Chapitre 1 : Une raison de vivre.

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Musique : Louane-Secret.

Près de la capitale, le 9 Avril 2013, le jour de l'épidémie.

Dans le salon d'une petite maison située en périphérie de la capitale, comme chaque jour de la semaine Louise est impatiente à l'idée d'aller au lycée. Après avoir fait ses affaires, elle s'assoit sur le canapé face à la télé éteinte. Les cheveux soigneusement bouclés, elle attend impatiemment que son père soit prêt afin de la déposer. Comme souvent, celui-ci est en retard. L'époque où il devait mettre deux minutes pour se préparer à l'armée est loin derrière. Désormais, Nede est devenu un père célibataire qui a trop souvent la tête en l'air. Il a encore oublié quelque chose. Mais quoi, cette fois ? Lorsqu'il arrive enfin dans son salon avec les cheveux ébouriffés, sa barbe de trois jours dure déjà depuis plus de trois semaines. Il a trente cinq ans mais en fait déjà dix de plus. Ancien militaire légèrement enrobé à l'allure dure et ferme, Nede cherche quelque chose du regard.

- Merde, bafouille-t-il d'une voix grave. Mes clefs.

- Elles sont ici, réplique Louise en levant la main avec un sourire taquin.

- Heureusement que tu es là.

- Je confirme. Malheureusement, tu ne ferais pas grand chose sans moi. On se demanderait presque qui est l'adulte et qui est l'enfant.

- Tu fais bien de préciser " presque ". En attendant que tu sois en âge de le faire, c'est moi qui conduis la voiture.

- Samy peut aussi s'en occuper...

- Ton oncle Samy a déjà du mal à s'occuper de lui-même, lâche Nede avec une certaine évidence dans la voix. Il est temps de partir, tu vas être en retard.

Louise hoche la tête en signe d'affirmation. Puis avant de partir, elle se rapproche de son père. Elle tient toujours à effectuer le même rituel : elle prend chaleureusement son père dans ses bras. Lui qui a souvent été stoïque dans ses émotions de par son passé douloureux, Nede ne peut s'empêcher d'apprécier la proximité de Louise. Elle ne lui a pas seulement donné du bonheur dans la vie, elle lui a aussi redonné l'envie de ne plus survivre... et d'enfin apprendre à vivre.

Il lui doit tout.

- Dis-moi papa. Comment imagines-tu la mort ? poursuit sa fille inquiète.

- Pourquoi cette question ?

- Juste comme ça, réplique Louise en dissimulant ses appréhensions grandissantes.

- On va être en retard, marmonne Nede dans sa barbe. Il faut partir.

Avant qu'ils ne partent, Louise tient une dernière fois son père par le bras et lui dit :

- Je ne le dis pas assez mais je suis fier de toi. Tu as toujours veillé sur nous et tu as fait de nous ta priorité depuis toujours. Même si tu penses le contraire, tu te fais vieux et c'est à nous de prendre soin de toi. Pas juste moi, pas juste Samy. Mais nous deux. Alors merci d'être là. Merci d'exister...

Incapable de mettre des mots sur les maux, Nede se contente de déposer un baiser bienveillant sur le front de sa fille. Sa fille ? Si seulement elle savait la vérité.

- Je crois qu'on va vraiment être en retard cette fois, insiste-t-il en entendant les bruits répétés de klaxonnes à l'extérieur.

Malgré l'heure matinale, il fait beau.
La range rover bleue de sport dont est particulièrement fière Samy vient d'être lavée. Lorsque Louise tente de prendre place sur le siège passager, son père lui fait signe de passer à l'arrière.

- Toi aussi, lance-t-il à son propre frère. Je me sens plus en sécurité si je conduis.

Samy soupire puis s'exécute.

Father's diaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant