Partie 6 - Le départ.

47 5 0
                                    

Il était en train d'observer d'un air ailleurs la couverture du livre que lui avait offert Guillaume en le quittant après leur discussion dans le parc quand il entendit son petit-ami entrer dans le salon, le sortant de ses pensées. Celui-ci se mit aussitôt à lui parler et il l'écouta parler de sa journée au bureau d'une oreille distraite tandis que son esprit était concentré sur les derniers mots que lui avaient dit Guillaume avant de partir. Je ne sais pas, Aurélien. Et même si je savais, je pense que c'est à toi, et à toi seul, de remonter tes souvenirs, sans aide extérieure. Je te le redis, je pense que si ton cerveau ne veut pas se souvenir de l'après, c'est pour une bonne raison. Il sentit Julien déposer un petit baiser sur sa joue en le rejoignant sur le canapé du salon et il sortit de ses pensées, une nouvelle fois interrompu par ce dernier.

« Alors, Aurélien... Qu'est-ce que tu as fait, aujourd'hui ? Regardé la télévision, lu un livre, peut-être même dormi toute la journée ?

— Arrête... marmonna-t-il en repoussant Julien. Tu ne me fais pas rire.

— C'est pas censé être drôle, dit Julien en revenant à l'attaque, l'embrassant de nouveau, et il fronça les sourcils, n'en ayant pas du tout envie. Mais comme tu es bien reposé, par rapport à moi qui me tue à la tâche, je suppose que t'es en forme du coup ? Enfin, j'espère.

— De quoi tu parles ? murmura-t-il, irrité, avant de le repousser en le sentant sur le point de lui monter dessus. Mais arrête ! Qu'est-ce que tu fous ?!

— C'est comme ça que tu m'accueilles ?! Alors que je bosse comme un taré toute la journée pendant que toi tu restes à la maison à rien branler. À déprimer dans le noir ! À rien foutre si ce n'est dormir et pleurer ! J'en peux vraiment plus de toi ! »

Il écarquilla les yeux en entendant son copain lui dire ça et le suivit des yeux tandis qu'il tournait les talons avant de se lever à son tour, la colère montant en lui.

« Mais... Mais comment tu peux dire une chose pareille ?! Tu comprends pas que je suis traumatisé, Julien ?! Tu comprends ce que j'ai vécu au moins ?! Tu sais ce que c'est qu'un attentat ?!

— Mais bien sûr que je sais ! Mais ça fait six mois là ! Il s'agirait d'avancer ! D'arrêter de se morfondre dans son malheur ! Un peu plus et c'est ma faute quoi !

— Quoi ? Mais... bafouilla-t-il, confus de se prendre tout ça en pleine figure avant de percuter ce qu'il venait de dire. Hein ? Mais de quoi tu parles ? Pourquoi ça serait de ta faute ?

— Oh, tu sais... Parce que je t'ai planté pendant le dîner alors qu'on était censé passer enfin une soirée tous les deux, dit Julien d'une voix pleurnicharde et il fut persuadé qu'il l'imitait lui à ce moment précis. Alors je suis sûr que tu étais énervé même si t'as préféré rien laissé paraître et que du coup, tu t'es retrouvé à aller boire seul dans ce bar.

— Tu m'as planté ? répéta-t-il, ne se rappelant plus vraiment de ce qu'il s'était passé avant qu'il n'entre dans ce bar et Julien le défia du regard avant de le rejoindre.

— Ouais. J'ai été appelé au bureau. Tu te rappelles ?

— À... 23h...? » bafouilla-t-il, se rappelant que l'attentat au bar s'était déroulé vers minuit.

Julien le regarda encore une fois d'un air défiant et il fit un pas en arrière, un peu effrayé par ce regard de sa part.

« T'étais... au bureau...? À cette heure-là...? Pour le travail...?

— Putain, Aurélien. Tu vois, même te mentir c'est plus fun, lui cracha Julien et il sursauta à ça. T'es vraiment idiot ou quoi ?! Bien sûr que je n'étais pas vraiment au boulot et encore moins pour travailler ! Je baisais avec quelqu'un d'autre ! Je t'ai laissé en plan au restaurant pour aller baiser ! Tu le comprends ça ?! »

Un petit sanglot passa le seuil de ses lèvres quand Julien le secoua par les épaules en lui criant ça. Julien l'avait trompé. Peut-être le trompait-il depuis des années même. Et là, il en avait tellement marre de lui qu'il lui jetait tout ça à la figure, sans prendre la peine de lui mentir ou bien de prendre des pincettes.

« Non... C'est pas vrai... Tu mens...

— Bien sûr que si que c'est vrai, putain ! Je me faisais chier avec toi, Aurélien ! Et là, tu vois, ça continue ! Ça devient irrespirable d'être près de toi ! Tu me pompes toute mon énergie et en plus, je peux même plus te baiser !

— Arrête... S'il te plaît... Tu penses pas ce que tu dis, sanglota-t-il en plongeant un regard larmoyant dans celui de son copain et celui-ci secoua la tête en l'entendant dire ça.

— Évidemment que je le pense, Aurélien. Et tu veux savoir ce que je pense d'autre ? Je pense que tu aurais peut-être dû y passer ce soir-là, lui dit Julien et il écarquilla les yeux de terreur en l'entendant lui dire ça. Ça nous aurait évité d'avoir cette dispute aujourd'hui. Je pense que tu m'étouffes. Que j'ai besoin d'espace et de respirer. Alors je pense que je vais partir. Je vais aller vivre ailleurs quelques temps. Je te laisse l'appart en attendant.

— Non, je t'en supplie... l'implora-t-il en se laissant chuter au sol alors que dans un coin de sa tête, son esprit encore choqué par ce qu'il venait de lui dire lui criait de lui hurler de se casser. Julien, ne me laisse pas... Comment je vais faire... sans toi...? J'ai besoin de toi près de moi. Je t'aime... Pourquoi...? Je m'améliorerai. Je te promets... Je ferai des efforts...

— Lâche-moi, Aurélien, s'exclama son copain en le repoussant alors qu'il tentait de s'accrocher à ses jambes. Ma décision est prise. Je reviendrai dans plusieurs semaines si je me sens mieux. En attendant, essaye de te reprendre en main. »

Il s'effondra en larmes en le voyant lui tourner le dos et Julien disparut un instant avant de reparaître avec un sac de voyage.

« Me laisse pas... Je t'en supplie... » l'implora-t-il de nouveau en le suivant du regard, les larmes inondant à présent son visage.

Julien se retourna vers lui pour le regarder d'un air froid et ce qu'il lut dans ses yeux lui serra le cœur. Tu es pathétique. Son copain tourna alors les talons pour sortir du salon et une seconde plus tard, il sursauta en entendant la porte d'entrée claquer bruyamment. Oui, il était pathétique. Son petit-ami avouait l'avoir trompé et même penser vouloir qu'il ne soit plus de ce monde, et lui il pleurait son départ alors qu'il aurait dû être celui qui le poussait vers la sortie. Mais c'était plus fort que lui. Il n'avait jamais connu personne d'autre que Julien dans sa vie pour l'épauler. Et il était tellement fragile en ce moment, il avait peur de faire une connerie sans lui. En vérité, c'était parce qu'il n'arrivait pas à remonter la pente que Julien était parti. C'était de sa faute. Parce qu'il l'oppressait. Alors il s'effondra sur le parquet de son salon, en pleurs, et poussa un long cri de douleur en venant agripper son tee-shirt à l'endroit de son cœur. Il avait envie de mourir.

Fiction OrelxGringe - Te retrouver. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant