Father's diary

Chapitre 12 : Mon vrai prénom est... (Fin)

Musique : Zack Hemsey-The Way (Instrumental) 

"Notre vie est comparable au cours du soleil. Le matin, le soleil augmente progressivement sa force jusqu'à ce qu'il atteigne, brillant et intense, son apogée de midi..."

Nede :

Notre fin était proche.

Un sacrifice est nécessaire.

Le sang sera versé.

Je me souviens que cette nuit-là nous étions pris en embuscade. Dissimulé dans une tranchée, nous étions cinq jeunes soldats envoyés dans une mission suicide qui touchait à sa fin. Au-dessus de nos têtes, des tirs fusaient des deux côtés. Dans l'obscurité, impossible de discerner qui sont nos alliés ou ennemis. Nous devions nous mettre en sécurité au plus vite. Aucun de mes frères d'armes n'étaient en état de résonner. Il fallait agir, vite.

- À mon signal, vous courrez du côté opposé. Je ferai de mon mieux pour attirer les tirs tant que vous prenez la fuite.

Cette voix calme et lucide, c'était celle du caporal chef Edmond. Il était le plus gradé et âgé. Guidé par la peur, aucun de nous ne voulait réfuter ses ordres. Aucun, sauf moi.

- Pourquoi ? Vous êtes la personne la plus importante ici. Ce n'est pas à vous de prendre cette décision...

- Si je ne le fais pas, qui le fera à ma place ?

Malgré la pénombre, les tirs assourdissants, la situation critique, son visage ne dégageait aucune crainte. Il était prêt à y laisser sa vie. Non pas qu'il était plus ou moins important qu'un autre. Il le voulait, il devait, parce que c'était la seule meilleure chose à faire pour permettre notre survie.

- Allez, c'est parti. Profitez de votre vie et quitter l'armée après cette mission. Vous serez des héros et jeunes retraités.

Après avoir fini sa dernière clope, il ne regarda plus en arrière et sortit du trou. Dès l'instant où il se mit à courir, c'était le signal pour que nous partions du côté opposé. Sur une terre ferme, le poids de la guerre semblait lourd à supporter. Nous étions criblés de tirs. Certaines balles traversaient des membres vitaux. Pour ma part, l'adrénaline ne me faisait plus ressentir la moindre douleur, tant dis que les cris de mes camarades résonnaient brutalement à mes oreilles. Je ne pouvais pas m'arrêter. Je devais avancer jusqu'au camp allié. Je m'imaginais trébucher et ne plus me relever. Alors je hurlais. Je hurlais pour évacuer la peur et les regrets. Je sentais des balles perforer ma peau, mais rien n'y faisait. Je devais survivre pour revoir Samy et m'occuper de lui. Alors les cents derniers mètres me faisaient penser à mes vingt dernières années qui défilaient sous mes yeux...

"Je ne veux pas mourir." pensé-je.

Et parmi toute notre escouade, j'étais le seul survivant.

La suite était confuse dans mes souvenirs, je me souviens que mes camarades d'armes m'ont pris dans leurs bras. Je me souviens aussi que mes supérieurs étaient admiratifs de ma course contre la mort. J'ignorais comment j'avais survécu ce jour-là. Ce n'était pas mon moment. Depuis cet instant, je me suis demandé pourquoi le caporal-chef Edmond avait choisi de se sacrifier. Pourquoi donner sa vie alors qu'il nous connaissait à peine ? Est-ce au plus gradé de donner sa vie ? Est-ce à la personne ayant le plus vécu de donner une chance aux plus jeunes ? Aujourd'hui, la réponse à cette question me paraît plus claire.

Sous le lever du soleil, j'avance vers ce qui semble être ma dernière mission. Jusqu'à présent j'ai toujours fuis le danger. Désormais, je ne peux plus y échapper.

Yhsan... Je dois la retrouver.

Car notre fin est proche.

Et je sais qu'un sacrifice sera nécessaire.