XXIII-Par terre

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Je me réveille. J'ai mal au ventre. Je dois avoir mes règles. Pierre est allongé contre moi. On dort souvent en cuillère. Ça nous rassure tous les deux. Comme je suis plus petite que lui, j'ai l'impression que nos corps s'emboitent parfaitement ensemble. Comme si ça avait toujours été ma place. J'enlève son bras qui est posé sur mon ventre. Je me lève doucement. Faut pas que je le réveille. Je prends un sous vêtement de rechange et une protection hygiénique. Je vais aux toilettes et je décide de prendre une douche pour me nettoyer. Je prends le jet et voit l'eau se colorer de rouge. Je me savonne un peu et sort de la cabine. Je prends une serviette noire. C'est un drap de bain que j'ai acheté spécialement quand j'ai mes règles, pour ne pas salir ceux de Pierre. Je me sèche rapidement et met mon bas de pyjama. Je vais à la cuisine prendre des antidouleurs. Mes doigts laissent échapper le verre d'eau. Avant qu'il ne tombe sur le sol, une main le rattrape. Pierre repose le contenant sur le comptoir. Je le remercie. Je sens que la douleur reprend de plus belle. Je prends ma tête entre mes mains. Mon petit ami le voit et me prends par les épaules. Je sens que mon estomac se retourne. Je déteste cette période du mois. Je retourne dans la salle de bain et me penche sur les toilettes. Je sais que mon copain va venir. Je parle comme je peux :

« Viens pas Pierre, j'ai vomi »

Il est émétophobe, je ne veux pas le trigger et qu'il se sente mal. Je sens qu'une main prends mes cheveux pour les tenir derrière ma tête. Dans un nouveau sursaut j'évacue l'intégralité de mon ventre. Je respire doucement. Je me relève doucement et vais me rincer la bouche. Pierre est en train de me faire un petit massage dans le dos. Je m'appuie sur le lavabo. Ça va pas du tout. Je sens que mes pieds ne touchent plus le sol. Je ne panique pas vraiment. Je sais pas quelle force il a pour me porter. Je sens l'odeur de mon Pierre. C'est le mien. Juste à moi. Il me dépose sur notre lit. Je me blottis contre lui, mon visage contre son torse. Ses pectoraux poilus me réconfortent et me font sombrer dans le sommeil. Je me réveille de nouveau. Il s'est passé plusieurs heures. Mon copain est encore contre moi. Il voit que je suis réveillée et me caresse la joue doucement. Je prends une inspiration. Il passe une main de mon épaule jusqu'à ma hanche. Il descend doucement le long de ma cuisse. Il lève doucement mon t-shirt pour poser sa main sur mon ventre. J'ai toujours été complexée par mon ventre. Sa main est si grande. Elle est chaude. Il fait des cercles doucement. Je sais qu'il me voit souffrir et qu'il aimerait l'atténuer. Il se lève du lit et part.

« Tu vas où mou ? »

Il se retourne à l'entrée de la chambre

« Chercher à manger. »

Je vais parler mais il m'interrompt.

« Je sais que t'as pas faim mais il faut que tu manges un peu »

Il revient un peu plus tard avec un plateau. Il s'assoit en tailleur. Il mange un truc qu'il a préparé. Je ne bouge pas. Je ne peux pas vraiment bouger. Je suis en boule. Je pense à cette expression. Je sens des larmes couler sur mes joues. Je comprends pas.

« Hé ma choute qu'est-ce qu'il se passe ? »

Je lève les yeux vers lui. Il a encore la bouche à moitié pleine.

« Je suis en boule. Mais je suis une boule. J'ai l'image d'une personne qui rirait de moi si je lui disais. »

Pour seule réponse il passe une main sous ma nuque. Il veut que je me relève. Je n'y arrive pas. Avec sa force, il me redresse. Il porte une cuillère à ma bouche. Je ne l'ouvre pas. Il passe un doigt sur ma mâchoire. Je secoue ma tête.

« Amy... »

Il n'attend pas forcément de réponse orale. Je serre les dents. Il repose la cuillère. Je lève les yeux vers les siens. Il a de beaux yeux. Il se penche vers moi et m'embrasse. Il pose une main sur l'arrière de ma tête pour me rapprocher de lui. Il rompt le contact au bout d'un moment. Il retourne à la charge avec la nourriture. Je fini par accepter d'ingurgiter un peu. C'est des chocapics. C'est une de mes safe food. Il me nourrit doucement. À un moment, je prends sa main et la retourne vers lui. Il mange aussi. J'ai plus envie de bouger. De rester dans la chambre toute la journée. Pierre a une sortie prévue avec ses amis. Je sais qu'il ne veut pas y aller pour rester avec moi.

ProbablementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant