Chapitre 9 : Je ne veux plus fuir.

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Musique : Sofia Carson - I Didn't Know (From "Purple Hearts")

Parfois, nous avons épuisé toutes les ressources du dialogue, ou nous sommes arrivés au bout des nôtres. Plus envie de parler, de se battre, de concilier. Et, souvent en parallèle, une angoisse d'être en danger. Face à un ami toxique, une mère trop fusionnelle, un patron harceleur... Il arrive que le salut ne réside que dans la fuite. Parce que la culpabilité est omniprésente, parce que nous ne savons pas dénouer des liens douloureux, il faut s'en extirper et assurer son propre salut. Non, il n'y a pas de lâcheté dans cet " abandon de poste devant l'ennemi ". Au contraire, il faut souvent une grande force pour se retrouver, soi, pour mieux se reconstruire. Nous ne sommes pas condamnés à sauver les autres, nous ne sommes soumis qu'à la cruelle nécessité de nous mettre, nous, à l'abri.

Après avoir abandonné Yhsan, isolé dans une ruelle déserte, reprenant son souffle et rongé par la culpabilité, Key perdu dans ses pensées repense alors à ce passé qu'il a tant essayé d'oublier.

Nicolas :

Sept heure moins cinq du matin, je n'ai pas encore fermé l'œil, comme j'avais l'habitude de le faire pendant toutes ces cinq dernières années. J'adore la nuit, je pense à toi, mes cigarettes me manquent comme si ça faisait un siècle que je n'en avais pas mis une entre mes lèvres. Je suis resté à l'appartement, tout seul, je regarde le plafond de ma misérable chambre qui me fait peur car je crois qu'elle me donne des idées suicidaires. Je suis en train d'écouter une magnifique chanson de Sofia Carson nommée " I didn't known", et je viens de boire ma quatrième tasse de café pour cette nuit grise.

Je passe la plus grande partie de mon temps et notamment de mes nuits à parler avec toi, à te dire des mots, des phrases, à te réciter des poèmes sans que tu me répondes, tu ne fais que sourire de temps à autre, et tes yeux ne s'arrêtent pas de me regarder profondément, ils sont spéciaux tes yeux, ils sont les plus tendres yeux qu'a connu cette triste planète. Je me souviens encore de la première fois que je t'ai vue.

C'était une belle après-midi bien ensoleillée d'octobre, il ne faisait pas froid et je me rappelle bien que j'étais indifférent à tout et surtout à propos de l'amour. C'était l'idée d'un nouveau camarade à moi de se rencontrer pour se discuter sur un sujet que l'on devait présenter sous forme d'exposé. Il m'a téléphoné je l'ai rencontré à 15:30, mais avant j'ai trouvé beaucoup de difficultés pour trouver le lieu de notre rencontre, Quartier Badii, c'était mes premiers jours à Marrakech, et je ne connaissais pas bien la ville à cette époque.

Pourtant, j'ai pu rencontrer ce monsieur, lui qui connaît bien la ville m'avait proposé d'aller directement à un café qui était proche de nous, je me souviens qu'il m'avait dit :

- Vas-y, le lieu va te plaire j'en suis sûr, tu peux compter sur moi car tout le monde dit que j'ai un goût de folie.

J'ai lui répondu en disant :

- D'accord, même si c'est de ta putain folie que j'ai peur.

En s'approchant du café, j'ai remarqué avant d'entrer dedans qu'il s'agissait d'un petit café plein de personnes qui ont le regard curieux et qui en parlant fort rendaient le lieu comme s'il était un Souk hebdomadaire, je lui ai crié la colère dans les yeux :

- T'as bien l'habitude de débattre des sujets d'une grande importance dans des lieux pareils, ça justifie tout je pense ! Je ne vais pas rentrer dedans moi, changeons de café, d'accord ?

Il m'a pris par l'épaule et il m'a dit en souriant :

- Il faut confronter ses peurs, suis-moi sans rajouter un seul mot car dans ce petit coin tu vas boire le meilleur café du monde.

Father's diaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant