XIV-Amour

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Encore une fois, nous allons dans un grand festival. Quelques milliers de personnes attendent avec impatience Pierre et Sylvain. Je suis contente pour eux. Ça me rend contente de les voir rencontrer leurs loulous. Les voir prendre de l'amour en pleine face. Les chiffres derrière leurs écrans ne prennent de l'ampleur qu'au moment où ils rencontrent une infime partie de leurs abonnés. Comme d'habitude, on nous a distribué des tours de cous, je suis assez stressée. Oslo est dans le coffre de la voiture. On a reçu son dossard et ses harnais spécifiques il y a quelques jours. Il a une jolie cape bleue, que je trouve magnifique. On est arrivés à destination. Pierre coupe le contact. Je ne bouge pas. J'ai peur. Il me regarde.

« Ça va aller ? »

J'hoche la tête. Je ne suis pas sûre que ça aille si bien que ça.

Je me pose dans une salle au calme. Je suis seule dans une grande pièce. J'ai une superbe vue sur la scène. Pierre me laisse et repart. Il va sur la scène. Ils prennent des micros et commence par faire un récap des dernières vidéos. Ils remercient et présentent les membres de l'équipe. Iels vont sur scène, acclamés par des applaudissements. Pierre continue de parler :

« D'ailleurs y a une personne qui fait partie de l'équipe mais qui ose pas se présenter. Je sais qu'elle m'entend d'ailleurs. »

Il fait coucou vers la pièce à baies vitrées où je suis, Oslo couché à mes pieds. Je suis sous le choc. Pourquoi il a fait ça... D'un coup un homme dans le public crie quelque chose. Je n'entends pas ce qu'il dit. Je sais juste que tout le monde se retourne vers lui. Je vois le visage de mon copain changer de teinte. Je devine qu'il est extrêmement en colère. Il saute de la scène et court vers lui. Il l'attrape par le col et commence à le frapper. L'homme continue de parler, j'entends maintenant ses paroles. Il m'insulte de tous les noms. Je vois un bouton avec écrit 'haut-parleur' à côté de moi. Impulsivement, j'appuie dessus et crie :

« Pierre, lâche-le ! »

Tous les regards se tournent vers les enceintes, j'espère qu'on ne me voit pas. J'essaie de prendre une voix posée :

« Ce connard mérite pas que tu poses tes mains sur lui. »

Il le lâche, le faisant tomber. Je continue :

« Maitre Codeco se fera un plaisir de le traîner en justice. Il mérite même pas que tu le regardes. »

Je panique. Il faut que je me calme. Sylvain s'est rapproché de Pierre.

« Sylvain, arrête Pierre, prends-lui les mains, je sais pas. Emmène-le loin, fait semblant de faire quelque chose ! »

Les mots sortent tout seuls de ma bouche.

« Assieds-toi sur lui, au moins ça lui fera 15 kilos de plus à soulever pour aller retourner défoncer l'autre. »

Les gens sont à moitié choqués, à moitié en train de rire. Je reprends la parole.

« Pierre, Pierre, écoutes moi, j'arrive. Les gens faites des débats, prenez des gens que vous connaissez pas, lancez des sujets de discussions. Vous avez déjà des points communs : vous êtes humains et loulous. »

Je coupe le micro. Je crois que c'est une des plus grosses conneries que j'ai faite de ma vie. Je ne mesure pas encore l'ampleur des paroles que je viens de prononcer. Je descends avec l'ascenseur. Oslo est avec moi. Je sais pas s'il a compris ce qu'il se passait. Je lui demande de s'arrêter. Je le laisse seul à quelques mètres de moi et me dirige vers un groupe.

« Bonjour, j'ai pas tout suivi ce qui est arrivé, il s'est passé quoi ? »

C'est un mensonge, mais je veux voir comment les gens ont vu mon intervention. Ils me font un résumé :

ProbablementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant