Chapitre 12 : Tic-tac

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DULCE LYAH

Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac.

L'horloge au mur était bloquée mais ne cessait de produire un tic-tac insupportable.

Le temps semblait être figé. Cela faisait plus de huit jours que je fixai le mur en briques poussiéreux en face de moi. Je le savais grâce aux douches auxquelles j'avais le droit : tout les deux jours, un garde venait me chercher. Je venais de compter la quatorzième mille quatre cents troisième secondes après mon réveil, ce qui signifiait que le garde ne tarderait pas à venir me chercher.

Quatorze mille quatre cent quatre. Quatorze mille quatre cent cinq. Quatorze mille quatre cent six.

Au fil de ces quelques jours, je m'étais occupé l'esprit en comptant. Encore et encore, sans laisser une seule seconde mes angoisses et mes appréhensions prendre le dessus sur moi.

Quatorze mille quatre cent dix-huit. Quatorze mille quatre cent dix-neuf. Quatorze mille quatre cent vingt...

Le garde était en retard. Ou je m'étais réveillée un peu plus tôt que d'habitude, je ne savais pas. La solitude m'empoignai à petit feu. Étrangement, même voir un visage familier m'aurait rassuré et secrètement, j'espérais qu'Adàn ou même Shannon apparaisse dans le seuil de la porte un jour.

Quatorze mille quatre cent vingt-sept. Quatorze mille quatre cent vingt-neuf...

J'étais à vingt-huit ou vingt-neuf déjà ?

Il y a cinq jours, après avoir réduit à néant tout mes espoirs, Lev avait quitté la salle me laissant morne. Quelques instants après, deux vigiles très aimables m'avaient jeté dans un sous-sol, quelque part sous la base.

J'ferais mieux de recompter.

Quatorze mille quatre cent trente. Quatorze mille-

Le cliquetis d'un verrou résonna dans la pièce étroite. Le garde apparut dans l'encadrement. Comme d'habitude, je me levai, me laissai me faire bander les yeux et le suivit. Une fois devant les douches communes, il me laissait entrer dans la pièce et attendait une dizaine de minutes avant de toquer à la porte, signe que je dois sortir.

Je n'avais toujours pas compris pourquoi je possédais le luxe de pouvoir profiter d'une douche en tant qu'otage, mais je n'allais surement pas me plaindre.

Après avoir frotter ma peau comme si ma vie en dépendait, je m'enroulai dans une serviette et mis le débardeur et jogging qu'on m'avait donné le plus rapidement possible. J'attendais patiemment qu'on toque à la porte, mais rien. Au bout de dix minutes supplémentaires, je passai ma tète en dehors de la pièce. Il n'y avait personne.

Mon corps passa la porte. Il n'y avait plus aucune trace de l'homme sensé m'escorter.

Bizarre.

Je me dirigeai donc naturellement vers l'endroit que je connaissais un temps soit peu ici, c'est-à-dire la salle d'entrainement. J'hésitai à tirer la poignée. Si je tombais sur Klaus, il allait immédiatement le rapporter a Lev et je retournerais dans ma cellule. Mais d'un autre coté, l'envie de pénétrer dans cette pièce m'était irrésistible. Dans tout les cas, j'allais retourner dans ma cellule, alors à quoi bon hésiter ?

Je mis un terme à mon indécision en poussant l'énorme porte. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y'ait autant de monde : Une dizaine d'homme se battaient sur les tapis, d'autres étaient sur les rings ou coté boxe, certains avaient mêmes des armes blanches sur eux. C'était tous des tueurs. Tous.

Instantanément, je me sentis de trop. Ce monde ne m'appartenait pas, je ne savais même pas ce que je faisais ici. La violence, les armes, la mort... Ce n'était pas moi. Et pourtant ça ne faisait que trois semaines que j'étais là et j'en étais déjà imprégnée, la preuve : j'avais tué un homme.

DULCE CAOSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant