Alors que nous sortons de ma voiture, Eva et moi, je trouve que le temps se rafraîchit, je resserre mon écharpe autour de mon cou et j'essaie de ne pas grelotter sous les bourrasques de vent.
Eva me rejoint sur le trottoir et nous avançons en direction du CDI.
Eva -Brrrrrr, rappel moi pourquoi on se caille les miches au lieu de profiter de ma couette toute douce, du dernier épisode de notre série et de chocolat ?
Mya - Parce que tu ne peux pas te passer de moi, ma petite biquette. Allez, accélère ton postérieur, la bibliothèque est chauffée.
Je me dépêche d'entrer puis de refermer la porte et j'entends une voix m'appeler assez fort. Qui est le sombre idiot qui crie dans une bibliothèque ? De plus qui est le sombre idiot qui crie mon nom ???
Pas besoin d'analyser longtemps, un hurluberlu me fait de grands signes depuis les tables au centre de l'espace de travail. Certains du groupe de BG sont installés, et un certain Paul agite sa main en guise de SOS. Alors qu'il se fait talocher par son voisin et qu'un concert de Chutttttt lui est dédié, certains me regardent de travers et Louis à l'air d'avoir ravaler son vomi. Je sens les tirs de mitraillettes imaginaires de Nico, me trouer de part en part. Ne voulant pas faire les frais de plus d'animosité, j'attrape la main d'Eva et nous guide vers un coin tranquille où je laisse mon sac, puis vers la section économie des ouvrages. Je commence à lire les titres des livres alors qu'Eva s'affale contre un poteau. J'essaie de faire abstraction de ce mal être que le regard de tueur du PC m'a provoqué.
Eva en chuchotant - Rappel moi ce que tu cherches ? Je croyais que tu avais fait ton rapport de stage un peu tous les soirs, il n'est pas encore fini ?
Mya -Mon rapport de stage est fini, mais je dois faire un exposé sur le concept que j'ai pu développer ce dernier mois. Et là je ne dois pas axés sur l'expérience que cela m'a apporté, mais sur la recherche du développement d'un projet.
? -Salut les filles ! On peut s'incruster ?
Je me retourne les bras chargés de plusieurs livres. Et tombe nez à nez avec Paul en premier plan, Nico et Louis un peu en arrière. Ryan et quelques autres dont je n'ai pas pris soin de me rappeler les noms, nous regardent de leur table. Eva doit me voir pâlir car elle passe son bras sur la taille.
Eva -Désolées, nous sommes là pour travailler, pas pour papoter.
Paul- Justement, je suis en dernière année, j'ai déjà cartonné sur plusieurs rapports de stages, alors je pourrai vous donner de bons conseils.
Je m'éclaircis la gorge et ajoute en chuchotant
Mya - Non ce n'est pas pour le rapport, donc merci, si jamais on te le demandera, mais là, on va déjà chercher des informations.
Paul- Oh allez...
Nico- Tu vois, je te disais qu'elles ne voudraient pas. Ce n'est pas ce genre de filles.
Il me gave avec ses insinuations !
Eva- Ah oui ? On est quel genre de fille selon toi ?
Louis - Le genre à être studieuses.
Nico- N'importe quoi, c'est le genre de fille qui rêvent de se faire remarquer car elles n'ont aucune classe.
Paul -Hé, calme toi mec ! C'est toi qui te fais remarquer là. Moi je voulais faire connaissance et proposer un coup de main.
Louis - C'est clair, calme-toi.
Eva- En tout cas, aucune envie de nous prendre la tête ou de nous faire insulter là ! On est là pour travailler, c'est une bibliothèque. Alors merci de nous laisser tranquille.
Louis pousse Nico puis Paul vers leur groupe, ouf !! Maintenant il doit comprendre pourquoi je ne voulais pas lui parler sur le campus.
Eva me regarde - ça va aller ?
Je me rends compte que je tremble, putain ! Je devais me blinder, et là je vois que ce n'est clairement pas le cas.
Eva -Allez, files moi tes livres, on va s'asseoir, si tu t'évanouis ici, un de ces idiots va se croire obligé de te faire du bouche à bouche.
Mya -Ahhhh ne parle pas de malheur. Beurkkkkk.
Je la laisse prendre les livres et je me dirige vers notre table. Je m'écroule sur la chaise. Je sens la migraine se pointer. Je me masse les tempes en regardant le sommaire du 1er livre sur les démarches administratives pour déposer un projet et le faire protéger.
Paul me fait sursauter en s'asseyant en face de moi - Oh vraiment désolé, je ne sais pas ce qu'il a en ce moment. Tu veux un soda, tu es toute pâle depuis que Nico l'a ouvert...
Je le regarde las, alors qu'il agite la canette devant mon nez. Il l'a sûrement secouée pour me jouer un tour, ou alors il veut me mettre dans son lit ???
Mya- Franchement, je veux qu'on me foute la paix. Ton pote m'a déjà agressée l'autre jour, alors je n'ai pas envie de copiner avec aucun de vous.
Louis - Comment ça, il t'a agressée ?
Je fais un bon sur ma chaise, tellement j'ai eu peur, je ne l'ai pas vu venir. J'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. J'essaie de me calmer.
Eva- C'est bon là ! Vous nous lâchez, vous ne voyez pas que l'on ne veut pas de vous. Viens Mya, on va emprunter les livres et étudier chez toi.
Elle m'aide à me lever et me traîne au bureau de la bibliothécaire. Une fois dehors j'essaye de profiter de l'air frais pour reprendre mes esprits, mais je grelotte et je ne me sens clairement pas bien. Un gros malaise dans mon estomac se fait sentir.
Mya - Je crois que je vais vomir !
Je cours vers le premier buisson et laisse les spasmes me submerger. J'ai l'impression de me faire cogner contre cette porte de nouveau. Eva essaye bien de me soutenir mais je tombe en spasme sur le sol. La crise me prend et c'est un autre lieu, d'autres souvenirs qui me torturent. Je me roule en boule attendant les coups et les insultes de ma famille d'accueil... Je ne perçois plus rien, j'ai juste froid, je me sens faible et minable.
Je suis ballottée dans tous les sens, mais ce n'est pas la douleur dont j'ai l'habitude. Une lumière vive me brûle les yeux.
Pompier - Mademoiselle, vous m'entendez ? Si vous m'entendez, serrez ma main.
J'ai froid, et je n'ai pas la force ni de lui répondre, ni de le repousser, j'aimerai juste qu'on me laisse dormir. Je ne ressens pas vraiment mon corps.
Pompier - C'est une crise d'angoisse. On va lui administrer un calmant pour que son esprit puisse se reposer. Vous voulez l'accompagner ?
Eva- Oui je viens avec vous. Elle ne supporte pas bien les benzodiazépines, il faut un truc plus doux.
Je sens qu'on me met un masque et je retombe dans mes songes.
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Au centuple (fyctia)
Roman d'amourMya à 20 ans, elle fait des études d'ingénieur environnement. Avec sa meilleure amie Eva, elle donne l'impression de ne pas se laisser marcher dessus. Pour son avenir déjà tout tracé, il ne lui manque que son précieux diplôme et elle pourra laisser...