Musique : In this moment-I Would dire for you- John Wich chapter 4
Yhsan :
Comme si c'était hier, je me souviens de chaque matin où les alarmes retentissaient à travers les dortoirs. Quatre heures... Notre longue journée venait déjà de commencer. Je me réveillais avec une certaine nonchalance, tant dis que mes trois camarades de chambre étaient en tenue militaire. Pourquoi se presser ? Les plus lents n'arrivent jamais à temps lors du rassemblement. Ce jour-là, c'était pourtant moi qui était la plus lente.
Sous le vent frais, bien qu'il faisait encore nuit, ils étaient toutes et tous rassemblés devant l'instructeur Ariste, spécialiste de la préparation physique. Âgés de 8 à 18 ans et nombre de 240, nous représentons la fine relève des rebelles. Nos instructeurs avaient mis les moyens afin d'assurer notre formation. Discipline, respect, et rentabilité étaient les valeurs que prônent le centre de formation des rebelles. Je résumais tout cela à du bourrage de crâne. Orpheline, je n'ai pas eu d'autres choix que de vivre aux crochets des rebelles. Entre déménagement et séparation, mon enfance a été... Instable.
Assise devant le bureau de l'instructeur Aemon, l'instructeur le plus âgé de l'Académie, je devais justifier mon retard du matin. Une convocation suivie d'une justification, c'est ce qui arrivait aux individus jugés instables.
- Yhsan... marmonait le vieillard dans sa barbe et sa chevelure grisonnante. Encore toi.
- Elle-même en personne, répliquais-je en dissimulant une certaine fierté.
À cet instant, comme à son habitude, il se mit à énumérer mes petits exploits.
- Tu refuses de participer aux entraînements collectifs car tu estimes ne pas en avoir besoin, tu t'es battu avec deux camarades qui ont atterris à l'hôpital, et parce que cela ne suffit pas tu arrives en retard au rassemblement. Peu importe la gravité de tes actions... Tu continues d'agir à ta guise. Dis-moi, quel sera ton prochain exploit ?
L'ironie dans ses mots avait le mérite de m'irriter.
- Je m'excuse, cela ne se reproduira pas. J'accepterai ma punition sans me plaindre. C'est-à-dire une semaine au cachot, répétais-je.
Je savais déjà que rien d'autre ne serait fait. J'avais fauté, inutile d'insister. Je n'avais plus qu'à accepter ma sentence.
- Yhsan, tu as 12 ans mais semble déjà vouloir être une adulte... Je me souviens encore du jour où nous t'avons recueilli parmi nous. Tu étais si refermé sur toi-même que nous pensions que tu étais muette. Nous t'avons vu grandir, et, nous t'avons vu faillir.
Faillir ? J'ignorais ce que cela signifiait, ce mot ne faisait pas partie de mon vocabulaire. Tout ce que j'entreprenais, je le réussissais. Perfectionniste et parfois nonchalante, je ne faisais pas les choses à moitié.
- Tu es de loin l'élément le plus prometteur que nous n'avons jamais eu, mais cela ne peut plus continuer ainsi. Ton attitude est contre-productive. Il est néfaste pour les autres. Tu dois comprendre que dans la vie aucun privilège n'est accordé indéfiniment. Puisque tu es si grande, que tu n'as plus rien à apprendre, alors prends ton indépendance. À l'unanimité nous avons voté pour ton exclusion.
Je ricanais face à ses propos absurdes. Moi, exclu ? Ce sort était réservé aux éléments indésirables. Moi, je représentais la quintessence de la réussite. J'avais enfin trouvé un endroit où vivre. Il était hors de question que je parte.
- Et vous acceptez cela ? Je suis...
- Tu n'es personne, répliqua-t-il d'un ton sec. Il est vrai que tu possèdes une certaine faculté d'adaptation, mais personne n'est irremplaçable. Encore moins s'il s'agit d'une gamine incapable d'obéir aux ordres. Je suis désolé, mais le collectif prime toujours avant l'individualisme. Même tes camarades nous ont fait part de leur mépris à ton égard.
VOUS LISEZ
Father's diary
Science FictionQuand le monde tel que vous le connaissiez n'existe plus, quand la ligne entre le bien et le mal devient floue, quand la mort se manifeste au quotidien, jusqu'où iriez-vous pour survivre ? Pour Nede, militaire retraité au cœur tendre, la survie est...