Partie 16 - L'attentat I.

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Il resta longtemps les yeux rivés sur la petite bague argentée au creux de sa main avant de relever la tête, lentement, comme s'il avait peur que Guillaume ait disparu maintenant qu'il avait enfin appris la vérité. Mais non, Guillaume était encore là, assis en face de lui sur son lit et le regardant d'un air triste, cette expression sur son visage lui retournant l'estomac.

« Alors... c'est toi ? L'homme de mes rêves ? Enfin... celui que je vois dans mes cauchemars ? demanda-t-il et quand Guillaume hocha la tête doucement, un air coupable sur le visage, il referma le poing sur la petite bague.

— Mais pourquoi ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? s'exclama-t-il d'un air effaré en s'agenouillant sur le lit pour se rapprocher du plus grand. Je ne comprends pas... Pourquoi tu m'as laissé chercher la vérité tout ce temps si tu pouvais tout me raconter ?

— Je te l'ai dit, Aurél... Ton cerveau a effacé ces souvenirs après l'attentat alors je me suis dit que ça valait mieux pour toi de ne pas te rappeler. Et puis après... je me suis dit qu'on pourrait devenir amis sans avoir ce... passé commun entre nous. Cette nuit d'horreur.

— Attends, je ne sais toujours pas tout. Juste... qu'on s'est retrouvé toi et moi enfermés dans une pièce, pour se cacher des terroristes, et que j'étais blessé. C'est grâce à toi que j'ai survécu ?

— Tu t'es évanoui avant l'arrivée des ambulances, malgré le fait que j'essaie de te garder conscient en te posant des questions sur toi. C'est comme ça que tu m'as dit ta date d'anniversaire d'ailleurs. J'ai seulement réussi à retarder l'échéance, je suppose... Mais quand je suis venu au bar en apprenant l'existence de ce groupe et que je t'y ai pas vu... j'ai cru que tu étais mort. Je savais pas où chercher pour te retrouver. J'étais désespéré.

— Mais... balbutia-t-il en fronçant les sourcils, essayant de se rappeler de ce qu'il savait de cette soirée. Guillaume ! Toi aussi, t'étais blessé ! Je me rappelle. À la jambe, oui, mais aussi à l'épaule. N'est-ce pas ?? »

Le plus grand lui lança un regard hésitant avant de hocher la tête et il attrapa les pans de sa chemise pour la déboutonner, avant même de se rendre compte qu'il portait une chemise blanche. Il ne s'en était même pas rendu compte tout à l'heure tant il était paniqué à cause de Julien, ni même un peu plus tôt à cause de son emportement par rapport à Clara. Il vit alors apparaître une cicatrice sur l'épaule gauche du plus grand, celle-ci semblant recousue par des points de suture, et il sentit ses yeux se border de larmes à nouveau :

« Comment j'ai pu... ne jamais m'en rendre compte ? balbutia-t-il et quand il effleura la cicatrice de ses doigts, il sentit Guillaume tressaillir au contact avant que celui-ci ne prenne sa main dans la sienne, reculant cette dernière de son épaule blessée. Ce sont ces points-là... qui se sont réouverts quand tu es tombé il y a deux jours, n'est-ce pas ? Ce n'était pas ceux niveau de ta jambe... »

Guillaume secoua la tête en souriant doucement et quand ses larmes se mirent à couler sur ses joues, il sentit le plus grand entourer son visage de ses mains :

« Aurél, ne pleure pas... murmura ce dernier en venant essuyer ses joues de ses pouces avec douceur et il secoua la tête, sentant une énorme détresse s'abattre en lui. Il n'y a rien de grave...

— Si... Je m'en veux... Énormément. De ne pas m'en être rendu compte. De ne pas avoir compris. Je suis trop bête.

— C'est vrai que t'as pas été très rapide sur ce coup-là, hein, lui répondit Guillaume en rigolant avant de redevenir sérieux quand il pleura de plus belle en l'entendant se moquer de lui. Oh, Aurél... Mais pourquoi tu pleures ? Tu la connais la vérité maintenant. Tu vois ? Tout va bien, non ?

— Non... Parce que je ne me souviens toujours pas... Ces blessures par exemple...? Comment tu te les aies faites ? Est-ce que c'est de ma faute ? Est-ce que t'as essayé de me protéger ? Et comment on s'est retrouvé tous les deux enfermés ensemble ? Où c'est qu'on était ? Explique-moi, Guillaume... Je veux savoir... »

Quand il explosa en pleurs, Guillaume le prit dans ses bras avec délicatesse et il sentit ce dernier se laisser tomber en arrière sur le lit en l'entraînant avec lui.

« Ok, mon cœur. Je vais te le dire, lui murmura Guillaume en le serrant contre lui et il sentit son palpitant rater un battement en entendant le petit surnom par lequel il l'avait appelé. Je vais tout te raconter. Tu es prêt ? lui demanda le plus grand et il hocha la tête contre son torse. Alors voilà... quand tu es arrivé dans le bar, tout trempé et dégoulinant de pluie, j'ai directement été attiré par toi. Mes yeux voulaient pas te lâcher et, le temps que le serveur t'indique où tu pouvais t'asseoir, je suis resté comme hypnotisé par ton visage. Tu semblais si triste. Si j'ai bien compris du coup, ton copain venait tout juste de te poser un lapin pour aller travailler. Ou plutôt pour aller se taper une meuf. Mais à ce moment-là, je ne le savais pas encore. Et toi non plus, je présume. Mais du coup, quand j'ai vu à quel point t'avais l'air triste, j'ai aussitôt eu envie de faire naître un sourire sur tes lèvres. Mes amis ont vu comment je te regardais et à un moment donné, alors qu'on avait déjà bien bu et que l'alcool commençait déjà à nous monter à la tête, ils m'ont donné pour défi d'aller te parler. D'aller te draguer. Clara venait de partir juste avant que tu n'arrives vu qu'elle travaillait le lendemain matin et ça faisait quelques temps déjà que je me demandais si je ressentais encore quelque chose pour elle. J'en avais même parlé à mes amis, tu sais... soupira Guillaume en repensant à ses doutes de cette époque. Mais on était tout juste fiancés et je me disais que c'était trop tard maintenant. Alors quand je suis venu te parler et que j'ai vu à quel point ça matchait entre nous... quand j'ai vu que j'arrivais à te faire rire et que je me sentais si bien avec toi... j'ai eu envie de t'embrasser.

— T'as eu envie m'embrasser ? répéta-t-il, surpris de ne pas se souvenir de ce moment, et quand il releva la tête pour regarder Guillaume, il vit le sourire triste que celui-ci avait sur les lèvres tandis qu'il l'observait. Et tu... l'as fait ?

— J'ai tenté, oui, mais tu m'as repoussé aussitôt. Et l'instant d'après, tu as aperçu la bague à mon doigt et tu m'as giflé.

— Je t'ai giflé ?? s'exclama-t-il en écarquillant les yeux. Oh non, Guillaume... Je suis désolé...

— Comme je t'ai dit, tu l'as assez mal pris, rit doucement Guillaume. Tu m'as demandé si je n'avais pas honte, puis tu m'as dit que de toute façon, tu avais un copain donc fiancé ou pas, ça ne changerait rien. Et ensuite, tu es parti en direction des toilettes.

— Ceux... qui sont au bout du couloir quand on sort de la salle ? demanda-t-il d'un air hésitant, essayant de se rappeler d'où se trouvaient ces derniers, et Guillaume hocha la tête.

— Je me suis retrouvé comme un con, mes potes se marrant derrière moi et la joue me brûlant après ta gifle, continua de raconter le plus grand et il sentit ses joues le chauffer de honte de l'avoir giflé. Alors ça m'a énervé de m'être fait humilié comme ça et j'ai décidé d'aller te parler aux chiottes. Je ne voulais pas te faire peur et en chemin je m'étais déjà calmé, mais quand tu m'as vu devant la porte en sortant de ces derniers, ben tu t'es mis à paniquer. Je crois que tu avais peur que je sois un gros lourd et que j'insiste alors que je voulais seulement m'excuser d'avoir essayé de t'embrasser sans t'en demander la permission, alors tu m'as poussé en me disant de te lâcher avant de t'enfuir en courant en direction de la salle, et là j'ai pas supporté. Je voulais vraiment pas que partes avec une mauvaise image de moi, même s'il n'y avait que très peu de chances qu'on se recroise plus tard dans notre vie, alors je t'ai couru après. Et c'est pile à l'instant où tu es entré en courant dans la salle que j'ai entendu les coups de feu. Plutôt comme... une rafale, on va dire, précisa Guillaume et il frissonna contre lui en ayant l'impression de revivre la scène à travers son récit. Je t'ai vu t'écrouler par terre et quand j'ai tourné la tête vers mes amis, j'ai vu qu'ils étaient tous au sol, baignant dans une mare de sang. Alors j'ai regardé les terroristes et j'ai vu qu'ils ne m'avaient pas vus, de là où je me tenais, encore dans le couloir, car j'étais encore un peu caché. Puis je t'ai entendu pousser un petit gémissement et quand je t'ai regardé de nouveau, j'ai vu que tu essayais de te traîner en direction du couloir où je me tenais, vers moi. Lorsque tu m'as vu en relevant le visage, tu as secoué la tête comme pour me dire de ne rien faire sinon ils allaient essayer de me descendre moi aussi et, j'ai honte de l'avouer, mais pendant un instant j'ai hésité. »

Fiction OrelxGringe - Te retrouver. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant