Chapitre 3 : La machine à écrire

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Laure était rentrée à la faculté de langue. La météo s'était adouci. Elle n'avait depuis le temps pas eu l'occasion de lire les lettres. Elle avait préféré se plonger dans les romans qu'elle avait trouvés. Peut-être s'était-elle lassée de ses correspondances, en tout cas elle n'avait pas vu les jours défiler jusqu'à la rentrée. Elle avait commencé dans le même temps à beaucoup traîner, elle avait envie de se faire des amis et des contacts dans cette ville qu'elle ne connaissait pas. Elle croisait souvent des garçons au détour des bars, vu qu'elle était belle, ils lui payaient des verres. Souvent elle discutait, se faisait complimenter, puis elle repartait l'air de rien chez elle, laissant ses prétendants sur le carreau ; ça la faisait bien rigoler. Aujourd'hui elle n'avait rien à faire, personne pour sortir, pas de boulot à rendre et plus de roman à lire. Ainsi l'ennui commençait à lui tendre la main.

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12 Février 1939

Bonjour père

Je viens vous donner des nouvelles. Depuis décembre, j'ai travaillé chez un boucher de Berlin, je ne vous remercierais jamais assez père de m'avoir appris à dépecer nos vaches et nos cochons, ce boucher étais un ami proche de la famille Fletcher. Je vous envoie une partie de mon salaire, je n'en ai pas besoin car je suis déjà logé et nourri. En parlant de la famille Fletcher, je voudrais vous faire part d'une chose, je crois père que je suis tombé amoureux. Elle s'appelle Lore. Je sais que ça semble stupide, mais je pense l'aimer. Peut-être un jour vous aurez l'occasion de la rencontrer, ainsi que son père.

Je me suis enfin engagé dans la Wermath, je pourrai enfin servir mon pays comme vous il y a 20 ans. Bien sûr beaucoup d'allemands savent ce qui va bientôt se passer : La guerre. Nous montrerons aux pays vainqueurs de la dernière guerre que nous sommes un grand peuple. Nous gagnerons cette guerre future et nous retrouverons nos droits et notre richesse que l'armistice nous avait enlevés.

J'espère que tout se passe bien de votre coté. Que mère, sœur et frères sont loin du besoin. Dans votre dernière lettre vous avez parlé de la naissance d'un veau dans l'étable, depuis le temps, est ce que ce nouveau-né est toujours en bonne santé ?

En espérant vous revoir bientôt

Hermann

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31 Mars 1939

Bonjour Alice

J'ai une grande nouvelle à t'annoncer, en fait j'en aurais même deux. Premièrement j'ai enfin fait l'acquisition, à défaut d'une motocyclette, d'une machine dactylographique. Une Torpedo pour être précis. Je dois l'avouer elle fait le poids d'un âne mort mais c'est la meilleure affaire que j'ai fait de ma vie. Je t'explique : Le mois dernier, un commerçant spécialisé dans la récupération d'objets métalliques et anciens a dû vendre l'intégralité de ses stocks car endetté jusqu'au cou. Ainsi le 20 février, une vente aux enchères est organisée. Je découvre cette information dans le journal et je prévois d'y assister en tant que simple spectateur, juste par curiosité. Ainsi le jour venu je suis allé au lieudit de la vente, et au fil des articles il est présenté une vielle machine en allemand. Les produit alleamand  ayant mauvaise presse ces dernier temps, le prix pour celle-ci ne s'est pas envolé, j'ai fait une seule offre et j'ai pu presque la payer au prix du métal. Donc j'ai déboursé à peine 63 Francs. Deuxièmement je sais maintenant et avec plus de précision ce que sera mon histoire. Ce sera l'histoire d'un dénommé Alphonse qui habite dans un petit village de France, dont je dois trouver le nom, dans les alentours de 1915. Un jour la grande guerre éclate, et il se voit donc enrôler dans l'armée. Lors d'une bataille, il est touché par un éclat d'obus qui lui arrache une partie du visage dont un œil et une oreille. Ce Alphonse, avant de partir à la guerre était fou amoureux d'une fille du même village que lui, Marie. Donc lors de cette bataille la force adverse gagne et Alphonse se retrouve sans trop le savoir (étant à moitié conscient car blessé) à 2 kilomètres du front. Il est maintenant déserteur et en plus défiguré. Ainsi nous allons suivre son parcours clandestin pour rentrer chez lui, clamer son innocence devant l'armée et surtout se faire accepter par ses proches avec son visage mutilé. Cette histoire te plait comme moi il me plait Alice ?

Un aigle sur un champ de bleuetsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant