Chapitre 16

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"La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder." - Voltaire.

Grace à Ulysse, j'étais revenue au château juste à temps et au matin, Léontine m'était tombée dessus pour m'octroyer une panoplie de taches à faire. Je devais lessiver le sol du hall et dépoussiérer les tableaux du petit salon.

Je frottai les dalles remplies de traces de pas en grimaçant. Je me redressai, exténuée. Mon dos me faisait souffrir. Les domestiques se pressaient, créant un ballet d'allers et venues qui salissait le sol que je venais de laver. J'épongeai mon front d'un revers de main en soufflant. Le vicomte serait de retour dans deux jours. Le temps de liberté qu'il m'avait octroyé avait été bien court. Les dents serrées, je revins à ma tâche et appuyai sur ma brosse avec énergie.

Pourvue qu'il m'oubli dès son retour. Pour l'instant Frida était en sécurité et avec l'argent que ma mère recevait, elle ne devait manquer de rien et c'était le principal.

Je plaçai la brosse dans le seau et pris l'anse pour aller jeter l'eau à l'extérieur. Je repensai à ce pauvre valet. Et dire qu'il avait mérité la mort pour m'avoir épargné de rudes souffrances. Je montai jusqu'à la chambre de Léontine qui m'avait prêtée son encrier, afin d'y écrire la lettre que je devais adresser à monsieur de Choiseul.

Il fallait que je me dépêche, il était déjà dix heures passées. J'avais prévenu ma référente de mon absence en fin de matinée et elle ne m'avait pas posée de questions. Toutefois, je n'en lisais pas moins dans ses yeux : « Qui voit-elle ? » « Où va-t-elle ? » « J'espère qu'elle ne va pas nous mettre en danger ! » Son vœu n'était certainement pas de m'aider à partir d'ici. En tout cas, ce n'était pas en me couvrant de travail qu'elle m'était d'un grand secours.

Je pliai les rabats de ma lettre et la cachai dans le fichu qui couvrait mon décolleté. Dans ce message, je remerciais monsieur de Choiseul pour sa bonté et lui demandais de m'accorder une audience. Il pourrait me transmettre sa réponse par l'intermédiaire d'Ulysse. Je trouvais cela idiot de venir dans un lieu qu'il habitait si c'était pour finalement remettre ma missive à mon ami.

Je tenterais de trouver le ministre, de demander à le voir. Ainsi, si je l'apercevais, je saurais si Ulysse m'avait menti. Autant profiter de ma venue à Versailles pour détenir le fin mot de cette histoire et savoir d'où provenait cet argent.

J'avais lavé ma robe et rafistolé les trous qu'il y avait dedans. J'avais procédé comme j'avais pu pour me rendre le plus présentable possible. Cependant, il était certain que je n'allais pas louper le regard accusateur et jugeant de la noble caste, car sans tenue convenable, il était d'ordinaire proscrit d'entrer. Je réajustai ma cape sur mes épaules et serrai le cordon autour de mon cou. J'étais vraiment folle d'avoir accepté cette proposition. Mais une entrevue avec le souverain n'était-il pas une bonne idée, après tout ; ne devrais-je pas prendre des risques pour me sortir de cette situation.

Une fois devant la grille du château, les gardes me laissèrent passer.  Dans la cour de marbre, je longeai les murs, fixant la porte principale par laquelle je devais entrer pour rejoindre la galerie. Je circulai dans le hall puis montai de grands escaliers en pierre polie. Le clapotis de l'eau résonnait contre les parois. Je poussai timidement la porte, et atterris dans une grande salle où une table était dressée. Des chandeliers en argent y étaient posés ainsi qu'une multitude de fruits, de gâteaux et de viandes diverses. Des gardes étaient postés de part et d'autre des portes.

Mon estomac gargouilla. J'avais faim. J'avais toujours mangé que des bouillons de légumes. Quelle honte ! Le roi et sa cour s'empiffrait tandis que des gens mourraient de faim en ville.

J'étudiais autour de moi en tentant d'oublier tous les mets que je venais de voir. Les appartements du roi étaient bien différents de ceux de la reine. Les couleurs y étaient plus vives, le papier peint rouge et les tableaux représentant des dieux de la mythologie, conféraient un effet de puissance et de richesse.

Le secret du lysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant