Chapitre 14 : Meredith, Ulysse, Phoebe.

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Matinée, résidence londonienne du comte de Derby, 10h47...

Installée sur un banc à l'ombre dans l'arrière-jardin, Meredith lisait un manuel récemment publié par une dame influente et prenait des notes au crayon à l'intérieur d'un carnet. C'était une tâche confiée par lady Jayne, qui devait dans l'après-midi prendre du thé en compagnie de certaines jeunes filles et de l'auteure de cet ouvrage, qui était nulle autre que la marquise de Townshend. Il s'agissait d'écrits qui avaient pour objectif de prescrire des normes de conduite, d'étiquette et de comportement social pour les femmes. Ce, afin de les aider à s'intégrer harmonieusement au milieu des cercles sociaux, de les encourager à adopter dans toutes les situations des comportements raffinés, courtois et respectueux. Ils fournissaient des conseils pratiques et subtils sur la façon de gérer convenablement leurs plus fréquentes interactions avec autrui, leurs responsabilités domestiques et leurs relations familiales, préparant ainsi les femmes de naissance privilégiée et celles aspirant à s'intégrer aux sphères élevées, à parfaitement se mouler au rôle qu'on attendait d'elles.

- Mlle Helley ?

Elle perdit sa concentration et leva la tête pour regarder celui qui l'avait interrompue.

- Oui Spencer, que puis-je faire pour vous ?

- Monsieur le comte a demandé à vous voir, annonça le jeune valet, il patiente dans la bibliothèque.

- Ah, très bien ! répondit-elle en fermant son livre. Je monte tout de suite.

Il acquiesça et elle fut priée de le suivre.

Un instant plus tard, après qu'ils furent à l'étage et eurent frappé à  l'ouverture correspondante, le maître de maison leur accorda la permission d'entrer. Spencer reçut des consignes à propos d'une tâche importante qu'on lui avait confiée, avant de s'effacer, et Meredith attendit que ses pas se furent suffisamment éloignés avant de pousser le verrou de la porte.

Le regard grave, lord Andrew se tenait debout devant la fenêtre ouverte aux rideaux largement tirés, les mains croisées dans le dos. La lumière et l'air frais du matin emplissant le superbe espace dédié aux livres, les lieux semblait un peu plus accueillants que d'habitude.

- Milord, vous m'avez fait appeler, émit-elle en le saluant une deuxième d'une révérence.

- Je vous ai aperçue lire, tout à l'heure. Est-ce le même ouvrage qu'hier ?

- Oui, c'est un manuel que lady Jayne m'a confié. C'est une sortie récente.

- Une publication de la marquise Townshend ?

- C'est exact.

Elle lui présenta la couverture du livre pour confirmer.

- Vous preniez des notes. Quelle en sera l'utilité pour ma sœur ?

- Comme vous le savez, lady Jayne verra la marquise dans l'après-midi. Elle souhaite se démarquer des autres jeunes filles en démontrant qu'elle a lu son ouvrage avec grand intérêt.

- Chose qu'elle n'a pourtant pas faite.

- Oui. Le livre m'a été confié hier pour être entièrement consulté,  afin que je puisse prendre notes de tous les passages marquants et pertinents.

Ayant facilité le travail à sa maîtresse, cette dernière allait se contenter de mémoriser les notes explicatives prises par Meredith, ainsi que quelques références de pages et phrases, pour tenir une conversation soutenue avec la marquise - qui allait sûrement être flattée. Elle allait pouvoir impressionner les autres invitées et monter en estime à leurs yeux, obtenant des points additionnels pour sa réputation. Et au cas où des imprévus difficiles pointaient le bout de leur nez, elle comptait sur sa demoiselle de compagnie pour l'aider à se rattraper chaque fois en lui soufflant des réponses.

La Conquête D'une Lueur D'espoir (Les Courtisanes De La Liberté)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant