Chapitre 49

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Thomas


Bam... Bam Bam...Bam... ... Bam... ... ... Bam... ... ... ... Bam

Le démon parle, mais je n'entends rien. Le son des battements de mon coeur qui ralentit est assourdissant. Il percute inlassablement mes tympans, faisant croître le sentiment de malaise qui désorganise le cours de mes pensées.

L'abdomen transpercé, suspendu dans les airs, j'aperçois la scène d'un point de vue bien étrange. Mon premier réflexe est de lutter en saisissant la base de la corne en le repoussant. Une tentative vaine, plusieurs de mes organes vitaux sont touchés, donc le peu de force physique restant s'évanouit presque instantanément.

Quelques secondes plus tard, un goût métallique se répand dans ma bouche jusqu'à me forcer à l'entre-ouvrir. Je n'ai pas envie de crever étouffé à cause du sang qui remonte le long de ma trachée.

La douleur qui assaillait mon corps il y a peu s'estompe finalement à la vue de Bélial, l'air renfrogné. Le visage du démon est maculé de sang, celui que je viens littéralement cracher sur lui. Voilà pourquoi ses yeux me fixent avec tant de colère.

L'adrénaline qui parcourait mes veines finit par céder la place à l'euphorie, mes lèvres s'étirent en rictus, et mon rire brise enfin le silence de mort qui régnait depuis de longues minutes. Enfin rire est un bien grand mot, je dirai qu'il s'agit de râles d'agonie saccadés.

- Eh...t'as une tache...juste là... Cette simple moquerie me demande un effort d'articulation considérable pour me faire comprendre, forcé d'haleter bruyamment pour calmer ma respiration.

Bélial n'est pas un fervent partisan de l'humour, il se renfrogne et d'un mouvement brusque de la tête m'envoie valser dans les airs. Le bruit de la corne qui s'extirpe de mon abdomen est immonde, une seconde n'est pas passée lorsqu'un liquide chaud que j'identifie rapidement comme étant mon propre sang ne tarde pas à couler à flot.

- THOMAS ! Encore cette voix suppliante. Elle me fait sentir encore plus mal, pourquoi diable cette gosse s'inquiète-t-elle toujours pour ma gueule.

-ARGH. Ce bruit disgracieux que j'émets interrompt mes pensées à la seconde où mon dos percute violemment le tronc d'un arbre. Incapable de bouger, ma tête tombe mollement sur le haut de mon torse tandis qu'une nouvelle quantité de sang incroyable s'échappe de ma bouche.

Finalement une pression chaude sur mon poignet m'incite à redresser la tête de façon très approximative, légèrement penchée sur le côté. C'est cette idiote de gamine, le visage pâle rongé par l'inquiétude. Ses doigts fins s'agitent, essaie-t-elle de trouver mon pouls ? Il ne se situe pas du tout à cet endroit...

Quelle connerie. Après toutes les tortures que j'ai pu subir, c'est une putain de chèvre qui va avoir ma peau. Mais quelque chose ne tourne pas rond. Il n'y a plus aucune trace de magie en moi, et lorsque ce constat finit par s'imposer dans mes pensées, le ricanement sournois de Belzébuth me fait comprendre que je ne suis pas prêt de la retrouver.

- Sais-tu ce qu'est un pacte silencieux ? La question du démon de la gourmandise m'interpelle.

Évidemment que j'ignore ce que c'est. Et pourtant j'ai comme l'impression que cette connerie est la source de mes emmerdes. Le fait est que mon manque de réponse conforte le démon de la gourmandise, qui semble saliver à l'avance de m'expliquer l'embrouille qui justifie la désertion de ma magie.

- Si la mavros est une magie interdite, c'est bien évidemment à cause des conséquences qu'elle entraîne. Comme tu as pu le constater toi-même, tu deviens puissant mais en contrepartie tu abandonnes ton humanité. C'est un prix fort qui aurait pu te mettre sur la piste ! Belzébuth entreprend la démarche de clarifier la situation, un sourire mauvais aux lèvres.

Tome 2 Ω Sang-Mêlé Ω VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant