Chapitre 9 : Tempète.

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DULCE LYAH


L'hôtel était silencieux, d'un étrange calme. Les coups à la porte s'étaient arrêtés depuis quelques minutes. Nos repirations étaient contrôlées, presque artificielles. Malgré l'ambiance atone autour de nous, mon cœur battait à un rythme effréné. J'attendais une directive, une phrase ou même un mot de la part de Lev. Ce dernier pianotait sur son téléphone depuis que Juan était mort. Il n'avait pas l'air dérangé par la situation, ses traits ne trahissaient aucunes émotions.

J'évitais soigneusement la ribambelle de corps morts qui gisaient autour moi. J'avais fini par rejoindre le cercle finalement, même si ce n'était pas de la manière à laquelle je m'attendais. Etrangement, je ne ressentais aucune culpabilité. J'avais tué un homme et tiré sur un autre. Deux fois. Et pourtant je ne savais pas comment traiter cette information. Je n'y croyais tout simplement pas.

Mes yeux se posèrent sur l'homme raide mort. Je m'approchai et m'accroupis prés de lui. J'avais presque envie de le supplier pour qu'il ne soit pas vraiment mort. Je passai même mon doigt sous ses narines pour vérifier sa respiration. Mais rien.

-        Eloigne toi de son corps, ne le touche pas.

Sa voix avait tranché l'air. Je reculai immédiatement, pas parce qu'il me l'avait demandé, mais parce que je n'avais aucune envie d'admettre que j'avais pris l'âme de cet homme. Plus je restai loin d'eux, plus je me portais mieux.

Je rejoignis Lev qui s'était assis sur le lit. Appuyé sur ses deux mains en arrière, il avait laissé sa tète pendre dans le vide. Il se redressa et sans quitter son air ennuyé, il prit parole.

-        Qui sont ces hommes Dulce ?

Je déglutis. Je n'en savais rien. Et vu le ton froid qu'il avait pris, il n'y avait aucun risques qu'il me croit sur parole.

-        Je sais pas, dis-je en chuchotant.

Il va te laisser là et tu devras gérer la situation toute seule Dulce...

Ses yeux me jaugèrent. Il ne me croyait pas, c'était évident. Il se releva pour se planter à quelques centimètres de moi. Je faillis reculer.

-        On va quitter ce putain d'hôtel. Et quand on rentrera, j'espère pour toi que tu te souviendras de l'identité de ces hommes, siffla-t-il.

Attends quoi ?

Je levai la tète en sa direction à la recherche d'une quelconque trace de mensonge sur son visage. Mais il était très sérieux. Je passai outre la menace qu'il venait de proférer pour me concentrer sur le début de sa phrase.

« Et quand on rentrera ». Il n'allait pas me laisser pourrir là, il n'allait pas m'abandonner ici.

Pas m'abandonner.

Mon cœur rata un battement. J'étais partagé entre appréhension et reconnaissance.

-        Tu peux courir ? demanda-t-il en baissant ses yeux vers mon pied ensanglanté. 

J'acquiesçai sans être sur de ce que j'avançais. À vrai dire, mon cerveau balaya sa question. Je fixais intensément ses yeux noirs. J'attendais le moment où il annoncerait qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il avait dit et qu'il allait rentrer chez lui seul. J'étais encore persuadé qu'il me mentait.

Mon regard insistant sur lui à dû le gêner puisqu'il cligna deux fois des yeux avant tourner la tête. Je fis de même.

Il se dirigea vers la porte et colla son oreille à celle-ci. Après quelques instants d'écoute, il me fit signe de le rejoindre. Il scella ses lèvres de son index, m'incitant à garder le silence. J'hochai la tête deux fois.

DULCE CAOSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant