La Conquête D'une Lueur D'espoir (Les Courtisanes De La Liberté)

Chapitre 4 : Meredith, Jade

Résidence londonienne du comte de Derby, 11h09 du matin...

Lady Jayne, sœur cadette de lord Andrew, âgée de dix-neuf ans, était assise devant la coiffeuse de sa chambre. La décoration était magnifique, dans des tons ocres et blancs. Meredith se tenait debout derrière la jeune fille et l'observait brosser avec soin, sa longue chevelure dorée et lisse.

- Avez-vous bien reçu toutes vos tenues ? interrogea lady Jayne.

- Oui, merci. Elles sont belles. Je ne m'attendais pas à tant.

- Cela vous sera utile, ou plutôt, cela servira mes intérêts.

- Fort bien, milady.

- Nous sommes très différentes, n'est-ce pas ? s'enquit la blonde en esquissant un mince sourire.

- En effet, puisque je suis à votre service.

- Je ne parlais pas forcément de nos rangs, bien qu'on ne puisse faire abstraction de cette réalité.

- Expliquez-vous. Je suis toute ouïe.

- Que vous êtes arrangeante, ma chère !

- C'est le moindre des prérequis.

- Soit. J'ai tout mon temps pour voir jusqu'où vous tiendrez.

- Je ne vous décevrai pas, milady.

Son interlocutrice, à travers la glace du grand miroir, croisa son regard. La dame de compagnie se tenait bien droite, le chignon tiré haut, les mains croisées devant sa jolie robe sage, une expression neutre sur le visage.

- Comme je le disais, je trouve que nous sommes différentes ; ce, physiquement parlant. Qui est la plus jolie de nous deux, à votre avis ?

- Vous, évidemment, milady.

- Quelle vilaine menteuse !

- Veuillez m'excuser si ma réponse ne vous convient pas.

- Vous savez ce que vous voulez et où sont vos intérêts. C'est bien. Mère m'avait prévenue que vous étiez une femme intelligente.

- Je m'efforce d'être compétente.

- Vous l'êtes sûrement et ce n'est pas pour me déplaire.

- Merci.

- Dans deux jours, j'aimerais que vous m'accompagniez dans une garden-party. Cela constituera votre première sortie officielle à mes côtés.

- Je me préparai en conséquence.

- Vous revêtirez une de vos plus jolies robes. D'importants invités y seront conviés.

- Je ferai comme il vous plaira. 

- Aussi professionnelle que vous êtes, n'êtes-vous vraiment pas curieuse d'en savoir plus sur mes motivations réelles, Meredith ?

- Je me garde généralement de me montrer indiscrète avec mes supérieurs.

- Votre sort en dépend, pourtant. Du moins, dans ce cas précis.