Chapitre 13

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Je ne comprends plus rien, qu'est-ce qu'il vient de me dire ? Il s'est excusé ?... ??? Non pas possible, Nico me regarde en silence, attendant une réaction de ma part. Réaction qui ne vient pas car je suis toujours perplexe. J'hésite même à respirer trop fort de peur qu'il ne se vexe et ne me saute encore dessus.

L'information tourne dans ma tête, mais je ne l'accepte pas. Il s'excuse, il s'est mal conduit. Et donc ? Il croit que je vais l'excuser ainsi, trop drôle. Le mec n'arrête pas de m'agresser, de s'en prendre à moi. Et quoi, il vient s'excuser. Je suis encore là à combattre ma peur de lui et il sort « Désolée, j'ai de bonnes excuses que je ne te les dirais pas, passe à autre chose... » Il croit que cela va suffire. Meilleure blague de l'année.

Nico -Mya ?

Il veut quoi maintenant ? Pourquoi il ne se casse pas ? Je voudrais juste dormir, mais le sol de la salle de bain est assez inconfortable.

Mon esprit carbure à fond, mais je n'arrive pas à comprendre. Que me veut-il ? Pourquoi ? Trop de questions, trop de fatigue et clairement trop de stress.

Nico -Voilà, tu es sèche. Je n'aime pas parler tout seul, est-ce que tu veux bien me parler un minimum ? .

On va essayer. J'articule péniblement.

Mya – Pourquoi ?

Nico soupire puis prend la parole - Que veux-tu savoir ?

Je le regarde sans répondre et sans bouger, je suis bien trop épuisée pour cela.

Nico – Ok si je te le dis, tu devras me dire toi aussi ce qui te pousse à réagir ainsi.

Je ne vois pas trop ce qu'il veut que je lui explique mais bon, vu qu'il ne va sûrement rien me dire autrement. Je murmure un petit ok.

Nico- Ok mais ça reste entre nous. Mon père s'est remarié avec cette Candice. Rien que le nom m'a fait me méfier d'elle. Ce qui est sur ce que ce n'est pas pour son QI que mon père l'a choisi. Elle le mène par le sexe et lui ne voit rien du tout, c'est tout bonnement stupéfiant. Elle dilapide tout le salaire de mon père alors qu'on menait une vie assez convenable avant. Bref, depuis je me méfie de toutes les bimbos siliconées que je croise. Mais l'an dernier, j'ai perdu mon meilleur pote un peu de la même manière. Juste une jolie fille, mais elle l'a accroché et lui a fait faire ses 4 volontés, elle est devenue ultra jalouse et l'a enfermée dans cette relation. Quand elle a fini par le quitter pour un autre mec, il a fait une tentative de suicide... Il n'a pas supporté la suite et à changer d'école.

Il souffle et se frotte la tête.

Nico – Bref, je suis assez à cran avec les filles suite à cela.

Je peux comprendre son raisonnement, mais sa réaction est disproportionnée.

Mya – Donc si je devais réagir comme toi. Je me retrouverais avec un flingue à buter tous les mecs qui passent pour éviter qu'ils ne puissent me faire du mal à moi mais aussi à Eva.

Nico- Mais non je n'ai jamais dit cela.

Mya- Non mais ce serait équivalent. Regarde, moi je ne t'ai rien fait et tu m'as clairement agressé. Parce que des filles se servent de leur cul pour faire faire leur 4 volontés à d'autres. Donc quelqu'un qui vivrait une vraie situation d'agression et de viol, proportionnellement, devrait tuer les personnes qu'elle croise...

Nico- Je ne t'ai pas violé, ne soit pas folle, je t'ai juste plaqué contre le mur.

J'échappe un soupir ironique.

Mya- Juste ! Tu m'as juste fracassé le dos contre le coin de la porte. J'ai des bleus dans tout le dos et les traces de tes doigts sur mes épaules. Tu m'as menacé en m'insultant. Tu crois que je l'ai bien vécu ta petite entrevue. Tu crois que je saute de joie à l'idée de te croiser dans les couloirs ?

Nico- Euh...

Mya – Le pire c'est que ça a déclenché de nouvelles crises d'angoisse. J'ai l'impression de me retrouver 5 ans en arrière.

Nico- Tu m'expliques alors ?

Arff c'est donc cela la fameuse contrepartie pour sa confession. J'aurai mieux faire de ne pas savoir. Je souffle et me triture les mains.

Mya- Et bien, j'ai vécu des choses compliquées et la famille d'Eva s'en est rendu compte. Ils m'ont aidé pour que je puisse sortir de cette situation, j'ai dû faire un dossier à la juridiction pour l'enfance et je me suis fait émancipée. J'ai été suivie psychologiquement. Et il y a deux ans, c'est Eva qui a vécu, enfin bref, quelque chose qui l'a complètement bousillée. Je l'ai trouvé sur le pas de ma porte et depuis, je suis hyper protectrice avec elle. Enfin bref, tout cela pour dire que c'est carrément un niveau beaucoup plus traumatisant que le tien et que je n'agresse pas pour autant les gens qui m'entourent. Justement, je ne veux pas qu'on me remarque, je ne veux plus d'histoire ou des abrutis viennent s'en prendre à moi pour un délit de sale gueule.

Nico- Des abrutis comme moi quoi...

Mya -Bah oui clairement.

Nico- je suis désolé, je n'ai pas d'excuse, j'ai merdé. Je ferai attention à ne pas recommencer.

Mya- Ça serait super.

Nico- Hum, c'est trop demandé que de savoir ce qui t'es arrivé ? Enfin si tu ne veux pas, je n'insiste pas, mais je me connais, je vais m'imaginer le pire et...

Mya- Je n'aime pas en parler. Je n'assume pas vraiment cette période.

Je vois bien qu'il essaie de ne pas insister, mais qu'il aimerait savoir.

Mya- Bon comme toi, tu ne dis rien à personne d'autre...

Nico- Croix de bois, croix de fer...

C'est un gamin en fait... Mais je ne vais pas faire de remarque.

Mya- Mes parents sont morts dans un accident de la route quand j'avais 9 ans. Je n'ai personne qui a bien voulu s'occuper de moi, alors j'ai été placé dans un foyer puis dans différentes familles d'accueil. Vers mes 12 ans, on était 3 à être placé dans une famille qui faisait cela pour l'argent et qui n'était pas vraiment bienveillant, le mari a perdu son boulot et s'est mis à nous battre, de plus en plus. J'étais amie avec Eva et je découchais souvent chez elle pour pouvoir faire mes devoirs avec elle. Sa mère a dû avoir des doutes et ma fliqué jusqu'à avoir des preuves. Ils m'ont forcé à tout avouer et ils nous ont pris tous les 4 chez eux, le temps de prévenir les services sociaux. Moi je ne voulais plus changer de collège ni faire encore une autre famille d'accueil. Alors j'ai demandé à être émancipé. Le père d'Eva m'a logé chez eux, le temps de toute la procédure, à 15 ans j'ai eu un petit studio en location grâce aux aides de l'état et je fais des petits jobs depuis que j'ai 16 ans pour me payer tout le reste. Mais j'ai pu me faire payer le permis par une boîte de livraison de pizza.

Nico s'est décomposé au fur et à mesure de mon récit. Je vois clairement de la pitié dans son regard et cela m'agace. Ce mec m'agresse et maintenant il me juge et me déprécie !

Mya- Bon maintenant que ta curiosité est satisfaite, laisse moi dormir, je suis épuisée.

Il m'aide à aller jusqu'à mon lit, je vois bien qu'il ne sait pas quoi dire.

Mya- Merci et au revoir. Et je te rappelle que c'est toi qui voulais savoir. Tout ce que je te demande c'est de me laisser tranquille. Ignore moi même c'est parfait. Allez bonne nuit.

Je me tourne et met le drap sur ma tête. Je l'entends partir, j'espère vraiment qu'il me laissera tranquille, marre de toute cette merde.

Au centuple (fyctia)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant