Chapitre 7 : La guerre est déclarée

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Le son d'une musique envahit la pièce, c'était le réveil. Laure avait décidé de se lever à l'heure habituelle, vers sept heures, alors même qu'elle n'avait pas cours. Laure n'avait pas fait cela par hasard ou par mégarde. Elle savait par habitude que monsieur Sabin sortait pour sa promenade sur les coups de huit heures. Cela tombait bien, elle voulait le voir au plus tôt. Toujours cette question de mort en suspens. Elle se leva donc, enfila un pantalon et mit en marche sa cafetière. Le café en main, elle chercha ses mots, il ne fallait pas être agressif ou accusateur. Surtout que tout réflexion fait elle n'avait plus grand-chose à faire des morts, elle n'était même plus vraiment effarée par ces mensonges, elle était surtout curieuse du passé. Elle regarda le noir du café, un trou de vide, de néant. Elle se fit la remarque qu'il était meilleur à la maison. Justement, en parlant de la maison, elle lui manque. Alors oui chez elle, c'était ici, et pourtant cela ne lui semblait pas véridique. Chez elle, ça restera en fin de compte toujours plus chez sa mère. Justement pourquoi pas rentrer ce week-end, retourné à l'endroit où elle connaissait tout. Son village, elle l'avait parcouru de fond en comble, elle y était même née. Elle y avait vécu tout : les longues messes de Noël avec sa grand-mère auquel elle était obligée d'aller, les tours de vélo de la rue du Barry à la place Saint-Pierre, et puis les cours qu'elle a dû, en grippant les échelons, prendre de plus en plus loin. Elle avait connu aussi les amis, les connaissances, les amours. Ils avaient plein de noms qui se mélangeait, s'envoler, et ne revenais jamais. Théo avait raison une vraie campagnarde loin de chez elle, avec un de ces mal du pays. Le café terminé, il restait encore quarante minutes avant huit heures. Laure était partie pour se tourner les pouces dans un sens, puis dans l'autre, indéfiniment.

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3 septembre 1939

Bonsoir Alice.

La guerre est déclarée, je l'ai lu dans le quotidien d'hier, mais je n'aurai eu aucun mal à le savoir, la nouvelle est partout. D'après ce que j'ai compris, l'Angleterre serait avec nous, les Russes ne seront pas de la partie, ça nous fait un allié de moins par rapport à la dernière guerre. On parle d'évacuation, le Rhin est déserté par train. Le monde est fou, je ne sais quoi dirent d'autres. Tout recommence, j'ai l'impression de vivre le trouble de mes aïeuls, néanmoins, je sais que celle-ci de guerre elle durera. Encore des morts, encore des tranchées, des casques, de la boue. Je sais que d'ici peu, je recevrais mon appel, une invitation avec la mort.

Tu le sais, Alice, j'aime mon pays, j'aime la France. Mais je ne suis pas un homme de guerre, me vois tu, au milieu des terrains stériles, pilonnés par l'artillerie, brisé par la famine. Je ne vivrai point. Je serais comme Alphonse, perdu au milieu d'un chaos qui n'est pas le mien, car tel est la volonté de la France. Je sais qu'il le faut, et je serai un traître de dire le contraire, mais pourtant ne réside en moi que la peur.

Autrement, j'ai glissé dans cette lettre la seconde partie du chapitre 1 de mon livre, alors j'y vois encore quelques modifications, certaines choses semble maladroite, mais je pense que le corps du texte est à peu près fixé.

Un ami d'un jour et je l'espère un ami de toujours.

Victor

Chapitre 1er

Au bout de l'échelle l'horizon vallonné. La peur me transcender, nombre de fois, j'étais monté à l'échelle, mais cette fois était différente, le temps m'avait rongé mon moral et mes semelles. Pourtant bon dieu la France, pense à la France, la patrie ne remercie pas les soldats au pantalon soullier à force de resté dans les boyaux. Mes jambes étaient redevenues raides, je vis le camarade de devant courir, alors je fis de même. Je courus à sentir le feu de mes poumons, fusil en avant, les yeux fixés vers le prochain trou d'obus. Mes foulées s'enfonçaient dans le sol meuble. Un sifflement passa, c'était la première balle. Suivit de la riposte, ça commença par les Lebel huit millimètres, puis les canons de cinquante-sept et enfin l'artillerie de cent cinq. Les sifflements se firent vite surplomber par les bruits d'impact, nous étions chacun dans une fumée ocreuse, et pour cause, il n'avait pas plu depuis quatre jours, la terre étais sèche. Me voilà donc perdu sans plus de repère, je tombai à un moment, perdant le sens de l'assaut, le coté à attaquer, celui à défendre. Et puis ce concerto d'obus, impossible de demander la direction à une ombre. Lorsque nous avons commencé à creuser, un domaine paysan nous séparait, maintenant il n'en reste plus que la terre. Un trou à ma gauche, l'espoir d'un répit. Je me jetai en perdition. Au fond de mon refuge, je repris mon souffle, depuis qu'on avait monté le camp, on n'avait pas eu l'occasion de beaucoup courir. Pas le temps de se poser, il faut repartir, je grimpai le bord du trou et scrutai l'horizon. Il fessait toujours ôcre, néanmoins cela sembler plus chuté que monté. À la bonne heure.

Je me levai droit, le temps tourne. Cet assaut est un parmi tant d'autres, mais comme toutes les batailles, il est important pour le gratin. Me voilà encore en course, le fusil en avant, la tête fixée sur les hommes en vert. En fin de compte le trou d'obus n'était qu'une halte, rien n'avait bien changé. Le son de bataille semblait étouffé, j'étais en retard, mais j'étais aussi seul. Je me stoppai un instant. C'est là qu'une secousse frappa ma tête, un ricochet, j'en étais sûr. Je touchai mon casque. Une balle, pardi ! Je me jetai au sol. Au bon temps mon fusil, mon barda et ma fierté, la vie est plus précieuse. Si j'avais pu, j'aurais baisé de tout par mon casque, il m'avait sauvé. Néanmoins, à l'instant, j'avais la peur d'un homme qui se rend compte en un instant qu'il peut mourir. Pour le moment, je suis dans de beaux draps. Le ventre contre terre je cherche mon fusil. C'est rat de Boches ; terré dans leurs boyaux ; à tirés au pigeon bleu. Cela doit bien les faire japper de voir un Français de à peine vingt ans se coucher devant leur ligne. Moi, j'ai envie de survivre, j'ai envie de vivre, de revoir Marie. Mon fusil est là, montré vos têtes. J'ouvris la culasse, plus que cinq cartouches, le reste est resté dans ma capote. En verra en conscience. Un deuxième coup siffla, il était sur la droite. J'avais peur de bouger, il semblait avoir du mal à me viser de l'endroit où j'étais. Je réfléchissais (si on peut de ce fait appeler cela une réflexion). À ma droite, se trouve le terrain stérile, à ma gauche, à trois centaines de mètres, le début de la forêt. Je n'ai pas le choix, le plan, courir vers la lisière et faire arrière tout pour retourner hors d'atteinte. Simpliste, si je n'avais pas la mire ce vert sur moi. Il va me falloir de la patience. Troisième coup, deuxième ricochet. Il me faut du courage, Alphonse, pense à ce que tu feras après la guerre ! Pour sûr, je prendrais Marie en mariage. Et si cela ne plaît pas, alors nous nous enfuirons vers un inconnu ! Les Amérique, là-bas il n'y a que la paix. Je veux bien apprendre l'anglais pour peu que je n'aie pus à portée de vareuse.

Le quatrième coup sonna la fin, car après celui-ci, un bruit de moteur se fit entendre, une pétrolette des airs, c'était un aéronef. Il semblait des nôtres, je le sais plus par le feu nourris de la tranchée d'en face que par ses couleurs. La voilà mon occasion. Je me levai prestement et courus en direction du sous-bois. Cinquième coup. Je le savais maintenant, il devait recharger, je l'espérerais. Je tendis la main au passage, et attrapai mon barda. La terre s'enfonçait sous mes semelles, pas le temps de tomber à la renverse, de dos, je n'aurais aucun casque pour me protéger. Je courais de biais longeant leur tranché, j'attendais d'être dans les bois pour me retourner complètement. Un troisième ricoché me frappa à la hauteur des premiers arbres, mais cela semble être un projectile à main. La suite fut brève, presque instantanée. Un jaillissement de couleur, de douleur. Et puis le noir.

Un aigle sur un champ de bleuetsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant