Prologue second : Jade, Phoebe

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3 années plus tard, Angleterre 1857, comté de Surrey, campagne de Mole Valley...

Après le dîner en famille, Jade avait aidé ses deux petits frères à se mettre au lit, tandis que ses parents et sa sœur aînée étaient en pleine discussion dans une pièce au premier étage. Fronçant les sourcils à l'idée de se joindre à eux, la jeune fille gravit les marches de l'escalier en faisant des efforts pour se composer une expression neutre.

Elle frappa des coups à la porte et la voix de son père la somma d'entrer. Inspirant et expirant à plein poumon pour se donner du courage, la grande brune obéit et s'introduisit dans le bureau de monsieur O'Brien. La mère et la sœur de Jade étaient assises sur un sofa dans la lumière tamisée de la pièce, tandis que le chef de famille était installé en face sur un imposant fauteuil.

- Approche. Nous n'attendions plus que vous, émit madame O'Brien avec un aimable sourire.

Jade referma doucement la porte. On lui proposa de prendre place, mais la jeune fille refusa l'offre et préféra rester debout, les mains élégamment jointes sur le devant de sa robe.

- Nous étions en train de parler du mariage de votre sœur et le sujet ne pouvait guère être clos sans vous, l'informa son père.

C'était un homme robuste qui approchait la cinquantaine. Depuis une trentaine d'années, comme l'avait fait son père avant lui, il tenait un grand commerce dans la région, une épicerie très fréquentée et assez prospère qui permettait à sa famille de vivre dignement. Le foyer comptait quatre enfants, deux filles en âge de se marier et deux garçons ayant chacun moins de douze ans.

- Je vous écoute, encouragea la nouvelle venue.

- Cet après-midi, j'ai reçu la confirmation de l'oncle du brave Robert. Il approuvé l'initiative de son neveu de vouloir épouser votre sœur, et est impatient de voir les préparatifs commencer pour officialiser définitivement leur union cette fois-ci.

- Toutes mes félicitations, Jeanne, dit Jade d'une voix mielleuse à l'attention de son aînée. Robert et toi méritez d'être heureux.

La concernée adressa un regard sceptique à sa petite sœur, mais fit l'effort de sourire poliment et de la remercier.

- Il est vrai qu'après l'incident de l'année dernière, j'avais refusé d'entendre parler d'une relation quelconque entre ces deux-là, reprit le commerçant, mais le temps a le potentiel d'apaiser les tensions. Surtout avec l'attitude de Robert qui s'est beaucoup améliorée depuis. Il a fait ses preuves et semble être devenu un futur gendre conscient et plus respectueux. Qu'en pensez-vous, Edith ?

- Je suis du même avis que vous, mon cher époux. Il est repentant et mérite la seconde chance que nous lui accordons. S'il n'avait pas suffisamment tenu à Jeanne, je pense qu'il n'aurait pas fourni tous les efforts possibles pour revenir dans ses bonnes grâces et les nôtres.

- En effet, nous considérons que ce qui s'est produit l'année dernière, était une erreur qui ne s'est pas reproduit et qui ne se reproduira plus jamais, soutint le chef de famille.

- Il était impulsif, immature et sot, approuva son épouse. Avec le recul, nous pouvons essayer de le comprendre. Aujourd'hui, c'est un jeune homme beaucoup plus lucide.

- Je n'en doute pas, prétendit Jade en cachant son amusement. Il est devenu meilleur. Je pense que tu es toi aussi d'accord, Jeanne.

- Oui, chère sœur, répondit la concernée avec assurance. Mon fiancé s'est rendu responsable d'une grave erreur l'an dernier, mais il est profondément désolé et a prouvé à tout la famille de part sa conduite, qu'on pouvait à nouveau lui faire confiance.

La Conquête D'une Lueur D'espoir (Les Courtisanes De La Liberté)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant