Chapitre 8 : Je t'interdis de mourir.

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Musique : Vinland saga saison 2 ending full-Ember

Yhsan :

Lorsque je retrouve conscience, je découvre la pleine nuit au milieu d'une forêt. Près d'un feu de champ, je distingue un homme allongé à mes côtés. Ne cherchant pas à comprendre la situation et par réflexe, je m'apprête à l'étrangler dans son sommeil.

- Fais un mouvement de plus et je te tue, menace une voix autoritaire dont je n'avais pas perçu la présence.

Assis à quelques mètres en face de nous, comme s'il semblait nous surveiller, un autre homme tient un fusil en guise d'avertissement. Je reconnais aussitôt son visage marqué par les blessures de la vie...

- Toi... lâché-je en me rappelant qu'il est celui qui a tué Myke.

Pourquoi se mentir à soi-même ? C'est moi qui ai tué Myke. Je suis une meurtrière, pensé-je, ce n'est pas ma première victime. Pourtant, je ressens une certaine culpabilité... Était-ce parce qu'il fut autrefois un ami ?

- C'est de ta faute s'il est mort.

- C'est toi qui a raté ta cible, me fait-il remarquer. Dors, demain est une longue journée.

Longue journée ? Je constate que ma blessure à la poitrine a été soignée à mon insu, des bandages recouvrent désormais ma plaie. Je suppose donc qu'ils se sont occupés de moi. Lui, et l'homme dormant à mes côtés. Ont-ils l'intention de m'utiliser comme un otage ? Sûrement. La situation prend sens.

- Comment t'appelles-tu vieillard ?

Malgré sa carrure, il n'a pas l'air très jeune... Pourtant, il a dominé Myke. Cet homme dissimule une force insoupçonnée. Son regard neutre semble aussi porter le fardeau du monde sur les épaules.

- Dors ou je tire sur ta blessure, insiste-t-il.

J'ignore qui est cet homme dont l'autorité ne m'atteint pas, mais je le déteste déjà. Ces gens-là... Je sais comment les gérer. Ils ne comprennent qu'un seul langage : La violence.

- Faisons un deal, proposé-je, je veux t'affronter. Si je gagne, tu me laisses partir. Si je perds, je dors.

- Tu ne tiendras pas dix secondes.

Le ton de sa voix est ferme. Pourtant, ma proposition ne lui semble pas si ridicule. Je me glisse à travers cette ouverture pour dénicher une quelconque faille.

- Essayons. Tu es vieux, je suis encore blessée. Nous avons tous les deux un handicap.

Je lui jette un regard provocateur à travers la braise du feu qui nous sépare. Malgré cela, il ne paraît pas intimidé. Je m'enfonce dans cette brèche entrouverte.

- Je ne vois pas pourquoi je me battrais contre toi, réplique-t-il en posant son arme à terre. Je n'ai pas d'ennemis. Alors cesse d'aboyer et dors comme ton voisin. C'est lui qui t'a soigné. Et c'est même lui qui a insisté pour qu'on aille te sauver. Sans lui, tu ne ferais plus partie de ce monde.

Face à cette soudaine révélation, je reste d'abord muette. Cet homme qui dort à mes côtés... À la différence du vieillard, il est jeune et plutôt agréable à regarder avec ses cheveux ébouriffés. Mais pourquoi ? Pourquoi aurait-il une raison de sauver ma vie ? Les hommes, je les connais. Ils ne sont pas dignes de confiance.

- Vous n'êtes que des mercenaires payés pour accomplir une mission, lâché-je telle une évidence. Les rebelles, c'est eux qui ont réclamé mon sauvetage.

Il hoche la tête en signe d'affirmation.

Je m'extirpe de cette ouverture sans fin que j'ai créé. Je comprends qu'ils ne sont que de vulgaires individus dont l'objectif est de me rapatrier auprès des miens. J'éprouve alors une certaine déception. Déception ?

Father's diaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant