« 𝘼𝙞𝙢𝙚𝙧 𝙨𝙤𝙣 𝙧𝙖𝙫𝙞𝙨𝙨𝙚𝙪𝙧 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙥𝙖𝙨 𝙪𝙣𝙚 𝙢𝙞𝙨𝙚 𝙖̀ 𝙢𝙤𝙧𝙩, 𝙘̧𝙖 𝙡𝙚 𝙙𝙚𝙫𝙞𝙚𝙣𝙩 𝙪𝙣𝙞𝙦𝙪𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙨'𝙞𝙡 𝙩'𝙖𝙞𝙢𝙚 𝙚𝙣 𝙧𝙚𝙩𝙤𝙪𝙧 »
Il y a quelque chose de tragique dans deux interdits aux couleurs de la roma...
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... et durant tout le temps que dura le trajet jusqu'à un restaurant gastronomique pas mal côté dans le centre-ville, ouvert même pendant les heures de coupure, je restai à ruminer silencieusement des insanités, pestant à mon tour silencieusement des noms d'oiseaux comme ma marraine, la frustration ayant un effet regrettable sur moi.
Une promesse étant une promesse, je pris sur moi pour ne pas en faire qu'à ma tête. Nous arrivâmes ensuite au Heavenly-Heaven. À cette heure, il n'y avait pas encore grand monde, pour ne pas dire que c'était carrément désert ; la majorité des clients n'arrivant qu'à partir de l'heure traditionnelle des dîners. Un serveur vint aussitôt à notre rencontre et prit nos commandes. Je choisis un plat au hasard sur la carte sans prêter attention aux composants, malgré le regard équivoque que le délinquant me lança, n'arrivant toujours pas à passer à autre chose.
— Tu veux boire un truc ? me questionna-t-il, voulant briser le silence que je laissai volontairement s'étirer pour le gêner. Une bière, un café... armes tranchantes ?
Par esprit de compétition, je lui souris avec sarcasme, sous le regard interloqué du serveur, avant de répondre :
— L'eau me convient très bien.
Il hocha ensuite la tête pour toute réponse, en retenant un sourire amusé. Et pendant que nous attendions nos assiettes en silence, il ne retira pas sa casquette, gardant son écharpe bleu foncé autour de son visage. Il avait opté pour une place au fond de la salle, loin de l'entrée, s'asseyant dos aux quelques clients présents dans le restaurant avec nous.
— Pourquoi être venu ici si tu crains tant qu'on te reconnaisse ? l'interrogeai-je, malgré tout intriguée.
— Après le destin tragique du plat que j'avais pris le soin de te préparer, je me suis dit qu'un endroit public serait moins violent.
— Ça n'avait pourtant pas l'air de te gêner d'être vue tout à l'heure avec cette fille.
Je priai intérieurement pour que ma voix n'eût pas trahi mes pensées, préférant encore nier la véritable raison de mon interrogatoire.
— Maisie ?
Je haussai une épaule, désinvolte.
Si c'est comme ça qu'elle s'appelle.
— Elle n'est pas une menace, répondit-il après un moment de réflexion.
— Alors que fais-tu encore ici au lieu d'être avec elle ? poursuivis-je.
— Si je ne te connaissais pas, je croirais là à une tentative minable de ta part pour m'emmener à te dire ce que nous avions foutu elle et moi après ton départ.
— Non, pas du tout, niai-je effrontément. Je me dis juste qu'elle doit sûrement être en train de t'attendre à l'heure qu'il est, pour finir votre soirée en beauté après une journée entière en ta compagnie, vêtue tout juste de sa lingerie rouge.
