IV-Bijou

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Nous sommes dans la voiture. Nous décidons de nous arrêter à un centre commercial pour acheter un cadeau à Sylvain. Je me sens en sécurité près de lui, mais je redoute le moment de sortir. Je crois avoir toujours eu de l'anxiété sociale. Ce sentiment qui me ronge de l'intérieur, qui me fait me sentir jugée par l'intégralité des personnes m'entourant. Dès que je sors de la voiture, le froid de dehors m'engourdi. J'aime être proche de mon copain mais je me l'interdis. Les abonnés mettent toujours quelques minutes avant d'arriver autour de lui. Je ne souhaite pas que l'on me voit avec lui. J'ai peur de gâcher son image, de tâcher la perfection qu'il est en étant à ses côtés. J'ai peur qu'il se fasse insulter de par ma faute, je sais que les loulous sont gentils mais il faut bien l'exception pour confirmer la règle. Les abonnés les plus jeunes sont ceux qui lui tiennent la jambe le plus longtemps. On marche quand même relativement côte à côte mais j'ai très envie de prendre sa main dans la mienne, de me mettre au plus proche de lui. A peine rentrés dans le magasin, le bal commence. Je lui adresse un « bon courage » avec un sourire non dissimulé et le laisse avec ses fans. Je rentre dans la partie multimédia, chercher un jeu vidéo pour Sylvain, quelque chose qui pourrait lui plaire. Les nouveautés attirent mon attention, j'en prends un, un peu au hasard. Je vais à la caisse, le donne au vendeur et l'achète. Comme Pierre n'a pas fini avec ses abonnés, je divague dans la bijouterie. Une fine bague dorée me fait de l'œil. Je ne porte pas de bijoux, j'ai trop peur de les casser ou de les perdre durant une crise. Seulement une montre connectée orne mon poignet gauche. Je m'intéresse un peu plus au bijou devant moi. Elle m'intrigue dans sa simplicité, deux brins qui s'entremêlent. C'est un vieux monsieur qui vient me donner conseille. Il prend les dimensions de trois de mes doigts : mon annulaire, mon majeur et mon index. J'opte finalement pour le majeur. Je paye mon nouveau bijou et garde les mesures sur le papier de la bijouterie. Je suis surprise par deux mains sur mes épaules et donne un coup en reflexe. Je tape dans le tibia de mon petit-ami. Immédiatement après je lui souris 

« Je m'excuse...non, pas en fait »

 Il rit et attrape ma main pour regarder ma bague. Il sourit, j'ai l'impression qu'il est aussi, voir plus content que moi. On repart vers le parking, je lui montre le jeu pour Sylvain. Tout juste sorti du magasin, il me dit d'une voix qu'il se veut calme mais que je sens inquiète :

« Tes yeux »

Je sais que je n'ai pas forcément le temps de réfléchir, je fais la seule chose qui me paraît sensé, je me réfugie dans ses bras protecteurs.

ProbablementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant