Partie 5 - L'anniversaire.

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Trois semaines plus tard.

Il était perdu dans ses pensées, assis sur le canapé de chez lui et les yeux rivés sur le paysage qu'il regardait sans trop s'en rendre compte à travers la vitre du salon, quand son téléphone portable se mit à vibrer à ses côtés. Il baissa les yeux vers ce dernier pour regarder qui l'appelait et il fronça les sourcils en voyant le nom de Guillaume apparaître sur son écran. Il se rappela alors de quand ils avaient échangé leur numéro trois semaines plus tôt après être allés boire un verre tous les deux dans ce petit bar afin de rester en contact et il sentit une douce chaleur faire son apparition dans sa poitrine en se rappelant de combien il s'était senti bien avec le plus grand. Rassuré. Devant Julien, il faisait tout pour paraître fort et ne pas avoir l'air d'avoir besoin d'aide, mais intérieurement, il savait qu'il avait besoin d'être épaulé et aurait aimé que son copain le comprenne de lui-même, sans qu'il ait à le lui dire. Il décrocha alors en se disant que Guillaume allait raccrocher s'il ne lui répondait pas bientôt :

« Â-Âllo ?

— Salut, Aurélien. C'est Guillaume, tu te rappelles de moi ? lui demanda la voix chaleureuse de ce dernier de l'autre côté du combiné et il déglutit, soulagé qu'il soit encore là.

— B-Bien sûr. Bonjour, Guillaume. Qu'est-ce qui me vaut ton appel ?

— Tu sais, j'étais en train de me dire que je ferais bien de sortir pour aller prendre l'air quand je me suis rappelé de quelque chose.

— Quelque chose ? Quoi donc ? demanda-t-il, confus.

— Ton anniversaire, répondit Guillaume et il haussa les sourcils, surpris.

— Mon anniversaire ? Comment ça ?

— C'était le mois dernier, non ? Je crois me rappeler...

— Je... Je t'en ai parlé ? Pendant cette soirée ? balbutia-t-il, ne comprenant pas quand cette info avait pu passer le seuil de ses lèvres durant un événement tel.

— Ouais. Ça te dit alors ? De sortir avec moi dehors ? Je suis sûr que t'es cloîtré chez toi là, n'est-ce pas ? »

Il balaya son salon du regard, ayant honte un instant de voir qu'en effet il était encore une fois enfermé chez lui au lieu de profiter du soleil qui était haut dans le ciel à cette période-là de l'année.

« Euh... D'accord, je veux bien, répondit-il, se disant que de toute façon son copain rentrerait tard du boulot aujourd'hui encore. Où est-ce que tu veux aller ?

— Au bar de la dernière fois ? Et on pourrait aller se balader dans un parc après ? proposa Guillaume et il acquiesça avant de se rappeler qu'il ne pouvait pas le voir.

— D'accord, ça me va. Vers quelle heure ?

— Tu peux y être dans une heure ? Pour 15h ?

— Oui, j'y serais. À tout à l'heure, Guillaume. »

Le plus grand lui dit au revoir de même et c'est seulement quand il raccrocha qu'il se demanda où Guillaume pouvait bien habiter en se disant qu'il espérait que ça ne lui faisait pas trop loin par rapport à sa jambe blessée. Puis il se leva pour aller se préparer dans sa chambre. Ça lui faisait bizarre de se dire qu'il allait sortir avec un homme autre que son copain, même si ce dernier n'était encore qu'un simple inconnu à ses yeux. Malgré le fait que Guillaume lui ait expliqué qu'ils se connaissaient bel et bien. Lui, il n'avait aucun souvenir de lui. Et c'est dans l'espoir de se rappeler qu'il sortait avec lui. Entre autres.

***

« Ça va, Guillaume ? Tu as mal à la jambe ? demanda-t-il à ce dernier près de deux heures plus tard alors qu'ils étaient en train de se balader dans un parc près du petit bar en le voyant ralentir l'allure.

— Je dois avouer que oui... Ça me lance, mais rien de grave.

— Tu veux qu'on s'assoit dans l'herbe ? demanda-t-il aussitôt en se rapprochant de l'autre garçon et celui-ci lui lança un regard étonné quand il posa sa main sur son avant-bras, ce qui le fit rougir en s'en rendant compte. Dé-Désolé...

— Tout va bien, lui sourit doucement Guillaume et il recula, fortement embarrassé. Mais je préférerais m'asseoir sur un banc si ça te dérange pas. J'aurais moins de mal à m'asseoir que dans l'herbe.

— Oh, oui bien sûr...! Évidemment. Il y en a un là-bas, tu viens ? »

Guillaume lui sourit doucement et il se dirigea vers le banc, le cœur tambourinant dans sa cage thoracique et les joues se mettant à lui chauffer de plus belle à ce sourire. C'était étrange comme sensation. Surtout envers un inconnu.

« Et je... au fait, quand est-ce que c'est venu dans la conversation mon anniversaire ? dit-il en se retournant vers Guillaume juste au moment où celui-ci s'assit sur le banc et il s'assit à son tour. Je veux dire... avant ou après qu'ils aient tiré ? Je comprends pas trop pourquoi je t'ai parlé de ça en plein milieu d'un massacre.

— Aurélien, dit Guillaume en riant doucement et il fut surpris de sentir son cœur rater un battement de nouveau en l'entendant prononcer son prénom. Tu l'as fait parce que je te demandais de me dire des choses sur toi.

— Ah... Ah bon...? Mais... pourquoi...?

— C'est pas très important, sourit doucement Guillaume et il ne put s'empêcher de se dire qu'il y avait de la tristesse dans ce sourire. Tout ce que je peux te dire c'est que c'était mon anniversaire ce soir-là. Enfin, pas la date précise, mais c'était le soir que mes amis avaient choisi pour fêter mes trente-quatre ans. Alors... voilà pourquoi j'étais dans ce bar. Et toi ? Tu ne me l'as jamais dit.

— Je... Je sais plus... balbutia-t-il avant de se mettre à réfléchir, se perdant dans ses souvenirs. Je crois... que je suis entré pour me protéger de la pluie. Puis en voyant l'averse qui tombait... j'ai décidé de rester, le temps de boire un chocolat chaud. Est-ce que... on s'est parlé à ce moment-là ? Je ne me souviens plus très bien... Toute la scène de l'attaque, je la vois parfaitement dans mon esprit, chaque détails... mais ce qu'il s'est passé avant et après... c'est flou. Presque inexistant... »

Quand il se rendit compte du silence de Guillaume, il sortit de ses pensées et le regarda d'un air inquiet. Qu'est-ce qu'il avait dit ? Celui-ci le regardait tristement et quand il comprit qu'il était sorti de ses pensées, ce dernier força un petit sourire sur ses lèvres.

« Non, on ne s'est pas parlé à ce moment-là, Aurélien. Mais peu importe quand on a parlé ensemble, non ?

— Mais... si...! C'est important, Guillaume ! s'exclama-t-il et, encore une fois, sa main migra sur l'avant-bras de ce dernier. Pourquoi tu ne veux pas me le dire ? Je veux savoir ! J'ai besoin de savoir.

— Non, tu n'as pas besoin de savoir. Si ton cerveau a préféré effacer ce moment de ton esprit, c'est sûrement pour te protéger, lui dit Guillaume et il fronça les sourcils avant de secouer la tête, ne comprenant pas pourquoi est-ce qu'il refusait de lui dire la vérité. Alors pourquoi tu veux te souvenir ? C'est sûrement mieux comme ça. Tu crois pas ? »

Il resta silencieux un long moment, réfléchissant aux mots de Guillaume, avant de secouer la tête de nouveau :

« Non, je ne crois pas. Je crois même que je ne trouverai pas la paix avant d'enfin savoir ce qu'il s'est passé après ces coups de feu et avant que je sois transporté à l'hôpital. Ça m'empêche de dormir, de ne pas savoir. Je n'arrive plus à trouver le sommeil. Alors si tu sais ce qu'il m'est arrivé... dis-le-moi. Je t'en supplie. »

Guillaume resta silencieux alors qu'il le suppliait du regard de lui dire ce qu'il savait et au bout de longues secondes à retenir sa respiration, il baissa la tête, découragé. Pourquoi est-ce qu'il se taisait ? Est-ce qu'il savait quelque chose sur lui de fâcheux ? Il ne comprenait pas.

Fiction OrelxGringe - Te retrouver. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant