Partie 7 - Le rêve.

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Trois jours plus tard.

Il se réveilla en sursaut en voyant quelqu'un le mettre en joue dans son cauchemar et il se mit à haleter péniblement dans la pénombre, à la recherche du visage terrifiant du tireur dans le noir de sa chambre. De sa main droite, il vint agripper son tee-shirt de pyjama à l'endroit où se trouvait son cœur en dessous et il referma les yeux fortement sous la douleur, ayant du mal à respirer correctement. Encore une fois, il avait rêvé de l'attentat. Il ne semblait rêver que de ça ces derniers mois. Il ne se rappelait pas d'une seule fois lors de ces six derniers mois où il avait rêvé d'autre chose que des terroristes qui l'avait pris lui, ainsi que les autres personnes présentes ce soir-là, pour cible. Ils avaient eu l'air tellement dénués de tous sentiments quand ils avaient tiré, ça le terrifiait de se dire que des humains pouvaient agir ainsi envers d'autres humains. Alors il préférait se dire que c'en était pas. Ces hommes étaient des monstres. Des monstres qui peuplaient à présent ses rêves à chaque fois qu'il réussissait à trouver le sommeil. Il se tourna pour se blottir contre son copain afin d'éloigner le visage sombre du tireur de son cauchemar, mais ne trouva que du vide et il rouvrit les yeux en se rappelant soudain de la triste vérité. Julien n'était plus là. Il était parti parce qu'il n'en pouvait plus de lui. Parce qu'il trouvait qu'il ne faisait pas assez d'efforts pour remonter la pente. Il l'avait abandonné, malgré ses supplications. Il sentit alors les larmes se mettre à couler le long de ses joues en repensant à la scène qui s'était jouée trois jours plus tôt, annonçant le départ de son petit-ami. Il était à présent seul au monde. C'est alors qu'il pensa à Guillaume, le garçon qui avait vécu la même chose que lui et qui lui avait passé son numéro dès la première fois où ils s'étaient rencontrés. Ce garçon qui, sans qu'il ne puisse l'expliquer, faisait grandir une chaleur rassurante dans sa poitrine à chaque fois qu'il le voyait. Guillaume était là pour lui, il le lui avait dit. Il lui avait dit qu'il pouvait l'appeler à chaque heure du jour ou bien de la nuit et qu'il répondrait s'il était en capacité de le faire. Alors il attrapa son portable sur sa table de chevet et appuya sur le nom de Guillaume afin de l'appeler, espérant que celui-ci ne décroche. Malheureusement, ce dernier resta sourd à ses appels et il raccrocha, déçu. 4h du matin. C'était normal qu'il ne réponde pas, il devait dormir comme tous les gens normaux. Il ne put cependant pas s'empêcher de ressentir une petite pointe de déception et il poussa un soupir avant de se rallonger dans son lit. Lit qui était bien trop grand pour lui tout seul à présent. Il fixa la pénombre un long moment, des dizaines de minutes ou peut-être même des heures, avant de se rendormir enfin, tombant littéralement d'épuisement avec son téléphone portable dans la main.

***

Il se réveilla de nouveau en sursaut plusieurs heures plus tard en entendant son téléphone portable sonner près de lui. Il rouvrit difficilement les yeux, ayant l'impression de n'avoir dormi que quelques minutes tout au plus, et il attrapa son portable qu'il avait lâché durant son sommeil et qui reposait à présent devant son ventre sur le matelas. Il ne prit pas le temps de regarder qui l'appelait alors quand la voix chaleureuse de Guillaume retentit dans son oreille, il écarquilla les yeux de surprise :

« Eh, salut, Aurélien. T'as essayé de m'appeler cette nuit ? Désolé, j'avais mis mon téléphone en mode avion, je t'ai rappelé dès que je m'en suis rendu compte, j'espère que tout va bien ? »

Il resta silencieux un instant, ne sachant pas que répondre à ça, avant de se reprendre en entendant Guillaume l'appeler d'une intonation inquiète.

« Aurélien ?

— Euh, oui, oui, je suis là... Désolé, s'excusa-t-il en se redressant sur son lit pour s'adosser à son oreiller, puis il se passa une main dans les cheveux. Je... J'ai... J'ai fait un mauvais rêve et comme j'étais tout seul chez moi... Je ne sais pas pourquoi mais... J'ai subitement pensé à toi et... alors j'ai voulu t'appeler... mais bien sûr que t'allais pas répondre en plein milieu de la nuit, c'est normal...»

À l'autre bout du fil, Guillaume ne répondit rien, et il se passa une main sur les yeux pour essuyer les larmes qu'il sentait déjà monter en lui. Guillaume sortit alors de son silence, comme s'il pouvait se douter de son état malgré le fait qu'il ne pouvait pas le voir.

« Aurélien ? Tu es tout seul chez toi ?

— O-Oui, pourquoi...?

— Non, je veux dire... Ton copain n'est pas là ? entendit-il Guillaume lui demander d'un air hésitant et il écarquilla les yeux en l'entendant parler de Julien avant de s'effondrer en larmes.

— Mon... copain...? Guillaume, comment tu sais que j'ai un copain ? Est-ce que ça aussi... Je te l'ai raconté ?

— Oui, Aurélien. Tu m'en as parlé. Ce soir-là... Attends, pourquoi tu pleures ? C'est à cause de ma question ?

— Il est parti, sanglota-t-il douloureusement et il se passa une main sur les yeux pour s'empêcher de pleurer, en vain. À cause de moi...

— Quoi ? Comment ça ?

— Guillaume... J'en peux plus, je suis épuisé... J'ai besoin... besoin que quelqu'un soit à mes côtés... Et il est pas là...

– Ok, ok, Aurél, calme-toi, entendit-il Guillaume dire précipitamment et son cœur rata un battement au surnom. Donne-moi ton adresse et je te promets de venir aussi vite que je le peux, d'accord ?

— D'accord... Merci, Guillaume... Et... désolé... pour tout...

— Ne me remercie pas. Raccroche et envoie-moi ton adresse pour que je puisse te rejoindre. D'accord ? On se voit tout de suite, Aurél. »

Il acquiesça à travers ses larmes et raccrocha comme le lui avait demandé Guillaume afin de pouvoir lui envoyer son adresse par texto. Il vit alors l'heure qu'il était sur son écran – six heures du matin –, et fut étonné que Guillaume l'ait appelé aussi tôt. Il n'avait pas menti, il l'avait appelé dès qu'il s'était rendu compte de son appel, sûrement à son réveil. Il ne s'attarda pas longtemps sur ce point pour lui écrire rapidement son adresse et une minute même pas après avoir envoyé son texto, il reçut une réponse de Guillaume. J'arrive tout de suite. Cette réponse fit grandir une petite chaleur dans son cœur. Oui, Guillaume était bien là pour lui, comme il l'avait pensé en se réveillant de ce cauchemar. Même si le mystère qui l'entourait s'épaississait de jour en jour, Guillaume était là. Il serait bientôt près de lui et il se sentit immédiatement mieux en pensant à ça.

Fiction OrelxGringe - Te retrouver. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant