« 𝘼𝙞𝙢𝙚𝙧 𝙨𝙤𝙣 𝙧𝙖𝙫𝙞𝙨𝙨𝙚𝙪𝙧 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙥𝙖𝙨 𝙪𝙣𝙚 𝙢𝙞𝙨𝙚 𝙖̀ 𝙢𝙤𝙧𝙩, 𝙘̧𝙖 𝙡𝙚 𝙙𝙚𝙫𝙞𝙚𝙣𝙩 𝙪𝙣𝙞𝙦𝙪𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙨'𝙞𝙡 𝙩'𝙖𝙞𝙢𝙚 𝙚𝙣 𝙧𝙚𝙩𝙤𝙪𝙧 »
Il y a quelque chose de tragique dans deux interdits aux couleurs de la roma...
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Groggy et désorientée, j'ouvris péniblement les yeux, mes paupières lourdes comme du plomb tandis qu'un bourdonnement assourdissant emplissait mes oreilles sur la pluie qui martelait férocement mon visage.
J'étais allongée sur le sol humide d'une forêt, les arbres gémissant sous la fureur du vent, et la première chose que je ressentis fut la douleur lancinante qui irradiait de ma tête.
Je me suis évanoui ?
Tout était flou, ma mémoire semblait embrouillée par la chute ou le choc qui m'avait laissé dans cet état. Chaque battement de mon cœur semblait amplifier la douleur et chaque mouvement était une lutte contre la faiblesse de mon corps qui souffrait le martyre. Je tentai de me redresser, mais mes membres étaient engourdis, comme si j'étais en train d'essayer de m'extirper de sables mouvants.
J'étais recouverte de branches d'arbres et mes vêtements trempés me collaient désormais terriblement à la peau ; ma jupe noire devenue moulante, mon pull en laine gorgé d'eau qui pesait sur moi comme une ancre, et mon collant filé qui laissaient supposer une chute dont je n'avais pas le souvenir, exposant ma chair au froid mordant. Et pendant que je cherchais à rassembler mes pensées, je me rendis compte qu'il me manquait également une chaussure.
Luttant contre la confusion et le froid, je balayai le sol du regard, à la recherche de ma paire de mocassin, mais la forêt sombre et chaotique ne révélait aucun indice.
Que m'est-il arrivé ?
Le souffle erratique, ma gorge était sèche comme du papier, alors que des éclairs zébraient le ciel, révélant la violence de la tempête qui faisait rage autour de moi.
J'avais cependant encore en mémoire ma fuite désespérée de la résidence, fuyant mon ravisseur en profitant du fait qu'il ne pouvait pas sortir sans dissimuler son visage au préalable, ce qui m'avait donné des précieuses minutes pour installer une bonne distance entre nous. J'avais ensuite dévalé les rues en courant à en perdre haleine, la pluie torrentielle et le typhon qui m'obligeait quelquefois à m'arrêter pour ne pas dévier de ma trajectoire. À plusieurs reprises, j'avais trébuché, chutant dans les flaques boueuses, me relevant à chaque fois avec la détermination d'échapper au délinquant.
Le souffle court, le corps épuisé par l'effort et motivé par la peur, le chemin m'avait mené ici, au lac que Jenny m'avait fait découvrir plus tôt dans la matinée, quand...
Mon cœur rata soudain un battement et un frisson de terreur me traversa l'échine.
Oui, ça me revient maintenant !
Quelqu'un me poursuivait dans la forêt.
Bien sûr, la logique aurait forcément voulu désigner Keans D-Hayle comme étant le suspect le plus probable. Après ce que je venais de lui faire, il devait certainement vouloir ma peau.
