussi. Un crush, vaguement... Mais paternel ou une petite amie ? Non. Ça te va ?
— Oui. À toi.
— Es-tu vierge, Iris ?
Il vient vraiment de poser cette question ?
"Es-tu vierge, Iris ?"
À ton avis ? Je ne suis jamais sortie de chez moi... Comment je pourrais perdre ma virginité ? Pas très malin, lui.
— À ton avis ?
— Ton père aurait très bien pu inviter un garçon chez toi pour... faire le travail.
— Non. Il me respecte au minimum. Lui, il pense juste me marier à l'un de ses associés pour sceller une alliance.
— Ok... Et toi, es-tu d'accord avec ça ?
— Non. Je veux juste partir de ce monde. Loin de tout ça.
— Ok, à toi.
— Pourquoi as-tu choisi ce boulot ? Sérieusement... Garde du corps ? Baby-sitter ? Surveiller une gamine toute la journée, ça doit être usant.
— Ce n'est pas moi qui ai choisi. C'est mon père. À l'époque, il m'a entraîné pour être sur le terrain. Mais ça ne me plaisait pas. Alors, j'ai préféré être garde du corps. Comme ça, je reste sur le terrain... tout en ayant une certaine tranquillité.
— Ok, à toi.
— Cette nuit où je t'ai trouvée amochée et couverte de sang... Qui t'a fait ça ? Il faut que tu en parles, ce n'est pas normal. En plus, ton corps encaisse vite les coups. Regarde, tu n'as pratiquement plus rien. Ça veut dire que ton corps a l'habitude.
— Je ne veux pas répondre. Donne-moi la bouteille, Arès.
— Nouvelle règle. Tu es obligée de répondre à celle-là.
— Non. Donne-moi la bouteille. Non, tu sais quoi ? Je ne veux plus jouer.
On se lève au même moment. Lui, pour venir vers moi. Moi, pour m'éloigner.
La chambre est petite. Il s'approche, attrape mon bras et me tire vers lui.
Mais au même instant, un bruit de fusil retentit dans le hall de l'hôtel.
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Le Plaisir Divin
RomanceUn coup. Respire et expire. C'est bien tôt fini, Iris respire. Deuxièmes coups. Expire et ne pleure pas. Troisième coups. Trou noir, plus rien. ____________________