Tome 2 Ω Sang-Mêlé Ω Vengeance

Chapitre 27

Ana

- Thomas... Je prononce son prénom dans un chuchotement étouffé, capable de reconnaître entre mille la voix de mon grand frère. 

Mais lorsqu'un liquide étrangement chaud goutte sur mon front, j'ouvre les yeux pour découvrir un spectacle tout-à-fait subjuguant. Il retient de sa main nue, la lame de Nathan à quelques centimètres de mon visage. Son sang coule silencieusement le long de l'épée avant de tomber sur moi à plusieurs reprises.

Pourtant, mon frère ne manifeste pas la moindre émotion. Il se contente de jauger Nathan, les sourcils à peine froncés comme si l'impuissance visible du garçon le dégoutait... Impossible, je dois me faire des idées. Aider son prochain est une véritable vocation chez lui. Depuis enfant il crie à qui veut bien l'entendre qu'il va un médecin si prestigieux qu'aucune maladie ne saurait lui résister.

Thomas est bien la dernière personne à pouvoir exprimer du mépris envers son prochain. Mais alors pourquoi ce sentiment de malaise refuse de me lâcher ?

- Comment peux-tu prétendre protéger ma petite soeur, si ta propre volonté est soumise à un autre ? Le réprimande durement mon frère, qui le fait hocher la tête d'un air grave.

Étonnée par le charisme incroyable qu'il manifeste, je l'observe avec de grands yeux admiratifs. L'impulsivité qui le caractérise tant, semble être un lointain souvenir. Cette nouvelle maîtrise de ses émotions lui permet notamment d'analyser avec sang-froid la situation, avant de revenir à Nathan toujours agenouillé à ses pieds.

« Le mythique fils du seigneur des enfers... Une légende qui se brise, n'est-ce pas mon fidèle cobaye ? Damien s'adresse à Thomas, tout en se moquant de l'accablement qui frappe le garçon devant moi.

- Silence. Je m'occupe de toi dans cinq minutes. » L'intonation froide de mon frère fait tiquer le tueur en série, qui prit au dépourvu ne trouve rien à redire.

D'un simple mouvement pied, il bouscule suffisamment Nathan pour le faire tomber à genoux. Ce dernier ne bronche pas, incapable de surmonter sa propre impuissance. L'envie de le réconforter me traverse l'esprit, mais Thomas s'interpose entre nous, prêt à poursuivre ses provocations.

- Tu comptes jouer au petit chien encore longtemps ? La nonchalance dont il fait preuve m'interpelle, pourtant j'essaie de me persuader que le comportement inhabituel de Thomas est forcé dans l'unique objectif de motiver le garçon.

En tant que simple spectatrice, je peux apercevoir ses yeux rouges s'illuminer brièvement. Une réaction physique qui fait certainement suite à l'insulte, mais celle-ci s'atténue presque aussitôt. Désespérée de le voir réagir, j'essaie de réfléchir à quelques paroles qui pourraient bien éveiller son esprit compétiteur.

« Nathan... tu te rappelles...du jour où tu m'as dit... que tu avais en horreur le fait de devoir t'agenouiller devant quelqu'un... Je murmure d'une voix vacillante, ne souhaitant pas alimenter la culpabilité qui l'assaille.

- Oui, mais son don... Souffle le garçon avec tant d'hésitation, que mon coeur se serre.

- Possède un point faible, comme tous les autres. » Thomas l'interrompt durement, et fait désormais face à Damien.

Ce dernier tressaille à l'idée que mon frère est pu trouver une quelconque façon de contourner son pouvoir. Alors il ne perd pas une seconde, et lui ordonne calmement :

- Éloignes-toi, il doit finir ce que je lui ai demandé.

Paniquée, j'observe Thomas obéir docilement en s'éloignant d'un seul pas. Après toutes ses remontrances, il est lui-même soumis à l'emprise de Damien, alors quel est l'intérêt de cette mise en scène désormais grotesque ? Qui ne fait que satisfaire un peu plus l'ego démesurément sadique de l'autre tueur sanguinaire.