Lost in paradise (Itadori Yuji x OC)

Chapitre 6

Hime arrêta le moteur de sa moto, et enleva son casque. Elle laissa ses iris jaunes se balader sur les bâtiments nichés entre les montagnes rocheuses de la banlieue de Tokyo, plongés dans la nuit. Elle revenait de mission. La noiraude ne se sentait pas fatiguée, elle entreprit donc d'aller rejoindre Yuji, voir comment il s'en sortait. Ca faisait déjà quelques jours qu'il enchainait les films, il devait bien avoir progressé. 

La première chose qu'elle vit lorsqu'elle entra dans la petite pièce souterraine, c'est que le rosé regardait Shining de Stephen King. Elle remarqua ensuite qu'il n'y prêtait pas vraiment attention, puisque ses yeux bruns étaient clos. Shirahime mit le film sur pause, puis s'accroupis devant le canapé pour observer le visage endormi du garçon. De courtes mèches roses retombaient sur son front et sa bouche légèrement ouverte laissait passer un filet d'air  lent et régulier. Hime passa sa main dans les cheveux de Yuji, avant de se relever pour quitter la pièce. 

Mais c'était sans compter sur le fait que le garçon se réveilla, et la surprit au moment où elle tournait les talons. 

- Salut princesse. 

Elle sursauta et se retourna, stupéfaite et choquée par le surnom. Ses joues prirent une teinte qui vira au rouge en un quart de seconde. 

- Ah... J-je t'ai réveillé ? 

- C'est l'autre qui t'a repérée et il arrêtait pas de gueuler dans mes oreilles, fallait bien que je finisse par ouvrir les yeux. 

Yuji se leva en grattant l'arrière de sa nuque, et avec un petit sourire gêné. 

- En même temps, retentit la voix de Sukuna, c'est pas compliqué de la sentir, elle sent l'essence et le sang. Y a qu'elle pour avoir ce mélange d'odeurs, la tueuse de maîtres des fléaux. 

Shirahime fronça les sourcils : 

- Comment tu sais ça toi ? 

Sukuna expliqua rapidement sa déduction, les fléaux n'ont pas l'odeur du sang humain, et une exorciste n'allait pas tuer ses semblables, ni des civils. Puis il disparut, préférant profiter du spectacle depuis l'intérieur. 

Yuji était choqué, la jeune femme tuait des gens. 

- Combien de maîtres des fléaux t'as tué, Shirahime ? 

Le ton froid et très déçu du rosé, provoqua un frisson dans tout le corps de la noiraude. 

- Je n'ai jamais compté, dit-elle en baissant les yeux.

Yuji prit le flingue dans son étui à la taille de la noiraude. Il le déchargea, laissant le bout de plastique contenant les balles tomber au sol. Shirahime se sentait mal, le regard du rosé la mettait très mal à l'aise. Il observa l'arme entre ses mains avec des yeux tristes. 

- Ca te fais quoi ? De prendre une vie ? Ces gens avaient peut-être une famille, ils auraient peut-être voulu avoir une existence normale ! 

- Moi aussi, j'aurais voulu une existence normale. 

Yuji resta pantois un long moment, il ne remarqua pas qu'elle avait pris son arme et son chargeur, pour ensuite tourner les talons et sortir de la pièce. 

Elle n'avait pas cherché à se justifier, peut-être savait-elle qu'elle était en tort ? Mais le son de sa voix était tellement triste quand elle lui avait répondu, le rosé comprenait qu'une plaie en elle n'était pas encore refermée. Le jeune garçon était aussi déçu par le fait qu'elle puisse tuer des gens sans aucun scrupule. L'image de la fille talentueuse qu'il avait de Shirahime jusqu'à aujourd'hui avait disparu, remplacée par celle d'un assassin sans cœur. Tout ça évidemment, sans qu'il ne le veuille ou ne s'en rende compte. 

Il devrait lui présenter ses excuses pour s'être emporté de la sorte, mais elle était déjà partie. Et il ne pouvait pas partir à sa recherche, puisqu'il était censé être mort. Yuji ne pouvait prendre le risque de sortir et d'être vu par quelqu'un, M. Gojo ne le lui pardonnerait pas. 

En plus de tout ça, l'apprenti exorciste ressentait un douloureux pincement au cœur en pensant au fait qu'il n'était plus en bon termes avec Hime. Donc il était à la fois choqué et déçu par ce qu'il venait d'apprendre sur elle, mais aussi dépité parce qu'il n'allait pas lui parler correctement avant qu'ils n'aient tiré tout ça au clair. 

De son côté, Hime ferma rageusement la porte de sa chambre, en veillant à ne pas faire trop de bruit. Il serait fâcheux pour elle, que Megumi ou Nobara se réveillent et lui demandent pourquoi elle était énervée. Elle serait incapable de leur trouver un mensonge fiable. La noiraude repensa à tout ce qu'il venait de se passer. 

Yuji était écœuré par le meurtre, et Shirahime en commettait de sang froid. Elle ne se rendait pas compte de la valeur de la vie, même si celle-ci lui apparaissait un peu mieux depuis la "mort" du rosé. Certaines personnes tenaient à d'autres, et peut-être que quelques une d'entre-elles utilisaient l'exorcisme à mauvais escient, sans même avoir le choix ? Hime se mettait à se poser des questions sur la légitimité de ses actes, et se demandait si elle devait les regretter. 

La noiraude avait dit au réceptacle qu'elle aurait elle aussi voulu avoir une vie normale. A cette pensée qu'elle jugea idiote et puérile, elle entreprit de se changer pour s'allonger dans son lit, et passer une nuit agitée. 

Elle avait mit une heure avant de s'assoupir, puis elle se réveilla à deux heures, puis à trois heures trente du matin. Elle se leva, enfila un sweat à capuche par dessus le t-shirt et le jogging qui lui servaient de pyjama, avant de sortir dehors. Elle s'allongea dans l'herbe le visage tourné vers le ciel. Elle s'était posée non loin d'un point d'eau, appréciant simplement le bruit régulier du bambou qui se vidait de son eau toutes les secondes. Malgré tout, Shirahime ne se sentait pas ou peu apaisée. 

Les derniers mots qu'elle avait échangé avec Yuji restaient dans ça tête. 

"Ca te fais quoi ? De prendre une vie ?  Ces gens avaient peut-être une famille, ils auraient voulu avoir une vie normale ! "

Et sa réponse, tout simplement égoïste : 

" Moi aussi, j'aurais voulu une existence normale. "

Hime se détestait d'avoir répondu ça aussi froidement. Certes, ce désir d'avoir une famille, aller au lycée, avoir des amis comme les autres adolescents de son âge était très grand, mais celui d'entretenir une bonne relation avec Yuji était encore plus importante. 

Prendre une vie était pour Hime quelque chose d'anodin. Ca lui faisait mal au coeur, mais lorsque la personne face à elle refusait de se rendre, elle n'avait pas d'autre choix. C'a avait été la même chose que lorsqu'elle avait tué ces tarés qui l'avaient prise pour le plasma stellaire. C'était il y a plusieurs années maintenant, mais cet événement avait marqué sa vie pour toujours, et l'avait séparée de sa famille. 

Famille qui aujourd'hui ne voudrait pas la récupérer, ils la considéraient comme une sorcière. Une vie normale ? Pouah ! Si Satoru n'était pas intervenu, elle aurait été jetée à la rue oui ! 

Nounouch ¯\(°_o)/¯