___TU ES MA PROPRIÉTÉ___
L'atmosphère dans le bureau était lourdement pesante. Manjiro Sano, mieux connu sous le nom de Mikey, fixait la ville de Tokyo à travers les baies vitrées, comme à son habitude. Pourtant, derrière son calme apparent, une colère sourde bouillonnait en lui. Chacun dans la pièce pouvait sentir cette tension électrique, oppressante, qui pesait comme un lourd manteau sur leurs épaules.
Tu étais assise là, en face de son imposant bureau, le cœur battant à tout rompre. Derrière toi, se tenaient les frères Haitani et Sanzu, tous silencieux mais aussi menaçants que des ombres. En face de toi, ton frère, les yeux rivés sur toi, et les autres membres du Bonten. Tous les cadres présents hier se trouvaient là, réunis dans cette pièce qui semblait soudainement trop petite.
Les larmes, que tu avais tenté de retenir, coulaient maintenant librement sur tes joues. Il n'y avait plus moyen de les contenir. Pour la première fois, même Koko, habituellement capable de t'apporter un semblant de réconfort ou de solution, était impuissant face à la situation. Il te lançait des regards inquiets, mais il savait qu'il ne pouvait rien faire. La décision ne lui appartenait pas.
Mikey, sans quitter la ville des yeux, rompit enfin le silence. Sa voix, aussi tranchante qu'une lame, fit vibrer l'air.
« On t’a jamais appris à ne pas te mêler de ce qui ne te regarde pas, hein ? » lança-t-il sèchement, son ton glacial te glaçant le sang. « Tu sais dans quelle situation tu t’es mise, ou plutôt... dans laquelle tu nous as mis ? »
Tu restas silencieuse, les mots se bloquant dans ta gorge. Ton corps entier tremblait sous la pression de son regard. Le silence qui suivit était presque plus insupportable que ses paroles.
« ... » murmuras-tu finalement, incapable d'articuler quoi que ce soit de plus.
Mikey, visiblement agacé par ton mutisme, se détourna de la fenêtre et s'approcha de toi, son pas lent et calculé. Il prit place en face de toi, ses yeux noirs perçant les tiens, comme s’il cherchait à lire directement dans ton âme. La distance entre vous était minime, et pourtant, il te semblait qu’un gouffre immense vous séparait. Tu te sentais piégée, comme un animal traqué.
« Tu es au courant que toutes les personnes qui se sont retrouvées dans cette pièce avant toi... » Il marqua une pause, son regard devenant plus sombre encore, « …ont perdu la vie dans les deux ans qui ont suivi ? » Son ton était sec, sans émotion, comme s’il énonçait un fait incontestable.
Ces paroles résonnèrent en toi comme un coup de massue. Tes larmes redoublèrent d’intensité, mais aucun son ne franchit tes lèvres. Tu étais figée sur place, incapable de bouger, incapable de parler. Mikey, lui, ne semblait pas affecté par ta détresse. Il reprit place derrière son bureau, croisant les bras sur sa poitrine, te fixant toujours avec cette même froideur inébranlable.
« Tu ne t’es jamais dit que ton frère avait déjà perdu assez de gens comme ça pour en rajouter encore ? » reprit-il après un instant. Sa voix était devenue presque pensive, comme s’il se parlait plus à lui-même qu’à toi.
Tu voulais répondre, dire quelque chose, n’importe quoi, mais les mots restaient bloqués dans ta gorge. Ton frère, assis en face, avait le visage grave, ses poings serrés sur ses genoux. Il ne pouvait rien faire pour te sauver cette fois. Vous étiez tous deux à la merci de Mikey et de ses décisions.
Le silence dans la pièce était assourdissant. Chaque seconde qui passait semblait une éternité. Finalement, Mikey tourna son regard vers Koko, qui se tenait raide à quelques pas.
« Koko. »
Le cœur de Koko sembla rater un battement. Il s’avança d’un pas, essayant de cacher son anxiété derrière un masque de professionnalisme.
« Oui ? » répondit-il, sa voix plus faible qu’à l’habitude.
Mikey, les yeux toujours posés sur toi, prononça ses prochaines paroles avec une froideur qui te glaça le sang.
« Je ne la tuerai pas, si c’est ça qui te rassure. »
Un léger soupir de soulagement sembla traverser la pièce, mais il fut de courte durée. « Cependant... » continua Mikey, « elle fera désormais partie du Bonten. Je veux être certain qu'elle ne dérape pas et qu’elle ne nous attire pas encore plus d'ennuis. »
La sentence était tombée. Tu ferais désormais partie de l’organisation, que tu le veuilles ou non. Tu ne savais pas si tu devais te sentir soulagée de ne pas être exécutée sur-le-champ ou terrifiée par ce nouveau fardeau que Mikey venait de t’imposer. Koko baissa la tête, visiblement soulagé de ne pas avoir à te voir mourir, mais il savait aussi que ton avenir venait de s’obscurcir d’une manière irréversible.
Mikey, quant à lui, semblait déjà avoir tourné la page. Son attention s’était de nouveau tournée vers la ville, comme si tout cela n’était qu’une affaire banale
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