Tome 2 Ω Sang-Mêlé Ω Vengeance

Chapitre 4

Kyle

- Ce n'est vraiment pas l'idée du siècle, de défendre cet enfoiré devant moi. Mon ton froid l'oblige à reculer d'un pas maladroit bien qu'elle refuse encore d'abandonner sa défense en carton.

- Je ne défends personne, j'expose seulement des faits. Et malheureusement, cette jeune fille n'est pas assez expérimentée pour rivaliser avec un descendant du seigneur des enfers qui contrairement à elle, combat depuis son plus jeune âge. L'infirmière insiste, me faisant soupirer d'énervement.

- Et pourtant, il est bien dans le coma. Un sourire mauvais fend mes lèvres en deux, lorsque je m'imagine lui rendre une petite visite pour l'étouffer dans son sommeil.

- Exactement. Le garçon qui se trouve un étage plus haut présente les mêmes symptômes, dont une entaille nette sur la main gauche. Cette situation me laisse penser qu'il s'est lui-même infligé cette souffrance, pour une raison qui m'échappe encore. Avoue la femme en observant distraitement le corps d'Ana.

En colère, je peux sentir le jaune de mes yeux virer sur un blanc menaçant. Mes lèvres se pincent, ne sachant pas quoi répondre à ses hypothèses débiles. En revanche, l'envie de griller sa cervelle de pimbêche me démange le bout des doigts, les forçant à s'agiter fébrilement dans les poches de mon short.

« Pour quelles foutues raisons ? Je l'interroge, d'une voix rauque.

- Je l'ignore... Peut-être par culpabilité ? La nouvelle supposition de l'infirmière me fait tiquer.

- Voilà. Tu ne sais pas. Tu n'as pas vu ce que j'ai vu. Alors maintenant, tu vas rapidement quitter cette pièce avant que tes parents ne pleurent sur un vulgaire tas de cendres, la perte de leur insignifiante progéniture. » Une menace que je prononce d'une voix étonnamment calme, la faisant se précipiter vers la porte.

Désormais aussi contrarié que perplexe, je laisse tomber mon corps dans le fauteuil en cuir près du lit. Ma jambe tremble violemment, alors que mes lèvres se pincent d'elles-mêmes. Qu'importent ses hypothèses hasardeuses, le triste résultat est sous mes yeux. Et il n'y a pas mille façons de l'interpréter, avec ou sans épée, il avait la ferme intention de la battre à mort.

Ses nombreuses blessures en témoignent, et ne laissent pas de place pour une quelconque once de culpabilité. Finalement, le visage paisible d'Ana finit par accaparer toute mon attention. Sa peau pâle ne faisant qu'illustrer de façon plus visible la monotonie de ses journées interminables, enfermée dans cette chambre d'hôpital exiguë.

Mon regard s'attarde sur une de ses mèches blondes qui s'est échappée de sa coiffure impeccable. Je dois bien admettre que l'aide-soignante est particulièrement talentueuse pour cette tâche. Et à l'approche des fêtes de noël, elle ajoute de temps à autre un peu de rose à ses lèvres, camouflant le temps d'une journée son aspect de malade.

Et malheureusement pour mon esprit tourmenté, ma tranquillité est de courte durée. En effet, j'avais la désagréable impression que l'intru venait délibérément de se jeter contre la porte, faisant trembler cette dernière dans un grand fracas.

Instinctivement, mes sourcils se froncent en imaginant déjà l'infirmière revenir à la charge avec plusieurs papiers pouvant attester la fiabilité de ses hypothèses.

Mais la tension de mes muscles ne tardent pas à se relâcher lorsque je reconnais Kevin. Le garçon se frotte le front de sa main libre, grimaçant légèrement certainement à cause de la porte qu'il vient de se manger en pleine tête.

Puis à l'aide d'une canne adaptée pour les malvoyants, il balaie les environs jusqu'à buter sur le la table base près d'Ana sur laquelle est disposée un bouquet de roses rouges, une attention de la survivante, Beckie je crois.