VIII-Boum

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Pour en revenir à Oslo, j'ai pensé au fait de le former pour qu'il devienne mon chien d'assistance. Pierre était super chaud et il a même contacté des assos le jour même. Après des nuits à remplir les formulaires, je les ai envoyés ce matin avant d'aller travailler. Je suis partie en tournage avec mon copain. Avec Sylvain et l'équipe, on est allé sur circuit pour l'essai d'une voiture. Les essais sont des vidéos qui demandent beaucoup de temps car beaucoup de plans et d'explications ainsi que des tours de circuit. On m'a donné un Ronin, pendant que mes deux amis conduisent et frôlent la mort à chaque virage. C'est quelque chose qui me fait assez peur, autant ils peuvent être inquiets pour moi au niveau de ma santé, autant je suis inquiète pour eux pour toutes les incroyables idées de merde qu'ils ont. Même s'il y a la sécurité, que pas mal de personnes sont présentes, je ne peux m'empêcher d'avoir une petite boule dans la gorge en les voyant prendre des vitesses phénoménales. Elle s'estompe rapidement quand je les vois, tel deux gamins, juste et simplement heureux.

Ils s'arrêtent à ma hauteur, faire coucou à la caméra. Ils sortent de la voiture pour changer de conducteur. Mon copain s'approche de moi, et me dit :

« Tes yeux »

J'en ai assez de tomber à tout bout de champ. Je lui tends le Ronin.

« Tiens prends le Ronin »

Il refuse.

« D'abord toi. »

Je commence à m'énerver, je sais que j'ai pas forcément beaucoup de temps avant de tomber.

« Prends le Ronin ! »

Sylvain s'approche

« Sylvain tient, prends le Ronin. »

Pierre commence aussi à hausser le ton.

« Assieds-toi maintenant, tu vas tomber »

Je le regarde.

« Le Ronin vaut une fortune il faut pas le casser »

Je sais pas si j'ai réussi à finir ma phrase. Je me réveille le visage contre la veste, pliée par terre, de mon copain. Lucas est à mes côtés. Je m'assois et reprends mes esprits. Je suppose que Pierre et Sylvain sont repartis pour le tournage. Ça ne me dérange pas, je m'en veux juste de l'avoir interrompu. Je me lève et remercie Lucas de m'avoir surveillée. Je rentre vers les tribunes et me dirige vers les toilettes. Les garçons font l'outro de la vidéo. Je me sens bizarre, je presse le pas, pensant que mon corps m'envoie le signal que je dois aller aux toilettes. Je me réveille par terre. Ma tête me fait mal. Je suis sur les genoux de quelqu'un. Faut que je me concentre, faut que je retrouve où je suis. Qui je suis. Je tente de me mettre en position assise mais une main sur mon épaule m'en empêche. Je demande :

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« T'es tombée. »

Je rigole doucement mais grimace car ma tête me fait mal.

« Merci j'avais cru deviner. Je peux m'assoir ? »

Je me relève doucement, prise de vertiges. Je sens un corps contre moi, j'y pose ma tête. C'est Pierre à mes côtés, j'ai recouvré mes souvenirs. Il me passe mes lunettes. J'y vois un peu plus clair, Sylvain, éternel hyperactif, est en train de parler de je ne sais quoi en faisant des gestes démesurés. Ça me fait sourire.

« Toujours plus monumental »

Mon copain me répond :

« Un peu comme ma b- »

Je ne le laisse pas finir et le frappe gentiment.

« Chut ! Pas ça !! »

Je touche ma tête et remarque que ma main est mouillée. C'est du sang.

« Ah oui, tu t'es éclatée un truc mais on voulait pas trop toucher pour pas te faire mal. »

Je ferme les yeux et dis ironiquement :

« Merci Pierre pour ce geste fraternel envers ta con... »

Il lève les sourcils.

« -patriote »

Il rigole. J'adore entendre son rire. C'est comme si les étoiles s'étaient mises à briller. J'adore voir ses yeux pétillants se remplir d'un sentiment de joie. J'adore le voir. Je l'adore tout court.

ProbablementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant