Chapitre 11 : Phoebe, Meredith.

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Vendredi, résidence londonienne du vicomte Cobham, 21h48...

Coiffée d'un chignon grec haut, vêtue d'une superbe robe vert turquoise au décolleté en V passablement profond dont les manches étaient fluides le long du bras et moulantes au niveau des poignets, la silhouette mise en valeur par un drapé entourant étroitement ses hanches avant de s'évaser, Phoebe se tenait debout au bord de la piste animée de la réception de son hôte.

- N'est-il pas charmant ? disait miss Falone Berry qui se tenait à sa droite. Pourriez-vous faire en sorte qu'il soit mon cavalier pour l'une des prochaines danses ?

- Pour vous, le but de cette soirée est de repérer un parti à épouser, pas de flirter avec Saul.

- Qui pourrait me reprocher ce petit écart ? Il dégage une belle énergie, vous ne pouvez dire le contraire.

- Les hommes séduisants et disposés à vous escorter ne sont pas rares. Pourquoi ne pas vous concentrer sur ceux-ci ?

- M. Miller n'est pas beau au sens classique du terme, mais il est élancé, élégant et a l'air doux et bienveillant. Autant de qualités que j'admire énormément, vous savez.

- Vous en avez oublié plusieurs, si j'ai bon souvenir. Certes, c'est le pupille de mon frère, mais il n'est ni riche, ni même d'origine prestigieuse, ni assez âgé. Il n'a pas ce qu'il faut pour vous aider à relever votre famille.

- Je ne suis pas si exigeante et les concessions existent. Il est fils de médecin, lié à un membre de la noblesse très influent, et je suis certaine que Sa Grâce trouvera un moyen de l'aider à avoir une posture sociale, financière et professionnelle confortables dès qu'il atteindra sa majorité.

- Dans ce cas, il faudra patienter trois longues années. N'est-ce pas un peu long ?

Vann, Saul et elle s'étaient mis d'accord pour que le prétendu pupille du duc soit présenté à tous comme un jeune homme de dix-huit ans. Ce choix limitait les questionnements concernant son visage imberbe, son air candide et sa silhouette gracile.

- Que vous pouvez être sérieuse des fois ! soupira Falone. Je veux danser et discuter avec lui, pas le séquestrer pour lui arracher une promesse de mariage.

La jolie blonde à lunettes pouffa en couvrant sa bouche avec une main gantée.

- Excusez-moi, ma chère, dit-elle. Je vous embêtais pour le plaisir.

Son amie sourit.

- Alors, comptez-vous m'obtenir une danse ?

- Oui, je le ferai.

- Fort bien, merci.

Elles changèrent de sujet pour parler des jeunes débutantes de la saison, des alliances maritales qui se formaient et des rumeurs qui circulaient, tout en adressant de temps à autre des signes rassurants à Mme Leen qui était la tante de Falone, une femme mariée agréable d'âge mûre qui veillait subtilement sur leur vêtu. Cela, quand bien même les deux jeunes femmes étaient déjà convenablement accompagnée. Pour miss Berry, il y avait son frère cadet, tandis que pour lady Phoebe, il s'agissait de lord Vann et de Saul Miller.

D'ailleurs, en parlant de la jeune travestie, c'était la troisième soirée à laquelle celle-ci assistait. La première ayant eu lieu dimanche dernier à l'occasion du dîner privé qu'avait organisé un des vieux amis du défunt duc ; il avait reçu vingt-cinq personnes en tout et il n'y avait eu aucune remarque désobligeante vis-à-vis du nouveau visage. En deuxième, venait la réception du marquis de Bath qui avait eu lieu le même jour, permettant à Saul de laisser une belle impression à certaines personnes de leur milieu.

La Conquête D'une Lueur D'espoir (Les Courtisanes De La Liberté)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant