Chapitre 12

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Il se tenait, là, fier, dominant et puissant ! J'avais été naïve de croire qu'il ne reviendrait pas à la charge. Des étoiles voilèrent ma vision. J'étais prise au piège, au bord d'une nausée soudaine et la blessure à mon ventre se raviva. Ce n'était pas possible, je devais partir d'ici, fuir à toute jambes ! Mais au lieu de cela, ces dernières restèrent ancrées au sol. Je fus incapable d'émettre le moindre son, le moindre mouvement. Je ne voulais pas revivre sa torture, continuer là où il s'était arrêté. 

— Incline toi devant monseigneur, ingrate ! gronda ma mère en frappant l'arrière de ma tête.

Je pliai le genou à contrecœur, en tentant de contrôler les vacillements de mon corps.

— Heureusement que monseigneur le vicomte de Montigny a eu l'extrême bonté de venir jusqu'ici pour m'avertir de votre désobligeance, poursuivit-elle. Il vous a fait grâce d'une offre, devenir sa domestique ? 

Elle pivota la tête et pencha l'oreille pour m'encourager à répondre. J'ouvris la bouche mais les mots peinèrent à sortir. Je hochai la tête.

— Et vous avez refusé ? Dites-moi qu'il s'agit d'une plaisanterie ? reprit-elle.

— Ne soyez pas trop dure avec elle, madame. La petite n'a peut-être pas l'habitude du labeur. Il serait préférable de lui rappeler qu'avoir un protecteur, de sang noble de surcroit est plus que bienvenue dans votre situation.

— Je vous remercie monseigneur pour votre conseil des plus avisé, minauda-t-elle, tout sourire en s'inclinant. Je croyais hélas qu'elle en avait déjà conscience.

Je secouai la tête en reculant, prise de spasmes.

— Non, jamais ! Je ne vous servirai jamais ! 

Ma mère fulminait. Ses sourcils se joignirent et elle bomba le torse, prête à se ruer sur moi.

— Vous allez faire comme on vous l'ordonne ! Maudite fille !

Elle s'élança dans ma direction et me pressa le bras. 

— Cesse de te donner en spectacle, poursuivit-elle en se penchant à mon oreille.

Je ne ressentais même plus la pression de sa main sur ma peau. Je voyais trouble, et avec l'impression d'être en dehors de mon corps. Non, je ne cèderais pas. Jamais je n'y retournerai. Cette fois, il utiliserait bien pire que le tisonnier. 

Elle tira violemment sur mon bras afin de me diriger dans le salon. Je laissai mon corps se mouvoir tout seul, à la façon d'une marionnette qui avait perdu le contrôle, puis elle referma la porte. Mes jambes se dérobèrent et je tombai à genoux devant elle. 

— Mère, de grâce, ne me laissez pas partir avec lui...

Ma gorge se noua et des larmes me montèrent aux yeux. 

— Tu vas cesser de te rendre pitoyable, oui ? Il t'a proposé du travail et tu ne m'as rien dit ? Je peux savoir pour quelle raison ? Et pourquoi tu as refusé ?

Je m'accrochai à sa robe et la regardai droit dans les yeux.

— Cet homme m'a fait du mal, mère. J'ai accepté son offre, je me suis rendue chez lui. Je voulais vous en faire la surprise mais il s'agissait d'un leurre, ils m'ont tor...

— Cela suffit ! me coupa-t-elle. Je n'écouterai pas tes balivernes plus encore !

Elle se dirigea vers une commode en bois ciré et sortit du tiroir, un fouet. 

— Je vais t'apprendre à me raconter des sornettes. Je vais te faire obéir, moi.

Un frisson circula jusqu'au sommet de mon crane. Je tendis le bras devant moi.

Le secret du lysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant