༆ Scène de ménage en cuisine ༆
— Tu reviens en cours ?
L'éclat de voix de Jenny brisa le silence autour de nous.
Observant passivement le vide s'ouvrir sous mes yeux, mon regard resta rivé sur la buée d'air condensée qui formait une couche blanchâtre devant nos bouches à chacune de nos inspirations.
Le brouillard rampait lentement entre les arbres tandis que les rayons du soleil matinal luttaient pour percer à travers le voile laiteux du ciel nuageux qui menaçait de s'effondrer au-dessus de nos têtes.
On pouvait déjà sentir au loin arriver l'euphorie des fêtes de fin d'année...
— D'après ma psychologue, je suis prête à reprendre un cours de vie normal, finis-je par répondre après un moment.
— Oui, bon... d'après elle aussi, ma dépression était due au fait que je suis bi, s'exaspéra la belle brune. Comme quoi, mon orientation sexuelle perturberait mon moi profond...
Je lui adressai un regard amusé en retenant un gloussement.
— À se demander où elle a volé sa licence celle-là, ajouta-t-elle plus bas.
Sûrement le secret le mieux gardé de tous Riverside.
— J'arrive toujours pas à croire qu'elle soit sœur avec Laïna. Pas toi ?
Haussant les épaules l'air de rien, je reportai mon regard sur mes jambes et répondis sans trop d'enthousiasme :
— On s'y fait.
Elles étaient sœurs, ou plutôt demi-sœur. D'où la confusion de leur nom de famille. Laina était une Malcoff et Vanessa une Rhys. Un peu comme les Kardashian et les Jenner, mais bien sûr, à une échelle plus modeste. Sa mère s'était remariée trois fois avant le dernier divorce qui avait secoué leur famille au lycée, et dont Laïna m'accusait d'en être l'auteur.
C'était devenu la norme. Les mariages dans notre société, l'amour lui-même... ça donnait l'impression de n'être rien d'autre que des effets de mode marqués d'une date d'expiration. Comme si ce n'était qu'une simple formalité, un engagement temporaire en entendant le point de non-retour.
Les gens s'aimaient pour finir par se haïr ensuite et vice-versa. Néanmoins, il existaient encore les exceptions, ce qui donnait un peu espoir pour nous autre, les laisser pour compte. Les oubliés dans la distribution de la chance.
Balançant mes jambes avec nonchalance, je profitai du vent glacial qui balayait l'air autour de nous pour laisser libre cours à une pensée que j'hésitais à formuler à voix haute depuis que nous avions pris place sur ce ponton en bois.
— Il t'est arrivé quoi à la lèvre ?
— Oh, ça... bredouilla Jenny. Rien de grave, je me suis pris un mur.
VOUS LISEZ
TRY TO LOVE | Rédemption| Tome 2
Teen Fiction« 𝘼𝙞𝙢𝙚𝙧 𝙨𝙤𝙣 𝙧𝙖𝙫𝙞𝙨𝙨𝙚𝙪𝙧 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙥𝙖𝙨 𝙪𝙣𝙚 𝙢𝙞𝙨𝙚 𝙖̀ 𝙢𝙤𝙧𝙩, 𝙘̧𝙖 𝙡𝙚 𝙙𝙚𝙫𝙞𝙚𝙣𝙩 𝙪𝙣𝙞𝙦𝙪𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙨'𝙞𝙡 𝙩'𝙖𝙞𝙢𝙚 𝙚𝙣 𝙧𝙚𝙩𝙤𝙪𝙧 » Il y a quelque chose de tragique dans deux interdits aux couleurs de la roma...