Chapitre 10

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Je m'approchai. Une partie des jardins était illuminé par une centaine de chandelles. La cour s'était regroupé autour des fontaines et patientait assis sur des chaises.

— Mais qu'attendent-ils ? questionnai-je.

Ulysse s'appuya contre le mur et posa un doigt sur sa bouche. L'homme a la canne se positionna devant la foule et frappa le sol pour faire cesser les bavardages. Il portait une perruque longue brune et ses habits scintillaient de mauve.

— Mesdames et messieurs, En l'honneur de l'anniversaire de madame dernière, je vous présente les joyaux de Versailles et de sa majesté.

Il s'inclina puis s'écarta.

Le bruit de sabots frappant le sol résonna et des cavaliers apparurent sur les graviers. Au même moment, un orchestre débuta des notes des violons et de hautbois et un castrat se mit à chanter. Des chevaux au pelage noir circulèrent et firent des mouvements de dressage parfaitement synchronisé avec leurs congénères. Des frissons se propagèrent dans mon corps. C'était si beau ! La musique pénétrait ma chair et faisait vibrer mon âme pour lui rappeler les souvenirs de ma vie. Les notes étaient tantôt douces, tantôt entrainantes. Tel un peintre qui utiliserait une multitude de couleurs pour son tableau, la mélodie créait des nuances, mettant en lumière une émotion oubliée. Mon père qui me serrait dans ses bras. Les batailles à l'épée avec Pierre-Jean, nos parties de rigolades dans les rues...Puis, un coup parti. Je sursautai et aperçus avec émerveillement une myriade d'étoiles scintillantes de toutes les couleurs s'éparpiller dans le ciel noir. Plusieurs autres suivirent et mon corps tressauta à chaque fois. Ma mâchoire se décrochait. Je scannai la voute céleste qui se remplissait peu à peu de merveilleuses nuances de rouges, de jaune, de bleu et de vert.

Je me tournai vers Ulysse. Les lumières illuminaient par intermittence ses traits et ses prunelles détaillaient mon visage sous tous leurs contours. Elles portaient une lueur qui me plut et mon cœur battit plus fort.

— Le talent de Lully additionné aux feux d'artifices vous plait-il ?

Je souris.

— C'est absolument merveilleux, dis-je d'une voix emplie d'émotions. C'était pour voir cela que vous m'avez emmenée ici ?

Il s'écarta du mur et s'approcha de moi à pas feutrés. Du bout des doigts, il écarta une mèche de mes cheveux, les laissant glisser sur ma peau. Un tressaillement circula le long de mon échine et mes yeux se fermèrent tout seuls. Je détournai la tête pour me ressaisir. Je n'avais pas l'habitude de me laisser séduire, surtout par un homme qui me faisait perdre le contrôle de moi-même.

— Vous avez une manière de séduire les femmes, peu commune je dois dire. La plupart des hommes, se hâterait de complimenter la toilette d'une dame ou sa coiffe, son teint. Vous, vous m'offrez le plaisir des yeux et des oreilles, répliquai-je.

Il plaça ses mains derrière le dos et réprima son amusement en se pinçant les lèvres.

— Mais vous n'êtes point femme comme les autres, ma chère. Vous n'avez gré que pour les mots qui nourrissent l'âme, point de ceux qui complimentent une apparence éphémère à vos yeux.

Je souris.

— De plus, cela va sans dire que vous devez déjà avoir quotidiennement une centaine de compliments sur votre physique, ajouta-t-il.

Je haussai les sourcils.

— Vous exagérez. Le voilà votre esprit charmeur.

Il s'esclaffa. Un homme restait un homme. Et je ne souhaitais pas lui donner ce qu'il voulait. J'entendais ma mère répéter dans mes oreilles qu'ils ne souhaitaient qu'une chose : le corps de la femme. Le regard que portait Ulysse sur moi me charmait, sa présence était comme une douce brise un matin d'hiver, mais je ne devais pas me prendre dans ses filets.

Le secret du lysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant