Three or Nothing

Chapitre 22 (Max)

Je me réveille en sursaut lorsque j'entends une porte claquer. La tête en vrac, je me frotte le visage et tente de me repérer en plissant les yeux.

Putain de lumière aveuglante... Et Putain de gueule de bois...

Bordel, mais qu'est-ce qui m'a pris hier soir à boire autant ? De plus devant Adams qui est sobre depuis seulement quelques mois. Pourquoi j'ai fait ça, merde ? 

Parce que peut-être pour une fois, tu ne contrôles plus rien ?

C'est clair que là, je suis totalement dépassé par ce qui se passe. Pour les braquages, j'arrivais encore à gérer, même si parfois j'ai dû remettre de l'ordre dans tout ce bordel pour que ça tienne la route. Sauf que là, je ne gère absolument rien. Ni mon contrôle, ni mes émotions, ni même cette gonzesse qui me fait complètement devenir chèvre. Elle me fait passer par des tas d'avis contradictoire que j'en perds moi-même mon sens d'orientation. C'est affligeant.

Elle est affligeante...

— Tu souffres, j'espère ? me fait face tout à coup mon ami.

Il s'assied sur le fauteuil, une tasse à la main et m'en tend une autre que j'accepte volontiers. L'odeur du café m'aide doucement à remonter à la surface. Ok, j'ai picolé pour me donner la force d'affronter miss têtue dans sa quête du grand frisson injustifié. Mais ce n'est pas une raison pour me mettre aussi mal. Ou peut-être que si...

Enfin bref, c'est douloureux, mais je l'ai bien cherché. 

— À peine, plaisanté-je en me redressant. C'était quoi ce bordel ?

— D'après toi ?

— Un courant d'air à la chevelure brune ? Elle est partie, c'est ça ? 

Je m'installe en tailleur, remonte mes cheveux sur le crâne et plonge littéralement mes lèvres  dans le liquide chaud qui caresse délicatement ma langue asséchée et apaise ma gorge irritée.

La journée risque d'être pénible.

— Non, rit-il en s'entassant au fond de son assise pour poser une cheville sur sa cuisse.

Je suis peut-être égoïste, mais je me sens soulagé qu'elle soit encore dans les parages. Déjà, parce que je peux encore garder un œil sur elle, afin d'éviter que l'on soit dénoncés lorsqu'elle sera interrogée. Même si elle décide de ne rien dire, nous ne sommes pas complètement à l'abri. Mais aussi, parce que je n'ai pas envie de la savoir loin de nous. Elle a trop piqué ma curiosité avec ce qu'il s'est passé entre nous trois. Il faut que je retente cette expérience pour savoir si c'est moi qui m'ai fait des idées ou alors si cette passion était bien réelle. Parce que je n'arrive pas à me la sortir de la tête et ça fait chier.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? tenté-je de comprendre son humeur railleur.

— Visiblement, elle est prête à tout pour faire ce putain de coup avec nous.

— C'est à dire ?

— Elle vient de me faire des avances dans la cuisine et même si c'était très tentant de me laisser faire, j'ai résisté et elle l'a mal pris, sourit-il amusé.

— Toi ? Tu as refusé ? Mais où est passé ce queutard d'Adams ?

— Dis celui qui butine dans tout ce qui bouge !

— C'est pas faux !

— De toute façon, là je crois qu'elle va partir. Du moins c'est ce qu'elle a dit.

— On verra bien. mais je ne suis pas rassuré de la savoir dehors. Elle peut encore nous balancer avec le fait que l'on refuse qu'elle se joigne à nous pour la suite.