Deux semaines plus tard.
Il se réveilla en sursaut une fois de plus après avoir fait le même rêve que la dernière fois. Il resta assis sur son matelas et adossé à son oreiller, le souffle court et ayant du mal à respirer. Cela dura peut-être bien dix minutes, pendant lesquelles il essaya de réguler sa respiration, avant qu'il n'attrape son téléphone portable sur sa table de chevet. Il appuya sur le numéro de Guillaume comme par automatisme avant de se dire une fois que la sonnerie se fit entendre de l'autre côté du combiné que Guillaume dormait sûrement déjà comme la fois dernière et ne répondrait donc pas. Il éloigna un instant son téléphone de son oreille pour regarder son écran et vit qu'il était déjà trois heures du matin. Aucune chance pour qu'il ne réponde, se dit-il alors en voyant l'heure tardive qu'il était, cependant un petit clic se fit entendre et il haussa les sourcils, surpris.
« Allô ? entendit-il la voix du plus grand dire à l'autre bout du fil alors qu'il avait les yeux rivés sur l'écran de son portable et il écarquilla les yeux en comprenant que Guillaume venait de répondre à son appel. Aurél ?
— Gui-Guillaume ? Tu es là ? dit-il précipitamment en collant le téléphone à son oreille et de l'autre côté, il eut l'impression d'entendre Guillaume exhaler un petit rire.
— Oui, je suis là. J'ai répondu cette fois.
— Mais... tu ne dors pas ?
— Si, si, je dormais, répondit le plus grand en baillant et il fronça les sourcils, confus, alors qu'il sentait son cœur battre la chamade dans sa cage thoracique. Mais je ne mets plus mon téléphone sur mode avion maintenant. Au cas où tu m'appelles. Pour pouvoir répondre.
— Vraiment...? balbutia-t-il, le cœur battant la chamade dans sa cage thoracique à cette déclaration.
— Oui, ça me rassure de savoir que tu peux me joindre si jamais tu as un problème ou encore si tu as besoin de moi, répondit Guillaume et il eu l'impression d'entendre un sourire dans sa voix quand il lui dit ça. Et je vois que j'ai bien fait vu que tu m'appelle là... D'ailleurs, ça va ? Pourquoi tu m'appelle ? Tu as refait un mauvais rêve ?
— Je... Oui... J'ai encore rêvé de la pièce sombre. Avec l'homme inconnu... »
Guillaume ne dit rien un long moment, comme s'il attendait qu'il développe, avant qu'il ne l'entende reprendre la parole :
« Aurél, est-ce que tu veux que je vienne ? Je peux être chez toi dans vingt minutes. Grand max.
— Tu... Tu es sûr ? Je veux pas te déranger... Il fait nuit noire dehors et il est tard... Ça me gêne...
— Si je te propose c'est que ça me tient à cœur, d'accord ? Je veux pouvoir te rassurer, Aurél. Et là, je sens que tu as besoin de l'être. N'est-ce pas ? »
Il hésita encore un moment avant d'accepter. Si Guillaume insistait pour venir le rassurer en pleine nuit, qui était-il pour décliner ? Il avait raison, il avait besoin de l'être. Et Julien n'était pas là pour le faire. Il ne l'avait jamais fait même. Que ce soit à sa sortie de l'hôpital ou bien le mois dernier avant qu'il s'en aille. Jamais. Alors pour une fois que quelqu'un se proposait d'être là pour lui, il n'allait pas dire non. Il avait le droit d'être un peu égoïste de temps en temps. À l'autre bout du fil, il entendit Guillaume lui dire qu'il serait bientôt là et il hocha la tête d'un air absent avant de raccrocher. Guillaume serait bientôt là, oui. Et à cette pensée, la même chaleur agréable de d'habitude fit son apparition dans sa poitrine. C'était agréable de voir qu'on comptait pour quelqu'un.
***
« Tiens, ton thé. »
Il releva la tête en entendant Guillaume s'adresser à lui près de trente minutes plus tard et il lui sourit en le voyant debout devant lui avant de prendre la tasse fumante que celui-ci lui tendait.
« Merci...
— Alors... Est-ce que tu veux me raconter ? Ce que tu as vu dans ton rêve cette fois.
— D'accord... Oui... C'était... toujours dans la même pièce que la dernière fois. Sauf que cette fois... j'ai cru pouvoir reconnaître une cave, raconta-t-il, resserrant ses mains autour de la tasse fumante. Enfin, une pièce en sous-sol en tout cas. J'étais avec le même homme qu'à chaque fois, toujours blessé à l'épaule et avec une bague à l'annulaire gauche, mais cette fois j'ai pu voir qu'il portait une chemise blanche. La dernière fois, je n'avais pas réussi à distinguer ses vêtements...
— D'accord... dit Guillaume avant de boire une gorgée de son thé. Et... cet homme, est-ce qu'il faisait quelque chose en particulier ?
— Et bien... Oui... Il... me parlait. Mais je n'entendais pas le son de sa voix, je voyais seulement sa bouche bouger... J'ai l'impression qu'il essayait... de me rassurer ? Et... aussi... il a mis sa main... celle avec la bague... sur mon ventre, raconta-t-il, une boule venant se loger dans sa gorge à la mention de cette dernière, et Guillaume resta silencieux. Je crois qu'il essayait... de faire en sorte que j'arrête de saigner. Car c'est à cet endroit que je me suis fait tirer dessus. Même si la balle n'a fait que m'effleurer... J'ai une cicatrice maintenant et... »
Il s'effondra en larmes sans plus pouvoir se retenir en pensant à cette dernière, monstrueuse sur son bas-ventre, et il sentit Guillaume lui enlever sa tasse des mains avant de l'attirer à lui.
« Eh... Aurél, tout va bien. C'est fini. Le cauchemar est terminé. Tu n'es plus là-bas. Tu t'en es sorti. On s'en est sortis. D'accord ?
— Et... Et lui ? bégaya-t-il alors, pensant à l'homme de ses rêves. Tu crois qu'il s'en est sorti aussi ? Qu'il va bien ? demanda-t-il, le cœur serré et lui faisant mal, et Guillaume resta silencieux un long moment avant de reprendre la parole.
— Bien sûr. Je suis sûr qu'il va bien aussi, Aurél.
— Tu es sûr ? Parce que Guillaume... il s'est occupé de moi. Et si je suis vivant aujourd'hui... c'est sans doute grâce à lui, pleura-t-il dans les bras du plus grand. Alors maintenant... il faut que je le retrouve... Pour m'assurer qu'il va bien. Tu comprends ? »
Guillaume ne répondit rien à ça et il pleura de plus belle contre lui tandis que ce dernier lui caressait les cheveux pour l'apaiser. Puis il le sentit hocher la tête contre la sienne et déposer un petit baiser sur son cuir chevelu :
« Oui, Aurél, je comprends. Et lui aussi... lui aussi, sans aucun doute, il te cherche. Pour s'assurer que tu vas bien toi aussi. »
Il renifla contre le torse du plus grand, à présent un peu plus soulagé que quand il s'était réveillé de ce rêve. Peut-être oui qu'il me cherche... Comme toi tu m'as cherché, Guillaume. Pourquoi tu m'as cherché ? Qu'est-ce qu'il s'est passé entre nous ? Il s'endormit sur ces questionnements, tout contre Guillaume et enveloppé de sa chaleur. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi bien en présence de quelqu'un. Et ça faisait du bien.
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Fiction OrelxGringe - Te retrouver.
FanfictionAurélien retombe sur le bar où un drame s'est passé pour lui il y a près de six mois. Et après ça, il n'aura de cesse d'essayer de retrouver ses souvenirs.