Un aigle sur un champ de bleuets

Chapitre 13 : Un mot en vaut un autre

Un nuage dans un verre d'eau, l'aspirine fusait et tournait sous les yeux à demi fermés de Laure. Il faut croire que le combo soirée plus cours avait l'avantage de la brisé... Et pas qu'un peu ! Laure était à califourchon sur l'une de ses chaises, son téléphone pendent à sa main droite. Elle avait sommeillé tout juste 1 à 2 heures, son ventre criant famine l'avait tiré de sa torpeur. Elle n'avait pas la tête à cuisiner alors elle remercia le ciel (et en partie sa personne) d'avoir prévu un sachet de nouille instantanée pour ces occasions si particulières. Ses tempes pulsaient une mesure qui était ironiquement en harmonie avec l'horloge. C'est dans cet état-là qu'elle prit conscience qu'elle avait toujours cette stupide cocotte de papier dans sa poche, elle entreprit de la déplier le plus gracieusement que sa condition lui permette, tantôt en la lissant du pouce, tantôt en la tirant par les extrémités. Peut-être fut-elle un peu dure sur ses capacités d'écriture, elle rigola, et d'une humeur si sincère qu'elle en était belle en la situation. Elle était dure autant en affaire qu'envers elle-même, c'était peut-être un symptôme de la vie d'adulte. Elle descendit son verre d'une grimace, il était temps de travailler sur ses projets.

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2 décembre 1939

Bonjour Monsieur Bourget

J'ai bien reçu votre lettre au sujet d'un certain poste de pigiste. Ainsi que celle vis-à-vis d'un bateau.

Tout d'abord, il me semble opportun de me présenter à vous jeune homme. Je suis Monsieur Renacle, secrétaire général à Le Petit Marseillais. Notre directeur Monsieur Lejeune étant malheureusement très occupé en ce moment, j'ai la charge de traiter son courrier et par la même occasion celle de l'étude de votre cas. Ainsi, si autre document il y aura en rajout de celui-ci vous les donnerai en mon nom.

Je voulais dire que je suis moi-même très impressionné par votre vigueur prise et transmis dans votre courrier, c'est remarquable. Et c'est pour cela que je vais vous exposer le problème en toute quiétude pour ne pas vous importuner plus :

Mon garçon, je peux vous dire que les mots sont une chose, mais j'ai besoin d'en voir, et je pense que M. Lejeune serait du même avis. Alors j'aimerais prendre rendez-vous avec vous si possible au Café de La Place vers le cours du Vieux Port, mais je reste ouvert à toutes proposition si vous y trouver un problème. Néanmoins, et là où je n'aurais pas de marge de manœuvre, c'est sur l'horaire. Je ne pourrais me libérer qu'au 8 décembre vers les 16 h.

Ainsi, nous pourrons aisément discuter de votre proposition et nous verrons le commun accord que je pourrais vous proposer.

Je vous demanderais un service pour rendre plus facile notre rencontre. Pouvez-vous m'envoyé une photo ou au moins une description de vous.

Mes sincères salutations.

André Renacle

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Laure leva subitement les yeux, les yeux teintés d'une satisfaction toutes personnel, complété par un sourire malicieux. Elle se précipita sur la prochaine lettre en quête de cette promesse, celle de voir enfin le visage d'un personnage qu'elle avait tant imaginé, une personne qui avait habité tellement ses pensées qu'elle y avait en partit élu domicile. Victor était ce garçon brouillon en chemise de lin qu'elle avait toujours imaginé ou tout l'inverse, peut être cette vision teintée d'un certain idéal n'était que chimère. Elle fouilla pour trouver la prochaine lettre, la tira, elle était bien de Victor, elle le savait d'une part puisque le timbre était le même que les précédente, mais aussi, car c'étaient les seules à n'être pas manuscrite mais tapé. Elle ouvrir la chose, et quelle déception elle eut. Le prochain courrier n'était pas celui attendu, mais une autre lettre de Victor à destination d'Alice. Il est vrai qu'elle se surpris elle-même de sa désillusion. D'habitude, elle s'enjouait de voir ces deux personnes communiquées. Il faut dire qu'ils étaient forts en émotion ainsi qu'en informations.