Partie 18 - Une nouvelle vie.

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Ça faisait peut-être bien vingt minutes maintenant qu'il était blotti tout contre Guillaume, caressant son épaule blessée de ses doigts avec délicatesse et la tête sur épaule tandis que Guillaume, lui, caressait ses cheveux, lorsqu'il se redressa sur ses coudes pour le regarder attentivement malgré la fatigue qui gagnait de plus en plus de terrain en lui :

« Dis-moi, Guillaume... commença-t-il à dire avant de s'interrompre, hésitant à poser la question à laquelle il pensait depuis quelques minutes déjà.

— Oui, Aurél ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je me demandais... Tout à l'heure, quand tu es venu au bar... c'était pour moi ?

— Pour qui d'autre que toi ? lui sourit le plus grand d'un air attendri en caressant sa joue et il se sentit rougir légèrement. Je savais que t'avais une séance de groupe aujourd'hui, alors je me suis dit que si j'arrivais pas à t'avoir sur ton téléphone ou en me déplaçant chez toi, je pourrais encore venir te chercher là-bas.

— Je suis désolé d'avoir réagit comme ça... Ce qu'a dit Clara à l'hôpital... ça m'a rendu très triste. De me dire que vous étiez ensemble et de me dire que je pouvais partir et qu'elle s'occupait de toi à présent... Je me suis senti comme un moins que rien tout à coup et je me suis rendu compte alors... que je t'appréciais bien plus qu'un ami en réalité. Et ça m'a fait bizarre de m'en rendre compte. Alors quand je suis rentré à la maison... avec les chocolats vu qu'elle m'a dit que tu n'aimais pas ça, j'ai mangé ces derniers pour oublier ce que je pensais ressentir pour toi. Mais... je suis allergique au chocolat alors j'ai passé la nuit à vomir après ça.

— Oh, Aurél... Vraiment ? lui demanda Guillaume et il hocha la tête, embarrassé.

— Oui, j'ai vraiment réagi bêtement. Et les deux jours qui ont suivis... je me sentais beaucoup trop faible pour avoir une discussion importante avec toi. C'est pour ça que j'ai pas répondu à tes appels, ni suis venu ouvrir quand t'es venu sonner chez moi. Enfin... avec le fait que j'étais encore énervé...

— Je comprends, mon ange.

— Je voulais juste... être tout à fait au clair avec toi. Que tu saches tout. Et je veux que tu saches... que même si je savais pas encore que c'était toi l'inconnu dont je rêvais, et bien que c'était de toi dont j'avais envie.

— Ah oui ? le taquina le plus grand en passant une main dans sa frange et il sentit ses joues le chauffer doucement.

— Oui, depuis que je t'ai rencontré, mon cœur s'emballe à ton contact. Et peut-être que c'est parce qu'inconsciemment il sait que c'est toi mon héros, mais petit à petit, je suis tombé amoureux de toi.

— Moh, Aurél, comment tu m'as appelé là ?

Mon héros, répéta-t-il, le rouge aux joues et un large sourire s'inscrivit sur les lèvres de Guillaume à ça.

— Tu sais, t'es pas mal aussi en héros, mon chat. C'est toi qui ne voulais pas que je vienne t'aider pour que je reste caché, je te rappelle. Et c'est toi qui m'a poussé dans le couloir quand tu as vu que j'avais été touché.

— Peut-être, mais c'est aussi de ma faute si... Enfin, bref, là n'est pas la question. On est tous les deux en vie et c'est ça qui m'importe aujourd'hui, dit-il en enfouissant son visage dans le creux du cou de Guillaume. Mais du coup... je voulais savoir, par rapport à tout à l'heure. Est-ce que Julien t'a fait quelque chose après que je me sois évanoui ?

— Non, mon chat, il a pas eu le temps. Tous les gens du bar s'étaient déjà rameutés en le voyant te pousser contre la barrière. Tu dois avoir un joli bleu d'ailleurs, lui dit Guillaume en glissant sa main dans ses cheveux. Et puis, je pense pas qu'il soit assez bête pour frapper un handicapé comme moi, non ? l'entendit-il dire dans un rire et il sourit en comprenant qu'il parlait de sa jambe.

— Tu pourrais être étonné... »

Il observa attentivement son copain – vu que c'était comme ça qu'il avait envie de l'appeler maintenant – et les petites pattes d'oies qu'il vit apparaître au coin de ses yeux à son rire le fit fondre intérieurement.

« Guillaume ?

— Oui, Aurél ?

— J'ai envie de partir loin d'ici. Très loin, dit-il alors qu'il sentait ses yeux se fermer sous la fatigue et il sentit le plus grand caresser sa nuque de ses doigts avec délicatesse, l'attirant à lui doucement. Quelque part où on pourrait tout recommencer à zéro.  Toi et moi. Est-ce que... c'est une idée qui te plairait ?

— Bien évidemment. J'irai n'importe où sur cette planète tant que je suis avec toi. Plus rien ne me retient ici de toute façon. T'as une idée en tête ? »

Il réfléchit un moment avant de hocher la tête dans son cou.

« Avant... j'habitais dans une autre ville que Paris. J'y ai laissé mes amis, mes parents, mes grands-parents, mon frère et ma sœur... Tous les gens qui comptaient pour moi. J'ai tout plaqué pour suivre Julien ici. Et ça fait longtemps que je ne les ai pas vus. Ils sont même pas au courant pour l'attentat... Alors si ça te dit... on pourrait peut-être commencer par là-bas avant de parcourir la planète ? En plus, je suis sûr qu'ils vont t'adorer.

— Quelle ville ?

— À Caen. En Normandie... »

Guillaume l'amena à se redresser légèrement pour pouvoir l'embrasser et son cœur sauta dans sa poitrine, n'étant pas encore habitué à ce qu'il l'embrasse ainsi. C'était si agréable.

« Avec plaisir, mon cœur. Et je suis sûr que je vais les adorer moi aussi. J'ai déjà hâte de les rencontrer, murmura contre ses lèvres Guillaume et la même chaleur que d'habitude prit possession de lui à ça.

— Vraiment ? Tu acceptes vraiment qu'on aille là-bas ?

— Tout ce qui te fait plaisir, je t'ai dit. Je ne suis pas Julien, Aurél, tu peux me faire confiance quand je te dis que je suis d'accord pour faire quelque chose. »

Il était fou amoureux de Guillaume. Et il était si content que ça soit réciproque, contrairement à ce qu'il avait pu penser quelques heures seulement plus tôt. De plus, il allait pouvoir revoir sa ville, y emménageant en compagnie du plus grand afin de commencer une nouvelle vie là où tous les gens qu'il aimait habitaient. Alors il se blottit contre Guillaume, au comble de la joie, et ferma les yeux pour enfin s'endormir, contre la chaleur de l'homme qu'il aimait. Il était tellement heureux. Et ça, c'était grâce à lui. Alors peut-être que cette expression était vraie après tout. Dans chaque malheur, il y avait un rayon de lumière. Et le sien, il s'appelait Guillaume Tranchant.

Fiction OrelxGringe - Te retrouver. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant