2 | ☂︎︎ Lui

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Juste une fille

Peut-être que dans une autre vie, dans un autre monde, avec plus de chance et moins de elle, les choses auraient été différentes

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Peut-être que dans une autre vie, dans un autre monde, avec plus de chance et moins de elle, les choses auraient été différentes.

Alors que je m'apprêtai à commettre un génocide d'une famille tout entière de fourmis qui défilait sous mes yeux, loin de se douter de la menace qui planait au-dessus d'eux, je me résolus à en écraser qu'un seul, le dernier de la file, pour signifier aux autres membres, lorsqu'ils pleureront leur mort, l'injustice de la vie.

Il aurait dû savoir qu'il ne fallait jamais être le dernier de quoi que ce soit, encore moins d'un bordel à queue.

Les derniers étaient toujours les premiers. Dans la mort.

Cette taule ressemblait à un immense préfabriqué oublié par le monde où on y entassait la moisissure des bas quartiers. C'était le dernier endroit où on avait envie de passer le restant de sa vie. L'ultime extrémité. La fin.

Ça puait la misère et le crime. Rien de bon ne sortait de cet enfer.

Les lâches et les rêveurs n'avaient pas non plus leur place en ces lieux. Il fallait y être rationnel si on voulait y survivre. Alors, je l'étais. Je n'éprouvai donc jamais aucune once de pitié pour ceux qui tombaient, car ils avaient voulu s'envoyer aux pays des merveilles. Certainement parce que j'ignorai ce que c'était.

La pitié.

Je ne délogeai pas non plus à la règle d'en implorer. Ma seule concession s'incarnait dans ce bout de nicotine pendu à mes lèvres que le gardien me filait une fois par jour, pendant que je regardais venir à moi Ézéchiel, le type avec qui je partageais ma cage et que je n'avais plus vue depuis une semaine, l'ayant passé au trou pour dérapage.

Il ne payait pas de mine. Décoré d'un œil au beurre noir et une lèvre fendue, sa face était tordue par la douleur.

Comment une personne avec un tel nom avait pu atterrir dans le seul endroit du monde où la force de Dieu avait été renier par tous ?

De son naturel qui lui était propre, il récupéra le mégot entre mes doigts et l'approcha à ses lèvres, puis y tira une taffe à son tour qu'il maintint longuement dans sa gorge.

— Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Tout en relâchant la fumée blanchâtre dans l'éther, il répondit :

— Ce qui arrive quand on traine avec le diable.

Je lui adressai un regard tendu.

TRY TO LOVE | Rédemption| Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant