Acte 3, scènes 2 et 3 : Le Trône et le Temple

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Scène 2

L'ÉTRANGER, ALCIBIADE, SOCRATE ET POLÉMARQUE

L'étranger est conduit à Socrate par Alcibiade. Ils arrivent devant les marches du palais.

L'ÉTRANGER : Voici donc la très grande et superbe demeure !

C'est ce palais magique où réside l'ardeur,

Du puissant roi dominant la côte d'Égée.

Quel sera son accueil pour le pauvre étranger ?

Oh, j'espère trouver en ce lieu,

Un homme dont l'esprit serait l'égal d'un dieu !

ALCIBIADE : Tu n'as le droit à rien, alors tais-toi.

L'ÉTRANGER : Oh, mais je vois des tours atteignant presque les nuages,

À l'orée de statues figurant de grands sages ...

ALCIBIADE : Bientôt, tu ne pourras plus parler.

L'ÉTRANGER : (Il décrit les statues qu'il voit.) Pythagore (1), Parménide (2) et les belles Idées.

ALCIBIADE : (En aparté, il énumère ce qu'il va lui sectionner et briser.) Les tendons, le tibia, la trachée ...

L'ÉTRANGER : La Justice, la Tempérance et la Santé !

ALCIBIADE : Tais-toi, l'étranger ; l'inculte !

L'ÉTRANGER : Tout ceci doit être un culte,

La beauté d'une Idée ne peut être représenté,

On ne peut que la contempler.

ALCIBIADE : Ta gueule !

L'ÉTRANGER : Oh, que je suis seul !

Ce lieu est un temple dédié aux Idées.

Son créateur pense avoir trouvé la Beauté,

Mais c'est la déraison qui loge en sa maison.

Pourquoi autant d'orgueil en sa juridiction ?

ALCIBIADE : Quoi ? Que veux-tu dire, manant plein de haine ?

L'ÉTRANGER : Rien, je me suis libéré de mes chaînes,

Contrairement à un sot comme toi,

Qui obéit aveuglement aux lois,

Et qui pense qu'un juron pieux,

Peut accorder la faveur des dieux.

(Alcibiade ne tenant plus, le jette entre deux gardes et l'étranger vient s'aplatir aux pieds de Socrate.)

L'ÉTRANGER : (Il s'adresse à lui.) C'est donc par votre loi que je fus arrêté ?

Par les griffes d'un lion, finement aiguisées.

SOCRATE : (Il s'adresse à Alcibiade.) Est-ce vrai ce que dit le manant ?

ALCIBIADE : Ce n'est que vile sornette, ne l'écoute pas !

L'ÉTRANGER : (En aparté.) C'est donc par ce biais que parle leur vérité.

Ah ! Père, viens me sauver de ce guêpier !

ALCIBIADE : Que dois-je faire de ce rebut, excellent Socrate ? Par Hercule ! Ne dis qu'un mot et je lui brise l'omoplate.

SOCRATE : Allons Alcibiade, calme ton zèle et sers-toi de ta raison. Exerce ta volonté pour mieux me servir.

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