Chapitre 13

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Je courus à travers champs. Le vent chaud me fouettait le visage et les mauvaises herbes me blessaient les mollets. Mon cœur battait à mille à l'heure. Mes muscles s'en hardissaient à chaque enjambées, soutenus par l'adrénaline. Je passai un coup d'œil derrière mon épaule et visualisai toujours ces mêmes personnes qui me poursuivaient. Je ne les voyais pas distinctement mais je savais que c'étaient des nobles. Les plumes de leurs chapeaux volaient, tournoyant autour de leur crâne. Je poussai plus encore sur mes jambes et tins plus haut les pans de ma robe. Puis, j'aperçus Ulysse droit devant moi. Il se tenait près d'un arbre, un grand sourire aux lèvres. Mon corps se détendit et les commissures de mes lèvres répondirent à sa gaieté. Je m'arrêtai, essoufflée et tendis mes bras vers lui pour l'enlacer.

— Oh, Ulysse, vous...vous êtes là !

Il resta stoïque, le sourire figé. Je plongeai dans ses yeux d'un bleu roi magnifique. Mon cœur s'emballa de plus belle devant sa prestance. Sa veste scintillait de rouge et de bleu, comme si un millier de pierres précieuses avaient été brodées dessus. Ma nuque se raidit.

— Quelque chose ne va pas ? demandai-je, interpellée par son manque de réaction.

— Enfin, la voilà ! cria un homme.

Je reculai, prise d'angoisse, puis m'agrippai au bras d'Ulysse.

— Aidez-moi, monsieur, de grâce ! implorai-je, face à lui. 

Mais il resta toujours immobile. 

L'homme qui avait pris la parole, retira son chapeau et s'inclina devant mon ami. 

— Merci de l'avoir retenue, monsieur le marquis. Enfin, elle est à nous.

Mon souffle s'affola. Mon échine se paralysa et ma vision se troubla. Non, impossible ! Il ne pouvait pas être un noble ! Il m'avait menti, trahi ! Le visage de l'homme se métamorphosa en celui du vicomte et son chapeau s'agrandit d'un mètre. Le ciel devint noir et leurs ongles se transformèrent en griffes longues et acérées. Tous me fixèrent avec des yeux rouge, prêts à bondir sur moi pour me dévorer.  

Quelqu'un frappa à la porte. Je me réveillai en sursaut, haletante. Je passai ma main sur mon front en grimaçant. La douleur des coups de fouet se réanima et tout me revint à l'esprit. Ce débarras, le vicomte, ma mère...

— Athénaïs ? Vous êtes là ? murmura Frida.

Mes épaules s'affaissèrent et un soupire traversa mes lèvres.

Je m'avançai à genoux, près de la serrure. Ma gorge se noua et les larmes me montèrent de nouveau aux yeux.

— Oh, Frida, sanglotai-je.

— Je n'ai pas la clé, mademoiselle, je suis navrée, prononça-t-elle d'une voix cassée.

Je déglutis douloureusement et mes poumons se comprimèrent sous un sanglot. J'allais être prisonnière de cet homme, de ce monstre. Il allait me torturer, peut-être même me tuer et cette fois je ne pourrais probablement plus fuir, je n'aurais plus d'espoir d'être sauvée.

— Ce n'est pas grave, Frida...Merci, répondis-je en reniflant.

Heureusement que dans ce monde il existait encore des gens bienveillants. C'était eux qui donnaient à la vie toute la peine d'être vécue. Ils nous donnaient la force de survivre.

— Courage, mademoiselle Athénaïs. Ne vous laissez pas faire, dit-elle, accablée.

Comment pouvais-je y échapper ? Attendre que la porte s'ouvre et pousser ma mère ou le vicomte de toutes mes forces pour partir d'ici au plus vite ? J'aurais pu demander à Frida de prévenir Pierre-Jean mais il était hors de question de lui courir le risque de se faire arrêter.

Le secret du lysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant